Giorgio Seano s’attaque aux résistances des tumeurs cérébrales

Plus de 95% des patients traités pour une tumeur cérébrale finissent par rechuter en raison de l’apparition de résistances. Giorgio Seano a décidé de s’attaquer à ce problème. Il mise sur le fait que le réseau vasculaire y joue probablement un rôle important. Grâce au programme Atip-Avenir et à un financement du Conseil européen de la recherche (ERC), il souhaite décrire ces mécanismes avec un objectif : développer de nouveaux traitements plus efficaces pour les patients.

Portrait Giorgio Seano, chef de l'équipe laboratoire microenvironnement tumoral. © Pedro Lombardi / Institut Curie
Giorgio Seano, chef de l’équipe Laboratoire microenvironnement tumoral – © Pedro Lombardi/Institut Curie

Les résistances aux traitements des tumeurs cérébrales sont un fléau. Qu’il s’agisse de tumeurs primaires, comme les glioblastomes, ou de métastases cérébrales survenant chez des patients atteints de mélanome, de cancer du poumon ou encore du sein, plus de 95% des patients rechutent en raison de l’apparition de ces résistances aux chimiothérapies et à la radiothérapie. Giorgio Seano en a fait son cheval de bataille. Ce jeune chercheur de l’Inserm, chef d’équipe à l’Institut Curie, veut découvrir les mécanismes qui entraînent ce phénomène pour développer de nouvelles thérapies. 

Il se focalise pour l’instant sur le rôle du système vasculaire au sein des tumeurs, et en particulier sur ce qui se passe au niveau des « niches périvasculaires », composées des vaisseaux sanguins et de leur microenvironnement. Les tumeurs cérébrales sont en effet parmi les plus densément vascularisées, et ses précédents travaux ont montré que les cellules cancéreuses peuvent « s’accrocher » aux parois vasculaires pour migrer et envahir le tissu environnant. Cette faculté pourrait leur donner un avantage important pour échapper aux traitements. Pour explorer ce phénomène, Giorgio Seano travaille in vitro mais aussi in vivo chez l’animal grâce à la microscopie intravitale. Cette technique permet de visualiser le comportement des cellules tumorales en réponse à des traitements, directement dans le cerveau des animaux vivants, de façon dynamique et pendant plusieurs jours. Le chercheur utilise également des biopsies de patients pour tester des approches thérapeutiques. 

Le programme Atip-Avenir pour se lancer

Giorgio Seano a déjà un beau parcours scientifique à son actif. Après un doctorat sur la vascularisation des tumeurs au Candiolo Cancer Institute à Turin en Italie, il a rejoint la Harvard Medical School à Boston aux Etats-Unis, en 2012. Durant ces cinq années outre-Atlantique, il a notamment décrit le phénomène de migration des cellules cancéreuses le long des vaisseaux sanguins dans le cerveau, appelé cooptation vasculaire. Il y a par ailleurs appris la technique d’imagerie intravitale. Fort de nombreuses publications et communications, déjà lauréats de plusieurs prix et grants prestigieux, la France le rattrape : en 2017, il prend la tête d’une équipe à l’Institut Curie, bénéficiant du programme Jeune chercheur de l’ANR et de bourses interne et européenne (respectivement PIC3 et IC-3i PhD program) pour monter son projet. Néanmoins, il doit encore trouver d’autres sources de financement pour le mener à bien. C’est ainsi qu’il postule au programme Atip-Avenir de l’Inserm et du CNRS et en devient lauréat. Les financements accordés pour minimum trois ans lui permettent de consolider son équipe désormais composée de sept personnes – médecins, ingénieurs ou encore post-doctorants – et de se lancer véritablement. Et c’était sans compter le graal qu’il vient de décrocher : une bourse européenne (ERC Starting Grant) qui atteint 1,5 million d’euros répartis sur cinq ans. Autant dire que Giorgio Seano a désormais l’esprit libre pour se consacrer pleinement à ses travaux au cours des quelques années qui viennent. 

Giorgio Seano est responsable de l’équipe Laboratoire microenvironnement tumoral, au sein de l’unité Biologie et chimie des radiations, signalisation cellulaire et cancer (unité 1021 Inserm/CNRS/Université Paris 11/Institut Curie, Orsay).