Polluants éternels – C’est quoi les PFAS ?

Antiadhésifs, antitaches, imperméabilisants, résistants aux flammes et aux fortes chaleurs… Au départ, les PFAS (prononcez « pifasse ») paraissaient géniaux. Alors on en a mis un peu partout : emballages alimentaires, textiles, ustensiles de cuisine, isolants électriques... Hélas, il s’avère que ces composés chimiques sont tellement résistants qu’on en retrouve désormais absolument partout, au détriment de notre santé.

Depuis les années 1950, les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées – ou PFAS pour faire plus courts – sont utilisées dans la fabrication de nombreux produits industriels et domestiques. Ils possèdent en effet de multiples propriétés très séduisantes de prime abord. On en trouve notamment dans les mousses anti-incendie en raison de leur qualité ignifuge, au fond de nos poêles car ils sont antiadhésifs, ou bien sur la plupart de nos vêtements techniques pour leur pouvoir imperméabilisant. Mais un problème lié à leur usage n’avait pas été anticipé : ces composés synthétiques se dégradent très peu et très lentement. Ils se diffusent dans l’air, les sols, les eaux, puis y persistent pendant des années, des décennies, peut-être même des siècles ! C’est la raison pour laquelle on les appelle souvent les « polluants éternels ». Une fois répandus dans l’environnement, les PFAS contaminent la chaîne alimentaire et finissent inévitablement par s’accumuler dans les organismes vivants, y compris dans le corps humain. Et cela n’est pas sans conséquence : les études qui suggèrent que l’exposition à ces substances a des effets néfastes sur la santé humaine se multiplient.

Infographie sur le cycle des PFAS

Infographie sur le cycle des PFAS

L’industrie (représentée par une usine) utilise des PFAS pour produire des biens (ex : mousse anti-incendie des extincteurs, poêles antiadhésives, tissus d’ameublement, vêtements imperméables, emballages alimentaires) et en rejette dans l’environnement.

Les biens qui contiennent des PFAS contaminent aussi l’environnement, ainsi que les personnes qui les utilisent.

Les PFAS rejetés dans l’environnement polluent les aliments (fruits et légumes, viande, produits laitiers, poisson) et l’eau potable.

Les humains sont contaminés par leur environnement et par la consommation d’aliments et d’eau pollués.

Les problèmes commenceraient dès la vie fœtale. L’exposition des femmes enceintes aux PFAS semble en effet altérer la structure du placenta, un organe clé pour oxygéner et nourrir le fœtus. À la clé, des bébés qui risquent de naître trop tôt ou avec un poids trop faible, mais aussi davantage de futures mamans qui développent une pré-éclampsie. Par ailleurs, certains PFAS perturbent le fonctionnement de nos systèmes hormonaux (on parle de perturbateurs endocriniens), avec en particulier des effets sur la fertilité masculine et féminine. Ils modifient aussi le fonctionnement du foie, le métabolisme des lipides, l’action du système immunitaire, et pourraient jouer un rôle dans l’apparition de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Enfin, on les soupçonne d’être impliqués dans le développement de cancers. Une première molécule de cette famille qui en compte des milliers, l’acide perfluorooctanoïque (PFOA) a été classée « cancérogène pour l’humain » par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la Santé.

Face à ces risques, des mesures commencent à être mises en place. En France, un plan d’action national sur les PFAS, publié en 2024, prévoit des mesures de réduction, de surveillance et de substitution des PFAS dans les produits de consommation et les procédés industriels. Les PFAS seront interdits dès 2026 dans certains produits comme les cosmétiques ou les vêtements et cette interdiction sera étendue en 2030 à tous les textiles (comme les tissus d’ameublement). En parallèle, la recherche se mobilise – notamment à l’Inserm – pour mieux comprendre comment ces substances altèrent la santé humaine.

Pour en savoir plus sur les effets des PFAS et des nombreux autres produits chimiques préoccupants auxquels nous sommes continuellement exposés, consultez le dossier du magazine de l’Inserm n°65 : Polluants chimiques, la menace invisible.

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