Qu’est-ce que la règle des 3 R ?

Élaborée en 1959, la règle des 3 R constitue le fondement de la démarche éthique appliquée à l’expérimentation animale en Europe et en Amérique du Nord. Ses prescriptions accompagnent tout projet de recherche qui utilise des animaux.

Le principe des 3 R est né de la réflexion éthique de deux biologistes anglais, William Russel et Rex Burch. Dans leur ouvrage paru en 1959, « Les principes d’une technique expérimentale conforme à l’éthique » (The Principles of Humane Experimental Technique), les deux scientifiques exposent pour la première fois ce principe, visant à la Réduction, au Remplacement et au Raffinement des expériences conduites avec des animaux. 

Ce principe a été progressivement adopté par diverses institutions, puis introduit dans la réglementation, notamment en Europe et en France. Il contribue au développement des méthodes alternatives à l’expérimentation animale. 

Réduire

Cet objectif vise à diminuer le nombre d’animaux utilisés à des fins de recherche par : 

  • la limitation aux seules expériences considérées comme absolument indispensables
  • la réduction des répétitions inutiles d’études antérieures
  • la rédaction d’un protocole expérimental avant toute expérimentation, sachant qu’une étude bien préparée rend souvent inutile d’autres essais sur les animaux

S’il est essentiel d’utiliser le plus petit nombre d’animaux possibles, il faut néanmoins éviter que cet effort de réduction nuise à la fiabilité des résultats. Une réflexion biostatistique doit donc être intégrée à la construction du projet. 

Remplacer

Pour remplacer des modèles animaux, il est parfois possible de travailler sur des cellules ou des tissus (in vitro) ou encore sur des modèles numériques (in silico). Le recours aux modèles in vitro ou in silico doit être l’objectif du chercheur si l’objectif de son expérimentation le permet. Bien que cet objectif soit atteignable dans de nombreux domaines, en particulier dans les études de sécurité au sens large, les méthodes alternative restent encore complémentaires à l’utilisation du modèle animal. 

À la recherche de méthodes alternatives 

A l’Inserm, la mise au point de méthode permettant de remplacer l’utilisation du modèle animale est un domaine de recherche à part entière. Ainsi, l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques d’Évry travaille couramment sur des cellules souches humaines ou animales afin de réduire le recours à l’animal.

Mais l’extraordinaire complexité du vivant défie certains modèles in vitro ou in silico. « La modélisation des maladies est encore très imparfaite, explique Bruno Villoutreix, directeur de l’unité Molécules thérapeutiques in silico (MTI). De même, il n’est pas encore possible de prédire les effets secondaires des biothérapies – anticorps monoclonaux, thérapies géniques et cellulaires – car il manque des données et la compréhension de certains mécanismes est encore limitée. En revanche, la prédiction de certains effets secondaires est possible pour des petites molécules chimiques candidates médicaments ».

Si les méthodes in vitro et in silico restent aujourd’hui des méthodes complémentaires et ne peuvent remplacer la totalité des études menées sur les animaux, elles y contribuent pour partie. 

Raffiner

« Raffiner » signifie optimiser l’expérimentation grâce à la méthodologie appliquée aux animaux : il s’agit de réduire, supprimer ou soulager leur douleur ou leur détresse, et ainsi d’améliorer leur bien-être. 

En amont de l’expérience, raffiner consiste par exemple à : 

  • choisir avec soin le modèle animal utilisé
  • améliorer les conditions de transport, d’élevage et d’hébergement
  • planifier le protocole pour éviter le stress
  • entraîner les animaux à coopérer pour les actes non invasifs et non douloureux
  • établir des points limites (ou critère d’arrêt anticipé) de la procédure

Raffiner pendant l’expérimentation elle-même concerne les méthodes et les procédures opératoires. Il faut notamment envisager : 

  • des procédures non invasives (imagerie, télémétrie…)
  • des soins adéquats avant, pendant et après l’opération
  • l’anesthésie/analgésie
  • la réduction de la durée de certaines études (surtout toxicologiques)
  • les procédures d’euthanasie appropriées

Raffiner après l’expérimentation revient à exploiter au mieux les résultats obtenus lors de l’expérimentation. Il est important de souligner que les résultats obtenus ne seront pas scientifiquement exploitables si les animaux ne sont pas correctement pris en charge. Autrement dit, l’éthique va de pair avec la qualité scientifique : « Happy animals make good science »

Qu’est-ce qu’un « point-limite » ?

Le point-limite est le moment où la souffrance et/ou la détresse d’un animal sont arrêtées ou minimisées. Chaque expérimentateur doit par conséquent savoir identifier la souffrance physique et émotionnelle, la quantifier via une échelle, agir lorsque les critères d’interruption prédéfinis sont atteints.