VIH : l’arrivée du virus chez l’hôte mieux comprise

Une équipe Inserm vient de proposer un scénario de transmission du virus du sida au sein des muqueuses. Leurs travaux montrent que les cellules dendritiques et les macrophages joueraient un rôle clé lors de la transmission du VIH par voies sexuelles.

Comprendre les toutes premières étapes de l’infection par le VIH en cas de transmission sexuelle : voilà l’objectif d’une équipe Inserm* qui explore depuis plusieurs années des pistes qui pourraient conduire au développement d’un vaccin contre le sida. A ce jour, plus de 80 % des infections ont lieu par voie sexuelle : c’est dire l’importance d’une bonne compréhension des mécanismes en jeu pour parvenir à bloquer le virus dès sa transmission à un partenaire. 

Un transfert de cellule à cellule

Les muqueuses vaginales et anales sont notamment composées de cellules immunitaires présentatrices d’antigènes, en particulier des cellules dendritiques (cellules de Langerhans, cellules dendritiques interstitielles) et des macrophages qui communiquent largement avec les lymphocytes T, siège de l’infection. Ces échanges se font par contact direct de cellule à cellule, localement ou dans les organes lymphoïdes. Ainsi les chercheurs supposaient que les cellules présentatrices d’antigènes pouvaient jouer un rôle clef dans la transmission du virus. 

Cette hypothèse a été testée in vitro, sur un mélange de cellules présentatrices d’antigènes similaires à celles présentes dans les muqueuses. Ces cellules ont été cultivées avec du VIH, puis des lymphocytes T ont été ajoutés. Résultat : le virus est bien capturé par les cellules dendritiques et les macrophages avant d’être transmis aux lymphocytes. Mais avec quelques nuances cependant : les cellules dendritiques fixent très efficacement le virus, mais ils le transmettent lentement aux lymphocytes, après un cycle de réplication du virus. Les macrophages le transmettent quant à eux aux lymphocytes T de façon directe, avant toute multiplication. 

Bloquer cette transmission

Toujours in vitro dans un modèle de culture cellulaire visant à reproduire les muqueuses, l’équipe a en outre montré qu’un anticorps dirigé contre le VIH peut stopper la transmission du virus de cellules à cellules. 

Ces travaux accomplis avec le soutien de l’ANRS (France REcherche Nord & Sud Sida-hiv Hépatites) sont donc tout à fait déterminants pour améliorer les stratégies vaccinales. Ils prouvent que, si un anticorps efficace contre le virus peut être produit par l’organisme, il doit impérativement se trouver dans les muqueuses pour bloquer le virus au moment même de sa transmission à l’hôte. Le chemin reste néanmoins long à parcourir pour connaître précisément toutes les étapes et les facteurs influençant ce transfert. « Il s’agit là d’un mécanisme de transmission très probable, mais compte tenu de la complexité du milieu vivant, d’autres mécanismes et des variations de ceux observés in vitro ne sont pas à exclure », rappelle Christiane Moog, coauteur de ces travaux. 

Note

* Unité Inserm 1110 /Université de Strasbourg, Institut de Virologie 

Source

M. Peressin et coll. Efficient transfer of HIV‑1 in trans and in cis from Langerhans dendritic cells and macrophages to autologous T lymphocytes. AIDS, édition en ligne du 21 janvier 2014