Maladies émergentes : agir en consortium pour renforcer la recherche clinique

Eric d’Ortenzio, coordinateur du réseau REACTing porté par l’Inserm, s’est exprimé ce jour lors de l’ouverture de la 4e conférence du West African Consortium, à Bamako. Alors que cette conférence internationale vise à renforcer les capacités en recherche clinique des pays d’Afrique de l’Ouest, en particulier dans la lutte contre les maladies émergentes, le médecin spécialiste en santé publique est revenu sur l’essai vaccinal PREVAC, exemple fructueux d’un partenariat Nord-Sud en matière de recherche clinique.

Ebola, Lassa, dengue, Zika, peste… : au cours des deux dernières décennies, les maladies infectieuses émergentes transmissibles sont devenues une préoccupation majeure et récurrente, en particulier en Afrique de l’Ouest. C’est dans ce contexte que la Guinée, le Mali, le Libéria, la Sierra Léone et la Côte d’Ivoire ont décidé de s’unir pour former West African Consortium et mieux se préparer aux épidémies à venir. La 4e conférence du consortium (du 16 au 18 octobre 2018, à Bamako) met l’accent sur les moyens de renforcer la capacité de recherche clinique dans l’ère post-Ebola. Un thème important pour l’Inserm qui s’implique fortement dans des actions structurantes mises en œuvre dans les pays du Sud (Afrique Sub-Saharienne et d’Asie du Sud-Est), notamment à travers le groupe Aviesan Sud dont il assure la coordination au sein de l’alliance Aviesan. 

Essai PREVAC - Centre de vaccination de Mafèrinyah - Lansana Keita (à droite) est le premier volontaire de l'essai vaccinal de Mafèrinyah. Eric d'Ortenzio, Inserm, coordonnateur scientifique de l'essai pour la Guinée
Essai PREVAC, Centre de vaccination de Mafèrinyah. Lansana Keita (à droite) est le premier volontaire de l’essai vaccinal conduit à Mafèrinyah. Il passe régulièrement au centre de vaccination pour accompagner de nouveaux volontaires. Il échange ici avec le Dr Eric d’Ortenzio de l’Inserm, coordonnateur scientifique de l’essai pour la Guinée. Crédits : Inserm/Patrick Delapierre

Lors d’un discours prononcé à l’ouverture de la conférence, Eric d’Ortenzio est revenu sur une de ces actions phares : l’essai PREVAC (Partnership for Research on Ebola VACcination), destiné à évaluer trois stratégies vaccinales incluant différents candidats vaccins contre le virus Ebola. Ce projet est porté par un consortium international incluant l’Inserm, les Instituts nationaux pour la santé américains (National Institutes of Health, NIH), la Faculté d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (London School of Hygiene and Tropical Medicine, LSHTM) ainsi que les autorités sanitaires des quatre pays participant à l’étude (Guinée, Libéria, Sierra Leone et Mali). l’Inserm est promoteur de l’essai en Guinée. Sa mise en œuvre a été réalisée en partenariat avec l’organisation non gouvernementale ALIMA (The Alliance for International Medical Action). 

Renforcer les infrastructures locales, former les personnels, obtenir une adhésion

A ce jour, l’essai a permis d’inclure plus de 4 500 volontaires sains dans les quatre pays. Il a aussi permis de renforcer les infrastructures locales de recherche, et de former de nombreuses personnes à la recherche clinique en Afrique de l’Ouest. Un important travail de mobilisation sociale et d’engagement communautaire a également été réalisé par les équipes de socio-anthropologues et conseillers communautaires pour expliquer aux communautés locales l’intérêt de ce projet et obtenir leur adhésion. 

« Le renforcement des capacités en recherche clinique par ce type d’action est primordial pour les pays d’Afrique de l’Ouest. Il permettra de mieux anticiper et faire face aux futures menaces sanitaires. Ces ambitions, l’Inserm ne les porte pas seul et vous êtes nos partenaires », a conclu Éric d’Ortenzio en s’adressant West African Consortium.