Enflure – C’est quoi un lymphœdème ?

Moins connu que le réseau sanguin, le système lymphatique est pourtant crucial au bon fonctionnement de notre organisme : en drainant la plupart de nos tissus, il assure notamment l’évacuation de déchets produits par nos cellules. Dès lors, ses dysfonctions sont forcément problématiques. Elles peuvent en particulier entraîner un lymphœdème, une maladie invalidante qui se traduit par le gonflement d’une partie du corps, le plus souvent un bras ou une jambe.

Notre système lymphatique est composé de vaisseaux qui parcourent tout notre corps, connectés à des organes (ganglions, amygdales, rate, thymus…) dans lesquels résident des cellules immunitaires. Au sein de ce réseau circule la lymphe, un liquide jaunâtre qui véhicule des anticorps et des cellules spécialisées dans la défense de l’organisme, à l’affût de pathogènes ou d’autres intrus. Mais la lymphe charrie aussi des déchets rejetés par nos cellules, des graisses et des excès d’eau collectés sur son trajet. L’ensemble est transporté jusqu’aux ganglions qui filtrent et nettoient ce fluide avant qu’il reprenne son parcours.

Le lymphœdème survient lorsque que ce système est altéré et que la lymphe ne peut plus circuler normalement. Dans les régions humides et tropicales, il peut être causé par une infection parasitaire : la filariose lymphatique (ou éléphantiasis). Mais un lymphœdème est le plus souvent consécutif à un traumatisme ou à une intervention qui a endommagé une partie du système lymphatique, comme l’ablation de ganglions lors du traitement d’un cancer. Les lymphœdèmes dits primaires, liés à des malformations congénitales du système lymphatique, sont beaucoup plus rares.

Quelle qu’en soit l’origine, l’altération ou le blocage partiel du circuit lymphatique conduit la lymphe, les graisses et les déchets qu’elle est supposée drainer, à s’accumuler localement. Il en résulte un gonflement (ou « œdème ») de la zone concernée, inconfortable et même douloureux. Dans certains cas, le trouble est temporaire et disparaît en quelques mois. Mais un lymphœdème peut persister et devenir chronique. Il entraîne alors des modifications des tissus adjacents : la peau s’épaissit, des amas sous-cutanés de graisses se forment, l’ensemble du tissu se rigidifie et s’inflamme… Les massages lymphatiques qui permettent au départ de stimuler manuellement le drainage deviennent alors inopérants, et le problème irréversible. Par ailleurs, le lymphœdème perturbe l’immunité locale et la peau devient plus vulnérable aux infections, en particulier à celles dues aux streptocoques.

À ce jour, il n’existe aucun traitement curatif du lymphœdème chronique. La prise en charge passe essentiellement par des mesures qui visent à réduire l’œdème : drainage manuel, bandages compressifs et activité physique adaptée. Toutefois, la recherche biomédicale n’est pas en reste, en particulier à l’Inserm. Ainsi, à l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires de Toulouse, l’équipe de Barbara Garmy-Susini, s’attèle à mieux comprendre les ressorts moléculaires de la pathologie. Un premier objectif est de découvrir des facteurs de risque et des biomarqueurs précoces du trouble, pour éviter qu’il ne s’installe en mettant en route une kinésithérapie le plus tôt possible. Et pour aller encore plus loin, l’équipe recherche aussi des cibles thérapeutiques grâce auxquelles il serait non seulement possible de restaurer les vaisseaux lymphatiques lésés, mais aussi de résoudre la fibrose et l’inflammation associées aux formes chroniques de la maladie.

Pour en savoir plus sur les travaux de cette équipe

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Barbara Garmy-Susini