À vue de nez 🤥 😩 : C’est quoi l’anosmie ?

Avant, lorsqu’on avait un gros rhume, on « ne sentait plus rien ». Désormais, on sait qu’on souffre d’« anosmie doublée d’agueusie » : la Covid-19 nous aura permis d’enrichir notre vocabulaire ! Mieux encore, elle fait avancer la recherche sur les troubles de l’odorat et du goût, des symptômes pas si anodins que ça.

[⚠️ Texte mis à jour le 10 mai 2021]

La perte de l’odorat : c’est tout simplement ça l’anosmie ! Et comme ce sens est indispensable pour bien discerner la saveur de nos aliments, elle est souvent accompagnée d’une perte du goût que les scientifiques nomment « agueusie ». S’il s’agit de symptômes fréquemment ressentis par les personnes atteintes de la Covid-19, on les retrouve associés à d’autres maladies, à commencer par le banal rhume. Mais attention, les mécanismes en jeu ne sont vraisemblablement pas les mêmes dans ces deux situations. 

Lorsqu’un virus classique s’attaque à nos voies respiratoires supérieures ou à nos sinus, il provoque un gonflement des muqueuses, voire un écoulement de sécrétions : en bref, on a le nez bouché et les molécules odorantes ne peuvent y pénétrer pour atteindre nos récepteurs olfactifs. Dès lors, on ne sent rien. Mais dans le cas de la Covid-19, beaucoup de patients anosmiques ont le nez parfaitement dégagé : le problème est donc différent. 

Contrairement à ce que l’on croyait à l’automne 2020, le SARS-CoV‑2 est bien capable de pénétrer dans nos neurones olfactifs : il infecte ces cellules sensorielles, s’y multiplie et conduit à la destruction leurs « cils », des excroissances qui portent les récepteurs olfactifs. C’est donc en premier lieu de là que vient le problème : plus de cils olfactifs, plus d’odorat ! Mais ce n’est pas tout. Le coronavirus infecte aussi les cellules adjacentes aux neurones et conduit à une inflammation et une désorganisation de la muqueuse et du système nerveux olfactifs. Qui plus est, une fois logé dans ces cellules, le SARS-CoV‑2 semble pouvoir y persister plusieurs mois. Cela expliquerait pourquoi l’anosmie dure parfois plus longtemps que les autres symptômes associés à la Covid-19. D’autant plus qu’une fois complètement débarrassé du virus, l’organisme doit encore remplacer les cellules olfactives abimées au cours de l’infection par de nouvelles, générées à partir d’un stock de cellules souches. 

L’anosmie est donc bénigne et presque toujours réversible. Néanmoins, tant qu’elle est présente, elle peut considérablement altérer la qualité de vie. Une perte de l’odorat a des répercussions sur la façon dont on se nourrit, sur nos relations sociales et même sur la perception de certains dangers. Une équipe* du Centre de recherche en neurosciences de Lyon étudie ces impacts et leur retentissement sur la santé. Elle s’attèle aussi au développement de protocoles pour quantifier les pertes d’odorat et aider les patients à récupérer leurs sensations. Elle propose même un mini-site d’information à ceux qui veulent en savoir plus sur l’odorat et ses troubles. 

Et si vous vivez actuellement une baisse de l’odorat, notamment en lien avec la Covid-19, vous pouvez aider les chercheurs à faire progresser leurs travaux en répondant à une enquête en ligne.

Pour en savoir plus sur les mécanismes de l’anosmie associée à la Covid-19

Pour aller plus loin dans les connaissances relatives à l’anosmie liée à la Covid-19 et aux autres maladies, consultez cette synthèse récente de la littérature scientifique (en anglais).

Et pour faire le point sur ce qu’on sait à ce jour sur la Covid-19, lisez le dossier d’inserm.fr.

Note :
*équipe Neuropop, Centre de recherche en neurosciences de Lyon (unité 1028 Inserm/CNRS/Université Lyon 1/Université Jean Monnet Saint-Étienne)

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