Fièvre à virus du Nil occidental (West Nile Virus)

Des flambées épidémiques imprévisibles

Le virus du Nil occidental, West Nile Virus dans la littérature anglo-saxonne, tire son nom d’un district de l’Ouganda où il a été isolé pour la première fois en 1937, chez une femme souffrant de fortes fièvres. C’est un arbovirus (arthropod borne virus) transmis par des moustiques, qui appartient à la famille des flavivirus, ainsi nommée en référence à la fièvre jaune qui permit leur identification (flavus signifie « jaune » en latin). Font aussi partie de cette famille les virus de la dengue, de l’encéphalite japonaise, de l’encéphalite de Saint-Louis ou de l’hépatite C. Le virus du Nil occidental est le plus répandu des flavivirus après celui de la dengue.

Transmission et symptômes

Le virus du Nil occidental est transmis par des moustiques, principalement du genre Culex. Il circule surtout chez les oiseaux mais peut aussi infecter différentes espèces de mammifères ainsi que des amphibiens et des reptiles. 

D’autres modes de transmission existent, comme pour de nombreux arbovirus, notamment liés au passage transplacentaire du virus au moment de l’accouchement, ainsi qu’au cours de transfusions sanguines et de transplantations d’organes.

L’infection par le virus Nil occidental est en général inapparente chez l’homme. Cependant, dans environ 20 % des cas l’infection se traduit par une fièvre importante accompagnée de symptômes rappelant la grippe (maux de tête, douleurs musculaires, toux, gonflement des ganglions du cou, détresse respiratoire), de nausées, de douleurs abdominales, de diarrhées. Une brève éruption cutanée est fréquente. 

C’est quoi un virus – interview – 1 min 33 – extrait de la série C’est quoi ? (2013)

Les principales complications sont de nature neurologique : myélite, méningite et encéphalite. Elles ne surviennent cependant que dans moins de 1 % des cas. D’autres complications sont encore plus rares : hépatite, pancréatite, néphrite ou myocardite. 

Le malade récupère après une longue période de convalescence marquée par une grande fatigue.

Comme pour d’autres virus, l’infection par le virus du Nil occidental est surtout dangereuse, et potentiellement fatale, chez des sujets fragiles (enfants, personnes âgées, patients immunodéprimés). 


Écologie d’un virus

Les vecteurs du virus du Nil occidental sont des moustiques, principalement du genre Culex qui assurent la transmission à des hôtes (animaux et homme). Les hôtes permettant la dissémination du virus sont des oiseaux migrateurs qui transportent au printemps le virus depuis l’Afrique vers des zones tempérées d’Europe et d’Asie. Les mammifères, dont l’homme, sont des hôtes accidentels. Il est à noter que des animaux domestiques peuvent cependant être atteints. On a, par exemple, observé des épidémies d’encéphalite chez le cheval en Camargue en 2000, en Guadeloupe en 2002 et dans les Pyrénées orientales en 2006. 


Epidémiologie

Les épidémies surviennent aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine. Elles peuvent êtres responsables parfois d’une morbidité et d’une mortalité importantes chez l’homme et le cheval. Jusqu’à la fin des années 90, le virus du Nil occidental était présent uniquement dans l’Ancien monde : Afrique, pays du bassin méditerranéen, Europe de l’Est, Moyen-Orient ainsi qu’en Inde et au Pakistan. En septembre 1999, le virus du Nil occidental est mis en évidence pour la première fois sur le continent américain, à New York. Depuis, le virus s’est largement répandu aux Etats-Unis (plus de 25 000 cas entre 1999 et 2008 dont plus de 800 décès), mais également au Canada, ainsi que plus récemment au Mexique, en Amérique centrale et aux Caraïbes. 

Dans l’Ancien monde, au cours des deux dernières décennies, plusieurs pays ont connu des épidémies dont les plus importantes ont eu lieu en Roumanie en 1996–97, en Tunisie en 1997, en Russie en 1999 et en Israël en 1999 et en 2000. En France, les premiers cas humains et équins ont été diagnostiqués dans le début des années 1960, et 7 cas humains ont été recensés en 2003 dans le Var. 

Cependant, l’écologie et l’histoire naturelle de la transmission du virus Nil occidental restent encore mal connues et la plupart des flambées épidémiques sont imprévisibles et difficiles à contrôler. 


Surveillance du virus du Nil occidental en France

Le Centre national de référence des arbovirus (Institut Pasteur) au sein de l’unité des interactions moléculaires flavivirus-hôtes est chargé de la surveillance des cas de fièvre du Nil occidental en France. Les travaux portent sur les facteurs du virus et de l’hôte contribuant à la virulence. De nouveaux outils de diagnostic de l’infection par le virus Nil occidental ont été développés en collaboration avec l’AFSSA à Maisons-Alfort. Deux candidats-vaccins contre la zoonose à virus du Nil occidental ont été élaborés. 


Pour aller plus loin