France Mentré, Prix Recherche 2020

Discipline clé de la recherche médicale, la biostatistique permet de garantir la rigueur des études menées chez des patients. Pas étonnant donc que France Mentré, biostatisticienne, et ses collègues soient largement impliqués dans la recherche clinique sur la Covid-19 de l’Inserm. Leur travail est salué par le Prix Recherche.

France Mentré © Inserm / François Guénet
France Mentré © Inserm / François Guénet

À la croisée des mathématiques, de l’informatique et de la biologie, la biostatistique joue un rôle déterminant dans la conception, la réalisation et l’analyse des essais cliniques et des études épidémiologiques. « Les biostatisticiens sont chargés de concevoir les protocoles de recherche, de définir les nombreuses données à recueillir, puis de trier et d’analyser celles-ci, éclaire France Mentré. Lors de l’évaluation de traitements, leur but final est de déterminer si les résultats obtenus sont “statistiquement significatifs” ou si les différences observées peuvent être liées au hasard. »

Après avoir été « toujours très forte en maths », cette passionnée d’équitation depuis ses dix ans, s’est dirigée vers la biostatistique par « forte affinité pour le vivant et la santé ». Mais, au départ, il n’était pas du tout évident qu’elle s’engage dans la recherche médicale : « Tous les membres de ma famille sont soit ingénieurs soit travaillent dans l’économie et la finance », sourit-elle. 

Avec l’Inserm depuis ses débuts

Ses premiers pas dans son domaine, la biostatisticienne les a faits à l’Inserm même, « un institut où [sa] discipline est bien représentée ». C’était au début des années 1980 : elle était alors encore étudiante, en DEA puis en doctorat de biomathématiques, dans l’unité 194 Méthodologie informatique et statistique en médecine, à Paris. Par la suite, en 1985, elle a rejoint ce même laboratoire comme chargée de recherche. Et dix ans plus tard, en 1995, elle était nommée directrice de recherche dans l’unité 436 Modélisation mathématique et statistique en biologie et médecine, localisée également dans la capitale. 

De fait, constate-t-elle, « j’ai quasiment toujours travaillé pour ou avec l’Inserm ! » Même après avoir quitté l’Institut en 2000, pour un poste d’enseignante-chercheuse à l’Université de Paris, elle y est revenue rapidement. En 2003, elle a en effet pris la tête de l’unité 738 Modèles et méthodes de l’évaluation thérapeutique des maladies chroniques, sous cotutelle Inserm et Université de Paris. Enfin, en 2014 elle a cofondé, avec le biochimiste Erick Denamur, son laboratoire actuel, également sous cotutelle Inserm : l’unité 1137 Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution*.

La biostatistique, plus que jamais indispensable

Depuis le début de la crise sanitaire liée à la Covid-19, ce laboratoire très multidisciplinaire, formé « de statisticiens, mais aussi de microbiologistes, virologues, mathématiciens, bioinformaticiens et cliniciens en maladies infectieuses, réanimation et pédiatrie », s’est fortement mobilisé. Notamment pour la mise en place et le suivi de deux grands projets de l’Inserm : Discovery, qui vise à trouver des médicaments efficaces contre la Covid et dont France Mentré est la responsable méthodologique, et la cohorte French Covid, destinée à l’étude des formes graves de la maladie et dont elle est coresponsable méthodologique. 

« En cette période où il faut faire vite afin de trouver rapidement des solutions pour traiter les patients atteints de SARS-CoV‑2, et où le risque d’erreur est donc augmenté, s’assurer de la validité des résultats est plus que jamais crucial. Il en va de la santé de tous », insiste celle qui, en septembre 2020, est devenue la première Française à intégrer le comité scientifique spécial Covid-19 du réseau de recherche international Isaric. Un éclairage important, à un moment où la rigueur des études est plus que jamais cruciale. 

Parmi les collaborateurs de l’unité Inserm Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution, de gauche à droite : Jérémie Guedj, Drifa Belhadi, Nathan Peiffer-Smadja et Aline Dechanet© Inserm / François Guénet
Parmi les collaborateurs de l’unité Inserm Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution, de gauche à droite : Jérémie Guedj, Drifa Belhadi, Nathan Peiffer-Smadja et Aline Dechanet© Inserm / François Guénet

Note :
*Unité 1137 Inserm/Université de Paris/Université Sorbonne Paris Nord, Paris