Varicelle : l’intérêt de la vaccination chez l’adulte

En France, il est recommandé aux adultes qui ont échappé à la varicelle de se faire vacciner en cas d’exposition à un patient contagieux. Toutefois, cette recommandation est rarement suivie en population générale. Une équipe Inserm montre que cela permettrait pourtant de réduire d’un quart le nombre de cas survenant chaque année chez l’adulte.

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© Inserm, P Roingeard Virus de la varicelle-zona, de la famille des Herpès

Suivre les recommandations vaccinales permettrait d’éviter un quart des infections par le virus de la varicelle survenant chez des adultes. Et compte tenu de la gravité potentielle de la maladie dans cette population, ce bénéfice serait important. C’est ce que montre une équipe Inserm* qui a développé un modèle mathématique permettant de simuler l’impact des recommandations actuelles faites aux plus de 18 ans. 

Le calendrier vaccinal français recommande en effet de vacciner les adultes immunocompétents sans antécédent de varicelle (ou dont l’histoire est douteuse) dans les trois jours suivant une exposition à un patient avec éruption. Actuellement, cette pratique est très peu suivie : les cas de vaccination sont rares alors que la maladie touche environ 32 000 adultes par an (et plus de 660 000 enfants). Cette recommandation a été récemment élargie pour inclure les adolescents de plus de 12 ans. 

31% d’hospitalisations en moins

Pour réaliser leur simulation, les chercheurs ont utilisé des données du réseau Sentinelles, chargé de la surveillance de différentes maladies infectieuses. Les médecins du réseau ont déclaré 221 cas de varicelle chez des patients de plus de 18 ans entre 2011 et 2013, précisant que 37% des personnes touchées avaient identifié l’origine de l’infection par contact avec un proche malade. A partir de cela, sachant qu’environ un tiers des adultes ne savent pas s’ils sont immunisés contre la varicelle, les auteurs ont estimé que la vaccination post-exposition permettrait d’éviter 13 cas par an pour 100 000 adultes sur une incidence globale de 52 cas pour 100 000. Soit une réduction de plus d’un quart du nombre de cas d’adultes infectés chaque année. La vaccination post-exposition des adultes permettrait également de diminuer de 31% le nombre d’hospitalisations consécutives à la maladie.

Une estimation basse

En pratique, 16 vaccinations d’adultes exposés permettraient d’éviter un cas supplémentaire de varicelle. Et encore, il pourrait s’agir d’une estimation basse. « Nous avons pris des chiffres pessimistes en terme de pourcentage d’adultes immunisés à la suite d’une infection dans l’enfance, de fréquentation des cabinets médicaux par des adultes exposés, d’efficacité vaccinale…, précise Cécile Souty, co-auteur des travaux. Le potentiel de la vaccination post-exposition en cas d’application optimale des recommandations pourrait donc être supérieur à celui estimé par ce modèle », estime-t-elle. 

Note 
*unité 1136 Inserm/Université Pierre et Marie Curie, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, Paris 

Source 
C. Souty et coll. Vaccination against varicella as post-exposure prophylaxis in adults : A quantitative assessment. Vaccine, édition en ligne du 1er décembre 2014