Ebola : plus de 2 000 personnes déjà incluses dans l’essai vaccinal PREVAC

Alors que le virus Ebola ressurgit en République démocratique du Congo, voilà un an qu’a démarré l’essai vaccinal PREVAC (Partnership for Research on Ebola VACcination). Grâce à déjà plus de 2 000 adultes et enfants inclus en Guinée et au Libéria, cet essai clinique international évalue la sécurité et l’immunogénicité de deux candidats vaccins contre le virus Ebola. Les résultats seront déterminants pour prévenir une nouvelle épidémie.

Il y a quatre ans, la plus dévastatrice et la plus meurtrière épidémie d’Ebola jamais constatée sévissait en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria. L’OMS déclarait alors l’état d’urgence à l’échelle mondiale. Cette épidémie s’est finalement éteinte mi 2016, laissant derrière elle des populations meurtries avec près de 29 000 malades et 11 000 décès enregistrés. L’absence de médicament préventif ou curatif, associé à une morbi-mortalité considérable, ont conduit la communauté scientifique internationale à se mobiliser autour de la question des traitements et des vaccins. En France, le consortium REACTing (Research and Action targeting emerging infectious diseases), coordonné par l’Inserm, a géré les initiatives des équipes françaises pour la recherche sur Ebola. 

Le projet PREVAC est destiné à évaluer trois stratégies vaccinales incluant différents candidats vaccins contre le virus Ebola. Cet essai clinique qui se déroule en Guinée, au Libéria, en Sierra Leone et au Mali, permettra de mesurer la rapidité, l’intensité et la durée des réactions immunitaires générées par ces vaccinations, ainsi que l’innocuité et la tolérance des différents produits administrés, chez les adultes et chez les enfants âgés d’un an et plus. 

Le consortium PREVAC

Lancé en 2017, l’essai PREVAC (Partnership for Research on Ebola VACcination, Partenariat pour la recherche sur la vaccination contre Ebola) est porté par un consortium international incluant l’Inserm, les Instituts nationaux pour la santé américains (National Institutes of Health, NIH), la Faculté d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (London School of Hygiene and Tropical Medicine, LSHTM) et les autorités sanitaires des quatre pays participant à l’étude (Guinée, Libéria, Sierra Leone et Mali). 

l’Inserm est promoteur de l’essai en Guinée, qui se déploie dans deux centres d’étude, l’un situé en zone rurale, l’autre en zone urbaine à Conakry. Sa mise en œuvre a été réalisée en partenariat avec l’organisation non gouvernementale ALIMA (The Alliance for International Medical Action). Le NIH est promoteurs de l’essai au Libéria et au Mali (trois centres au total) et la LSHTM en Sierra Leone (un centre). Par ailleurs, deux centres assurent la coordination méthodologique et opérationnelle de l’essai : la plateforme académique Euclid/F‑CRIN à Bordeaux, en France, et l’Université du Minnesota aux Etats-Unis. 

Trois compagnies pharmaceutiques fournissent les vaccins testés : Janssen Vaccines & Prevention, B.V, une des entreprises Janssen Pharmaceutical de Johnson & Johnson, Bavarian Nordic et Merck Sharp & Dohme Corp (MSD en dehors des Etats-Unis et du Canada). 

Un recrutement très actif

Un an après le lancement du projet en mars 2017, les investigateurs ont déjà recruté plus de 2 000 personnes en Guinée et au Libéria, dont près de la moitié sont des enfants âgés de 1 à 17 ans. Une nouvelle phase d’inclusion s’ouvre à présent dans les centres des quatre pays participants, avec pour objectif d’inclure encore 2 800 personnes dont la moitié d’adultes et l’autre moitié d’enfants. En effet, lors de la précédente épidémie, environ 20% des cas de maladie à virus Ebola sont survenus chez des enfants : il est donc crucial d’évaluer les vaccins dans cette population, en particulier chez les plus jeunes, âgés de 1 à 5 ans, dont le système immunitaire est encore en développement. La phase d’inclusion devrait se poursuivre jusqu’en octobre 2018. 

« Ce projet a nécessité la mobilisation d’une équipe Inserm composée de médecins, pharmaciens et biologistes pour la préparation et la conduite de l’étude. Ils se relaient en Guinée depuis plus de 2 ans. Un très important travail de mobilisation sociale et d’engagement communautaire a également été réalisé par notre équipe de socio-anthropologues, en lien avec des conseillers communautaires pour expliquer aux communautés locales l’intérêt de ce projet et obtenir leur adhésion. Les guinéens étaient traumatisées par l’épidémie qui venait de se terminer, et potentiellement réfractaires à l’injection d’un vaccin. D’où l’importance de cet accompagnement qui se traduit par un excellent recrutement et suivi des participants », explique le Dr. Eric D’Ortenzio, coordinateur scientifique de PREVAC pour la Guinée. 

Un volontaire reçoit une inoculation à l'hôpital Redemption à Monrovia le jour de l'ouverture au Libéria de l'essai PREVAC, un essai de phase 2 du vaccin Ebola en Afrique de l'Ouest. Crédit : NIAID
Un volontaire reçoit une inoculation à l’hôpital Redemption à Monrovia le jour de l’ouverture au Libéria de l’essai PREVAC, un essai de phase 2 du vaccin Ebola en Afrique de l’Ouest. Crédit : NIAID

Les trois stratégies vaccinales testées sont les suivantes : 

  • une première vaccination d’Ad26.ZEBOV suivie d’une revaccination 8 semaines plus tard avec un vaccin différent, le MVA-BN-Filo
  • une dose unique de vaccin rVSV ∆G‑ZEBOV-GP sans re-vaccination
  • deux doses de rVSV ∆G‑ZEBOV-GP à huit semaines d’intervalle

Elles sont comparées avec des placébo de ces vaccins administrés selon les mêmes schémas d’injections.

Les volontaires doivent être en bonne santé et les enfants âgés d’au moins un an. Ils reçoivent soit un vaccin soit un placébo, puis sont suivis un an minimum et si possible jusqu’à cinq ans. Différents prélèvements sanguins sont effectués durant le suivi, pour permettre de mesurer la réponse immunitaire au cours du temps, objectif primaire de l’étude. 

Les premiers résultats devraient être disponibles en 2020. Ils permettront de comprendre la réponse immunitaire induite par les différents vaccins chez les adultes et les enfants et constitueront la base scientifique pour une éventuelle homologation des vaccins. 

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