Obésité et diabète de type 2 : l’inflammation en ligne de mire

Chez les personnes obèses, les cellules immunitaires entretiennent une inflammation du tissu adipeux via des substances nommées « cytokines pro-inflammatoires ». Ce phénomène associé au développement du diabète de type 2, vient d’être mis en évidence par des chercheurs de l’équipe de Karine Clément*. De nouvelles pistes thérapeutiques sont déjà envisageables pour contrer ce mécanisme.

Obésité et inflammation ne font décidément pas bon ménage : une nouvelle étude pointe du doigt des mécanismes inflammatoires en relation avec le déséquilibre glycémique chez les personnes obèses. Des travaux précédents avaient montré que des cellules immunitaires, notamment des macrophages et des lymphocytes T, infiltrent le tissu adipeux des sujets obèses, créant un environnement inflammatoire via la production de cytokines. L’IL-1β, produite localement par les macrophages, et l’IL-17 et IL 22, produites par certains lymphocytes T, sont en particulier surexprimées dans le tissu adipeux des patients obèses et obèses diabétiques. De plus, il a été montré que la production d’IL-1β et d’IL-17 diminue en cas de perte importante de poids, comme après une chirurgie bariatrique. Ce phénomène est en outre associé à un meilleur contrôle glycémique. 

Pour en savoir davantage sur les mécanismes relayant la production locale des cytokines, les chercheurs ont mesuré leur sécrétion au cours d’expériences conduites in vitro, à partir de culture impliquant des macrophages et des lymphocytes T isolés de tissu adipeux humain. Les résultats obtenus indiquent que l’IL-1β stimule la production d’IL-17 et d’IL-22, et inversement. « Il s’établit donc un dialogue entre les macrophages et les lymphocytes T, par l’intermédiaire de ces cytokines. Cela contribuerait à entretenir l’inflammation dans le tissu adipeux et ce de manière exacerbée chez les sujets obèses diabétiques », explique Michèle Guerre-Millo, co-auteur des travaux. 

Des pistes thérapeutiques envisageables

Ces travaux suggèrent déjà une nouvelle piste pour lutter contre les complications liées à l’obésité. « Un traitement par immunothérapie permettant de bloquer l’action de l’une ou l’autre de ces cytokines pourrait être envisagé. Des essais thérapeutiques prometteurs ont déjà été menés dans le diabète de type 2 en ciblant l’IL‑1b : la même stratégie pourrait en outre permettre de modérer le dialogue inflammatoire qui s’établit au sein du tissu adipeux », clarifie la chercheuse. 

En parallèle, les chercheurs de cette équipe tentent de mieux comprendre le rôle de ces cytokines dans les désordres métaboliques, au niveau du tissu adipeux lui-même. « Ces molécules peuvent en effet agir sur différents types cellulaires, et pas uniquement sur des cellules immunitaires. Reste à savoir sur lesquelles et par quels mécanismes, de manière à mieux comprendre les relations liant altérations cellulaires au niveau du tissu adipeux et diabète de type 2″, conclut la chercheuse. 

Note

*unité Inserm 872, UMPC, Centre de Recherche des Cordeliers et Institut hospitalo-universitaire ICAN (Institute of cardiology metabolism and nutrition), Paris 

Source

E. Dalmas et coll. T cell-derived IL-22 amplifies IL-1β-driven inflammation in human adipose tissue : relevance to obesity and type 2 diabetes. Diabetes, édition en ligne du 11 février 2014