Du paradis à l’enfer – C’est quoi le chemsex ?

À la recherche de sensations toujours plus fortes ou inédites, certaines personnes utilisent diverses drogues pour intensifier leurs rapports sexuels. Mais ce voyage au paradis artificiel se finit hélas trop souvent aux portes de l’enfer. En combinant les périls liés à l’usage de substances psychoactives à ceux des conduites sexuelles à risque, le chemsex est en effet doublement dangereux.

Le chemsex – de l’anglais chemical (« produit chimique ») et sex – est défini comme l’usage de substances psychoactives illicites lors de rapports sexuels. Cette pratique vise à faciliter, à prolonger et à améliorer les rapports, pour en retirer plus de plaisir et un sentiment de performance. Les substances utilisées sont le plus souvent des cathinones de synthèse (4‑MEC, 3MMC…), la cocaïne et la méthamphétamine (Crystal), parfois l’ecstasy/MDMA, la kétamine ou encore le GHB. Leur consommation est fréquemment associée à celle d’alcool, de poppers et de médicaments qui favorisent l’érection. Des cocktails qui peuvent présenter des dangers mortels immédiats, évidemment en cas de surdose, mais aussi parce que l’altération du jugement qu’ils induisent place les chemsexers dans des situations propices aux accidents. À court, moyen ou plus long terme, ces substances provoquent en outre des troubles cardiaques, hépatiques, rénaux, neurologiques... Sans parler des éventuels troubles de la santé mentale et du fait que la plupart de ces drogues peuvent entraîner une dépendance.

Et ce n’est pas tout. Au-delà de ces risques associés à l’usage de drogues quel que soit le contexte, la pratique du chemsex expose aussi à des dangers spécifiques : l’euphorie, la diminution des inhibitions et l’augmentation du désir sexuel déclenchées par les drogues peuvent mettre à mal la notion de consentement (le sien et celui d’autrui), conduire à négliger les moyens de protection contre les infections sexuellement transmissibles (préservatif, PrEP) ou encore à des échanges de seringues utilisées pour l’injection des produits. Le chemsex augmente ainsi le risque d’infection, en particulier par les virus du sida (VIH) et de l’hépatite C. Par ailleurs, il peut favoriser une vision altérée de la sexualité et induire une fuite en avant : lorsque la satisfaction sexuelle ne peut plus être obtenue sans consommation de substances psychoactives, c’est un cercle vicieux particulièrement dangereux qui s’installe.

Si la restauration d’une sexualité sans consommation de drogue est donc un des enjeux importants dans la prise en charge des personnes devenues dépendantes, disposer d’outils de réduction des risques spécifiques et adaptés aux chemsexers est une priorité cruciale. Dans cet objectif, différents projets de recherche sont menés à l’Inserm, telle que l’étude Chemsex-PREVENIR, commanditée par l’ANRS-MIE et conduite par des chercheurs du laboratoire Sesstim (unité 1252 Inserm/IRD/Aix-Marseille Université). Cette étude vise notamment à tester l’acceptabilité d’un dispositif numérique d’information et de prévention des risques auprès de chemsexers. À terme, elle permettra de façonner des outils pour améliorer le recours aux soins.

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