La pensée passe à l’action

Reportage réalisé au Centre de recherche en neuroscience de Lyon (CRNL). Les chercheurs de l’équipe Dynamique cérébrale et cognition (Dycog) s’y attèlent notamment au développement d’interface cerveau-machine.

Dans les locaux du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL)*, la mode est à un drôle de bonnet : fait de tissu et équipé de dizaines d’électrodes, il permet de réaliser l’électroencéphalogramme (EEG) d’une personne. Entendez : mesurer l’activité électrique de son cerveau. Sur le papier, celle-ci n’est qu’une succession de pics et de creux, mais pour les chercheurs de l’équipe Dynamique cérébrale et cognition (Dycog), c’est un moyen… d’accéder à ses pensées ! « Quand une personne focalise son attention sur quelque chose, comme la case d’un jeu par exemple, il est possible de mesurer un signal cérébral caractéristique grâce aux capteurs du bonnet à électrodes », explique Jérémie Mattout, chargé de recherche Inserm au CRNL et responsable du projet Interaction cerveau-machine : contrôle et apprentissage. 

Une fois analysées par un ordinateur, les données sont transformées en commandes à destination d’une machine telle qu’un simple ordinateur, une prothèse ou encore une voix artificielle. Commandes grâce auxquelles la pensée donne directement naissance à l’action, court-circuitant les nerfs périphériques et les muscles qui sont habituellement sollicités pour faire bouger nos membres ou articuler notre mâchoire ! Les applications cliniques potentielles sont nombreuses. Des patients tétraplégiques pourraient bénéficier d’une autonomie nouvelle grâce à un exosquelette dirigé par la pensée, les personnes victimes du syndrome d’enfermement pourraient retrouver la faculté de communiquer à l’aide d’un ordinateur, des amputés pourraient contrôler une neuro-prothèse, etc. Des applications qu’illustrent parfaitement deux projets menés par l’équipe Dycog : Mind Your Brain, littéralement « fais attention à ton cerveau », un essai clinique destiné aux enfants qui souffrent du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) et Meegaperf, dédié à la détection de la fatigue mentale ou physique. 

* unité 1028 Inserm/CNRS/Université Saint Etienne-Jean Monnet/Université Claude Bernard Lyon 1 

Reportage à retrouver dans le magazine Science&Santé n°35