Les troubles de la fertilité : État des connaissances et pistes pour la recherche – 2012

En France, la recherche publique sur les troubles de la fertilité, leurs causes et leurs traitements se fait principalement à l’Inserm, à l’Inra, dans les universités et les CHU. Les équipes existantes couvrent l’ensemble des champs de la thématique reproduction et troubles de la fertilité humaine, mais le nombre de chercheurs est limité ; une meilleure coordination des équipes, des thématiques et des programmes de recherche sur la reproduction humaine et les troubles de la fertilité doit être favorisée. Les financements distribués sur projets sont de l’ordre d’un million d’Euros par an durant la période 2002–2011.

Les troubles de la fertilité : État des connaissances et pistes pour la recherche. Rapport du groupe de travail réuni par l’Inserm et par l’Agence de biomédecine à la demande du Parlement. Décembre 2012

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Les données dont nous disposons sur l’infertilité des couples en France sont partielles ou incertaines, principalement à cause des difficultés réelles pour estimer l’infertilité en population générale, mais aussi d’un relatif faible intérêt des pouvoirs publics pour la question. Il est nécessaire de construire un système de suivi de la fertilité, en s’appuyant notamment sur des enquêtes spécifiques et répétées ainsi que sur l’introduction systématique de questions appropriées dans les enquêtes démographiques ou épidémiologiques consacrées à la reproduction et à la contraception.

Concernant les indicateurs individuels de la fertilité, de récents travaux de l’InVS, réalisés sur l’ensemble du territoire français à partir de bases de données existantes, ont montré des tendances temporelles convergentes des composantes du syndrome de dysgénésie testiculaire : baisse de la qualité du sperme dans un vaste échantillon d’hommes se rapprochant de la population générale (partenaires de femmes totalement stériles) sur la période 1989–2005 et, sur la période 1998–2008, augmentation des taux de cancer du testicule, de cryptorchidie et d’hypospadias. Il existe d’importantes disparités spatiales de survenue de ces pathologies. Ces travaux peuvent servir de base à une surveillance prospective qui s’intéresserait également à des indicateurs féminins pour lesquels il existe actuellement peu de données.

Parmi les causes de l’altération de certains paramètres de la santé reproductive, on relève, indépendamment des causes génétiques ou constitutionnelles, tout d’abord la dimension comportementale (procréation plus tardive notamment pour les femmes et tabagisme entre autres), le surpoids, l’obésité et les expositions environnementales, notamment à certains polluants organiques persistants (tels que les PCB) et métaux lourds qui agissent à faible dose et exercent des effets différés dans le temps. Les recherches qui doivent être menées autour de ces différentes causes vont nécessiter en premier lieu la réalisation d’études portant sur des marqueurs biologiques de la fertilité masculine et féminine. Par ailleurs, sur le plan méthodologique, l’approche qui doit être privilégiée chez l’homme est la mesure des expositions préalablement à la quantification des paramètres biologiques d’intérêt, en se donnant les moyens de quantifier l’impact des expositions environnementales subies durant la vie intra- utérine sur la fertilité à l’âge adulte.

Un effort de recherche soutenu sera nécessaire pour améliorer les traitements de l’infertilité – en particulier les méthodes d’assistance médicale à la procréation – et pour mieux maîtriser la fertilité. Différents processus, ainsi que leurs dysfonctionnements, doivent être explorés de façon plus approfondie : celui de la formation des gamètes à partir des cellules souches embryonnaires, de la maturation des gamètes, de la fécondation et celui du début du développement embryonnaire jusqu’à l’implantation.

Des choix sociaux et politiques doivent être faits pour mettre en harmonie les avancées des connaissances (recherche fondamentale, recherche en population et surveillance) avec les pratiques biologiques et cliniques. Ceci ne pourra se faire sans une meilleure coordination entre les multiples acteurs concernés et la mise en place de procédures de concertation régulières, ouvertes et transparentes.