Marie-Anne Rameix-Welti met en lumière les usines à virus respiratoire syncytial

Le virus respiratoire syncytial (VRS) est l’un des virus respiratoires les plus mortels, notamment chez le jeune enfant. À ce jour, le décryptage des mécanismes qui permettent son entrée dans la cellule hôte n’a pas permis d’aboutir à un traitement efficace. Et si la solution se trouvait en aval de ces premières étapes du cycle viral ? C’est le pari de Marie-Anne Ramex-Welti. Le financement Atip-Avenir qu’elle a obtenu en 2018 lui a déjà permis de franchir des étapes importantes sur cette piste.

Marie-Anne Rameix-Welti © Paul Welti
Marie-Anne Rameix-Welti © Paul Welti

Marie-Anne Rameix-Welti* ne fait pas les choses à moitié : motivée pour intégrer le monde de la recherche, elle a mené de front ses études de médecine et un parcours universitaire à l’École normale supérieure. Entre 2000 et 2008, elle a réalisé son internat de médecine, un master 2, sa thèse de doctorat, et donné naissance à trois enfants ! « C’est durant ces années que j’ai développé mon intérêt pour la compréhension des mécanismes qui régulent la multiplication des virus, à commencer par celui de la grippe influenza A. Je me suis penchée pour la première fois sur le virus respiratoire syncytial (VRS) lors de mon post-doctorat et j’ai continué à développer cette thématique une fois recrutée comme enseignante-chercheuse. » Son but : comprendre les mécanismes tardifs qui permettent au virus de se multiplier en formant de nouveaux virions dans une cellule infectée. 

Le VRS est l’un des principaux responsables des infections respiratoires observées chez les nourrissons et les jeunes enfants. Il est associé à des formes graves, à risque de décès et au développement de bronchiolites. « Les vaccins et les antiviraux développés jusqu’à présent pour lutter contre ce virus agissent sur les premières étapes de l’infection, en ciblant l’interaction entre le virus et les cellules de l’hôte. Mais pour l’heure, cette approche n’a pas abouti. Comprendre les mécanismes qui se déroulent après cette étape pourrait conduire à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques », espère la chercheuse. 

Des usines virales rendues fluorescentes

Son approche se fonde sur l’utilisation de virus génétiquement modifiés : en fusionnant une protéine virale à une protéine fluorescente, la première devient visualisable. Ici, la protéine virale ciblée est celle qui s’associe habituellement au matériel génétique du virus. La production et le devenir des génomes viraux néoformés peuvent ainsi être étudiés par microscopie dans des cellules infectées vivantes. « Nous avons d’ores et déjà montré que l’ARN et les protéines virales se regroupent à l’intérieur de sortes de bulles dans le cytoplasme de la cellule. À l’image de gouttes d’huile dans de l’eau, ces usines virales n’ont pas de membranes. C’est très surprenant car habituellement tous les compartiments d’une cellule en ont une. »

Grâce au renforcement de son équipe permis par un financement Atip-Avenir, les travaux se poursuivent : « Nous voulons déterminer la nature précise de ces structures. Par ailleurs, nous souhaitons décrire plus précisément la façon dont les virions sortent de la cellule. Pour cela, nous cherchons à identifier les réseaux empruntés par le matériel génétique viral prêt à être expulsé. Nous avons déjà observé que le VRS n’utilise pas la machinerie cellulaire qu’empruntent les autres virus pour couper la membrane cellulaire. »

Une chercheuse impliquée dans la lutte contre la Covid-19

L’épidémie de Covid-19 a bouleversé l’ordre du jour de l’équipe de Marie-Anne Ramex-Welti. En collaboration avec l’hôpital Ambroise-Paré auquel son laboratoire est rattaché, et avec une équipe d’INRAE qui possède historiquement une expertise sur les coronavirus, elle a lancé un projet dédié à cette nouvelle maladie virale. Tout est parti d’un constat : « Les coronavirus existent depuis longtemps dans le monde et nous côtoyons sans difficulté les plus anciens d’entre eux depuis plusieurs décennies. Aussi, pourquoi observe-t-on une différence dans la réponse clinique aux plus récents, en particulier au SARS-CoV‑2 responsable de la Covid-19 ? » L’idée est d’étudier ce qui pourrait expliquer ces disparités dans la sérologie des individus qui ont été infectés ou non. Quels sont les anticorps communs ou spécifiques aux différents virus ? Existe-t-il des reconnaissances croisées ? La réponse à ces questions pourrait apporter des éléments pronostiques pour identifier les personnes les plus à risque de développer des symptômes ou des formes graves… 

Note :
*unité 1173 Inserm/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Infection et inflammation, Montigny-Le-Bretonneux