La recherche en santé publique

La recherche en santé publique vise à comprendre l’influence des facteurs qui déterminent la santé des populations. Son objectif est de proposer des interventions et des politiques de santé fondées sur des connaissances et preuves scientifiques. Ces actions permettent d’améliorer la santé et le bien-être, et de réduire les inégalités de santé. À l’Inserm, plus de 110 équipes se consacrent à la recherche en santé publique.

Les chercheurs en santé publique étudient l’état de santé, de bien-être, de handicap ou encore de perte d’autonomie de populations, ainsi que les facteurs qui déterminent ces états (on parle de « déterminants de santé »), qu’ils soient de nature biologique, comportementale, sociale ou environnementale. Ces données les conduisent à mettre au point et à évaluer des interventions pour améliorer la santé des populations, prévenir les maladies, ou encore compenser des handicaps et des pertes d’autonomies. Les chercheurs produisent également des innovations en matière d’organisation des services de santé, des services sociaux et des services médico-sociaux.

Qu’est-ce que la recherche en santé publique ? Animation pédagogique présentant l’Institut de recherche en santé publique (Iresp) – 5 min 27 (2017)

La recherche en santé publique est pluridisciplinaire et transversale. Elle fait appel à :

  • l’épidémiologie,
  • aux biostatistiques,
  • aux sciences humaines et sociales appliquées à la santé,
  • à la biologie,
  • à la génétique,
  • à la toxicologie...

Elle passe le plus souvent par l’analyse des données relatives à des échantillons de population, plus ou moins vastes selon l’objet de la recherche. Ainsi, les principaux « outils » des chercheurs en santé publique sont :

  • les études de cohortes
  • les études de cas-témoins
  • les études transversales
  • les registres de comorbidité
  • les bases de données médico-administratives

Les études de cohorte

Les études de cohortes consistent à suivre dans le temps un groupe de personnes qui partagent des caractéristiques communes, afin d’identifier la survenue d’événement de santé d’intérêt (maladie ou dysfonctionnement de l’organisme). Le suivi individuel permet de mettre en évidence des facteurs de risque ou de protection vis-à-vis de l’événement de santé étudié.

Par exemple, l’étude E3N-Générations s’intéresse à des personnes d’une même famille, avec un terrain génétique et un environnement communs, pour comprendre les relations entre santé, environnement et mode de vie moderne. À terme, E3N-Générations rassemblera 3 générations : les femmes de la cohorte E3N et les pères de leurs enfants constituent la première génération, leurs enfants, la deuxième, et leurs petits-enfants formeront la troisième génération. Au total, l’étude devrait concerner près de 200 000 personnes.

Une étude de cohorte repose sur le respect d’un protocole préétabli, concernant d’une part la collecte d’informations et d’autre part, les modalités du suivi des participants (actif ou passif) qui permettent d’identifier la survenue des événements de santé d’intérêt.

Les cohortes constituent un des instruments de référence pour la recherche épidémiologique et en santé publique. Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a les identifié en tant qu’infrastructures de recherche, reconnaissant ainsi leur utilité pour la communauté de recherche en santé publique, et plus largement pour la recherche biomédicale dans son ensemble. L’Inserm est promoteur ou responsable de l’organisation de plus de 70 cohortes.

Découvrir quelques-unes des cohortes de l’Inserm :

Nom de la cohorteObjectif
3 CitésExplorer la relation entre les facteurs de risque vasculaires et la démence chez les 65 ans et plus
CANTOAméliorer la qualité de vie des femmes touchées par un cancer du sein
CKD-REINAméliorer la prise en charge des maladies rénales chroniques grâce au suivi de 3 000 patients, pendant 5 ans
COBLAnceIdentifier des biomarqueurs prédictifs du cancer de la vessie
ConstancesCohorte « généraliste », conçue pour étudier de nombreuses thématiques à partir des informations relatives à la santé de 200 000 adultes « représentatifs », âgés de 18 à 69 ans
ElfeSuivi du développement de 18 000 enfants nés en 2011, de la naissance à l’âge adulte
Epipage 2Mieux connaître le devenir des enfants prématurés
i‑SHARESuivi sur 10 ans de la santé de 30 000 étudiants
MAVIEÉtudier les circonstances et les causes des accidents du quotidien sur le long terme
NutriNet SantéDécrypter les relations nutrition-santé chez les adultes
OFSEPObservatoire de la sclérose en plaques
RADICOProgramme qui regroupe plusieurs cohortes dans le domaine des maladies rares

La cellule de coordination nationale des cohortes (CCNC)

Depuis mars 2009, l’Inserm a mis en place au sein de l’Institut thématique multi-organisme Santé publique de l’Alliance Aviesan une cellule de coordination nationale des cohortes (CCNC), animée en partenariat avec l’Institut de recherche en santé publique (IReSP). Cette cellule a pour objectif de fournir des services (appui méthodologique, aide juridique, groupes de travail…) aux cohortes financées par des fonds publics, et de faciliter l’accès mutualisé aux données de ces cohortes à l’ensemble des communautés scientifiques intéressées.


