Cancer du sein : une protéine prévient les métastases

Nouvel espoir pour les patientes atteintes de cancer du sein : une équipe de l’Inserm vient de montrer qu’une protéine dénommée ATIP3 protège du risque de développer des métastases. Les chercheurs entendent bien tirer une nouvelle arme thérapeutique de cette découverte.

De très nombreuses anomalies caractérisent les cellules cancéreuses. Le déficit en protéine ATIP3 vient s’ajouter à la liste : dans plus de six cas sur dix, les cellules de cancer du sein métastasique ne produisent pas (ou peu) cette protéine. Pourtant, elle aurait pu freiner leur dissémination dans l’organisme des patientes, et donc la formation des métastases. « Les patientes qui présentent un déficit en cette protéine au niveau de leurs cellules cancéreuses ont un risque accru de métastases et un moins bon pronostic à terme », expliquent Clara Nahmias et Sylvie Rodrigues-Ferreira*, coauteures des travaux sur cette protéine. 

Afin de clarifier le rôle d’ATIP3, les chercheuses ont injecté à des souris des cellules tumorales humaines qui produisent ou non la protéine. Au bout de 24 jours, 75 % des souris qui avaient reçu des cellules privées de la protéine avaient développé des métastases, contre seulement 15 % des souris du second groupe. « Cette protéine retarde véritablement l’apparition des métastases et les rend moins agressives. Dans le second groupe, les tumeurs apparues étaient en effet plus petites et moins nombreuses », résument les chercheuses. 

Une piste thérapeutique prometteuse

La protéine ATIP3 agit sur le squelette des cellules. Elle les rend plus stables, moins disposées à se disséminer dans l’organisme. Clara Nahmias et Sylvie Rodrigues-Ferreira ont même réussi à identifier le site d’interaction entre la protéine et les microtubules qui constituent le squelette cellulaire. « Les microtubules sont déjà ciblés par plusieurs traitements anticancéreux à base de taxanes. Ces traitements permettent d’éliminer les cellules cancéreuses, mais ce processus n’est pas sélectif et affecte toutes les cellules en division dans l’organisme. C’est pourquoi ils entraînent tant d’effets indésirables, comme la perte des cheveux. Notre idée est de trouver comment détruire spécifiquement les cellules déficientes en ATIP3, ou de développer une molécule pouvant mimer l’effet d’ATIP3 », clarifient les chercheuses. 

Cette stratégie pourrait en outre bénéficier à des patients atteints par d’autres types de cancer puisqu’un déficit en protéine ATIP a également été retrouvé dans des tumeurs du colon, des ovaires, de la sphère ORL, de la peau, de la vessie... « Il reste encore du chemin à parcourir, mais nous sommes très optimistes sur la mise au point d’un nouveau traitement », concluent-elles. 

Ces travaux font l’objet d’une protection par dépôt de brevet.

Note :
Unité 1016 Inserm/CNRS/Université Paris Descartes, Institut Cochin, Paris 

Source :
A. Molina et coll. ATIP3, a novel prognostic marker of breast cancer patient survival, limits cancer cell migration and slows metastatic progression by regulating microtubule dynamics. Cancer Research, édition en ligne du 8 février 2013