Édition scientifique : un risque de coupure d’accès aux revues sous abonnement ?

Le monde de l’édition scientifique est en profonde restructuration et le chemin parcouru vers la science ouverte est sans retour. Si certains éditeurs l’ont bien saisi et l’accompagnent, les négociations se tendent entre les institutions publiques et les éditeurs qui campent sur leurs positions. Les chercheurs doivent être conscients de ces enjeux et s’associer à l’évolution du paysage de la diffusion de l’information scientifique.

Les négociations se tendent entre les institutions publiques et les éditeurs. Cela est dû en partie à la difficulté de financer les hausses récurrentes des prix d’abonnement et, surtout, à la convergence internationale pour développer une science ouverte. Maintenir les articles scientifiques derrière des barrières payantes apparaît aujourd’hui comme une pratique obsolète qui nuit à la circulation rapide des données scientifiques et qui n’est plus acceptable. La science ouverte ne se résume pas au libre accès à la production scientifique. C’est aussi en terminer avec la cession des droits des auteurs au profit des éditeurs car la science ouverte doit non seulement être accessible mais aussi librement réutilisable. 

De nombreux exemples illustrent cette tension qui monte. En Allemagne, l’accès aux revues Elsevier pour des centaines d’universités allemandes est en danger. Les négociations menées depuis plus de deux ans n’aboutissent pas à une solution satisfaisante et les universités s’apprêtent à ne pas renouveler les abonnements pour 2018. Les négociateurs allemands demandent notamment l’établissement de contrats mieux adaptés aux services attendus avec inclusion dans le prix des abonnements le libre accès immédiat pour les articles des auteurs issus des institutions concernées. 

En France, les désabonnements ont commencé dans plusieurs bibliothèques universitaires depuis déjà quelques années. Le climat est également tendu dans les négociations en cours ou à venir avec des éditeurs majeurs comme l’illustre une récente tribune de Libération ainsi que le point d’actualité de l’INSMI de décembre 2017 sur les négociations françaises avec Springer qui conclut même à la nécessité d’envisager un risque de coupure des accès. 

Le monde de l’édition scientifique est en profonde restructuration depuis plusieurs années et le chemin parcouru vers la science ouverte, associée au développement de nouveaux modèles de diffusion et de partage des données scientifiques, est sans retour. Si certains des grands éditeurs ont bien saisi ce besoin d’évolution à l’ère du numérique et l’accompagnent, d’autres, au contraire, campent sur leurs positions pour profiter jusqu’au bout des revenus financiers conséquents que l’ancien modèle leur garantit. 

Les chercheurs doivent être conscients de ces enjeux et doivent s’associer à cette évolution du paysage de la diffusion de l’information scientifique. 

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