Les études cas-témoins

Elles consistent à recruter, d’une part des personnes qui présentent l’événement de santé d’intérêt, et d’autre part des témoins qui ne le présentent pas. Des données relatives à l’ensemble des participants des deux groupes sont recueillies, dans le but de mettre en évidence des facteurs de risque ou de protection vis-à-vis de l’événement de santé étudié.

Ainsi, l’étude EGEA cherche à identifier des facteurs génétiques et environnementaux associés à l’asthme, l’hyperréactivité bronchique et l’atopie, pour développer des mesures de prévention et de nouvelles prises en charge des malades. L’étude se fonde sur l’analyse des données relatives à près de 400 asthmatiques et leurs familles, ainsi qu’à celles de 415 témoins non asthmatiques.

Les études transversales

Ces études d’observation permettent de décrire les caractéristiques et les expositions d’une population de personnes, au moment de leur recrutement dans l’étude. Elles peuvent être répétées au cours du temps, de manière à comparer les données obtenues et à étudier ainsi leur évolution au cours du temps.

Par exemple, les enquêtes nationales périnatales sont régulièrement conduites en France, pour connaître les principaux indicateurs de l’état de santé de la mère et du nouveau-né, les pratiques médicales pendant la grossesse et l’accouchement, ainsi que les facteurs de risque associés. Ces informations permettent notamment de guider les décisions en santé publique et évaluer les actions de santé dans le domaine périnatal (mesures publiques, recommandations professionnelles). Cinq enquêtes ont eu lieu, en 1995, 1998, 2003, 2010, 2016 et mars 2021. Concrètement, chaque enquête passe par le recueil des informations relatives à toutes les naissances enregistrées en France pendant l’équivalent d’une semaine.

Les registres de morbidité

Il s’agit de bases de données exhaustives, relatives à un ou plusieurs événements de santé survenus dans une population géographiquement définie. Elles sont constituées à des fins de recherche épidémiologique et de santé publique, par une équipe avec les compétences appropriées. En France, il existe des registres qui s’intéressent aux cancers, aux maladies cardiovasculaires et neurovasculaires, aux malformations congénitales, aux maladies rares…

Les registres de morbidité sont encadrés par 2 comités : le Comité stratégique des registres (CSR), chargé de prendre des décisions d’orientation de la politique des registres (par exemple en matière de priorité de couverture ou de financement) et le Comité d’évaluation des registres (CER), comité indépendant chargé de l’évaluation scientifique des registres. L’Inserm est partie prenante de ces 2 comités.

En savoir plus sur le CSR et le CER

Les bases de données médico-administratives

Créées dans un objectif autre que celui de la recherche, ces bases de données sont particulièrement intéressantes pour les chercheurs en santé publique. Par exemple, la base de données de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) leur permet de connaître le parcours professionnel d’individus, et ainsi d’obtenir des informations sur leurs expositions professionnelles, potentielles facteurs de risque. La grande base de données de l’Assurance maladie, qui enregistre l’ensemble des actes remboursés (médicaments, hospitalisations...), permet quant à elle, notamment, de travailler sur les parcours de soins des patients.


L’Inserm et le Système national des données de santé

La loi de modernisation de notre système de santé a notamment conduit à la création du Système national des données de santé (SNDS). Ce système est notamment composé :

  • des données de l’Assurance maladie (SNIIRAM)
  • des données hospitalières (PMSI)
  • des causes médicales de décès (CépiDc-Inserm)
  • des données relatives au handicap (en provenance des MDPH – données de la CNSA)
  • d’un échantillon de données en provenance des organismes d’Assurance Maladie complémentaire

Unique en Europe, voire au monde, le SNDS constitue une avancée considérable : couvrant la quasi-totalité de la population française, ces données représentent en effet une immense opportunité pour la recherche en santé. Toute personne ou structure, publique ou privée, à but lucratif ou non lucratif, peut 2017 accéder aux données du SNDS sur autorisation de la CNIL, en vue de réaliser une étude, une recherche ou une évaluation présentant un intérêt public.

Il est prévu que la gouvernance de ce système inclue les producteurs de données, parmi lesquels l’Inserm. Plus concrètement, le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CepiDc), unité de service de l’Inserm, est chargé de jouer le rôle d’opérateur d’extraction et de mise à disposition des données pour le monde de la recherche.

Pour en savoir plus, consulter le site du Système national des données de santé (SNDS)


Portail Épidémiologie-France, le catalogue des bases de données de santé françaises

Mis en œuvre à l’Institut thématique multi-organisme Santé publique de l’alliance Aviesan, le portail Épidémiologie-France propose un catalogue en ligne des principales bases de données individuelles en santé de source française, utiles au développement de la recherche et de l’expertise en santé publique (hors essais cliniques).

Cet outil s’inscrit dans un mouvement du partage des données scientifiques (data sharing) : l’idée est de permettre à l’ensemble des chercheurs de tirer le meilleur parti des informations disponibles et d’accélérer ainsi la production de connaissances nouvelles.

Accéder au portail Épidémiologie-France