En image – Premier battement de cœur

Quel est cet organe ? Quelle est cette forme si particulière ? Sur cette photographie, on remarque une sorte de carrefour circulatoire. On distingue alors l’aorte et l’artère pulmonaire, au-dessus des ventricules et entre les deux petites oreillettes. Oui, il s’agit bien de cet organe unique qui fait tant parler de lui : le cœur. Plus précisément, celui d’un fœtus vers deux mois et demi de grossesse.

Un article à retrouver dans le magazine de l’Inserm n°65

Cœur d'un fœtus de deux mois et demi © Marine Herbane, Alberto Lombardini, Stéphane Zaffran, Heather Etchevers
Cœur d’un fœtus vers deux mois et demi de grossesse © Marine Herbane, Alberto Lombardini, Stéphane Zaffran, Heather Etchevers 

Situé à gauche du thorax, sa structure spécifique – un organe musculaire creux – lui permet d’assurer son rôle indispensable : se contracter pour faire circuler le sang et l’oxygène dans le corps. Le cœur se distingue des autres organes par son développement précoce. Il est le tout premier organe fonctionnel de l’organisme : il se met à battre, in utero, dès la troisième semaine de développement de l’embryon. À trois mois de grossesse, le plan de sa structure est largement établi. Donc, si des malformations cardiaques congénitales existent, elles apparaissent très tôt dans le développement.

C’est pourquoi, en 2018, grâce à l’appui de l’Inserm, un projet de recherche novateur, nommé Human Development Cell Atlas, a vu le jour ! Piloté par le directeur de recherche Alain Chédotal, il vise à créer une immense base de données s’appuyant sur une collection biologique de différentes cellules embryonnaires et fœtales, associée à des informations sur ces échantillons. Objectif : mieux comprendre les pathologies et malformations congénitales.

Sept ans après le lancement du projet, les scientifiques Inserm Heather Etchevers, Stéphane Zaffran et leur équipe apportent une meilleure compréhension du développement cardiaque in utero. Ils ont pu observer le développement conjoint de l’innervation et de la vascularisation cardiaque à différents stades du développement, notamment lorsque l’embryon devient un fœtus. Ils ont également identifié des cellules dites « minoritaires » et leur localisation en fonction du stade de développement. Il s’agit de cellules présentes en faible proportion dans le cœur, donc rarement identifiées. Par exemple, on connaît dorénavant la composition et la localisation du tissu conjonctif, formé par un des types cellulaires minoritaires qui composent le cœur. « Cela permet de mieux comprendre sa fonction. On remarque des petits filaments [de tissu conjonctif] qui servent à attacher les valves cardiaques aux parois », précise Heather Etchevers.

Ces découvertes, réalisées dans un cadre éthique, approfondissent la connaissance des mécanismes du cœur. À terme, ce travail contribuera à mieux comprendre l’origine des anomalies cardiaques et à soigner les malformations cardiaques congénitales.


Heather Etchevers est chercheuse dans l’équipe MOPED et Stéphane Zaffran dirige l’équipe Génétique des maladies cardiaques au Centre de génétique médicale de Marseille (unité 1251 Inserm/Aix-Marseille Université).


Source : De Bono et coll. Multi-modal refinement of the human heart atlas during the first gestational trimester. Development, 12 mars 2025 ; DOI : 10.1242/dev.204555

Autrice : M. S.

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