L’or améliore l’efficacité de la radiothérapie

Des nanoparticules d’or injectées dans des gliomes augmentent l’espérance de vie d’animaux traités par radiothérapie. Reste maintenant à évaluer la toxicité de ce traitement, pour pouvoir envisager de l’utiliser chez l’homme.

L’or pourrait bien venir un jour au secours des patients atteints de gliome. Une équipe de l’Inserm vient de montrer que des nanoparticules d’or améliorent significativement l’efficacité de la radiothérapie chez des rats porteurs de ce cancer. 

Augmenter les effets de la radiothérapie

Les gliomes sont des tumeurs du cerveau redoutables. L’espérance de vie des patients ne dépasse pas une quinzaine de mois après le diagnostic. Le traitement de référence repose sur l’utilisation de la radiothérapie, couplée à une chimiothérapie et/ou une chirurgie. Mais l’irradiation du cerveau par des rayons X reste très délicate car le rayonnement affecte aussi des zones non malades. L’idée est donc de parvenir à concentrer les rayons X sur les cellules tumorales. 

Une équipe* de l’Inserm s’est essayée à cet exercice en utilisant des nanoparticules d’or. « L’objectif est de charger la tumeur avec ce qu’on appelle un élément lourd, capable de capter les rayons X et d’en augmenter l’efficacité », explique Hélène Elleaume, coauteur des travaux. De manière générale, les rayons X excitent les atomes présents qui libèrent alors des électrons. Ces derniers endommagent les cellules au point de les tuer. « L’or permet de décupler cet effet, explique la chercheuse. Injectés au niveau de la tumeur, les atomes d’or sont particulièrement sensibles aux rayons X et libèrent de nombreux électrons qui entrainent encore plus de dégâts. Il s’agit en quelques sortes d’un générateur secondaire d’électrons ».

Des premiers résultats encourageants

Testées chez des rats porteurs de gliomes, des nanoparticules d’or de 15 nanomètres de diamètre irradiées avec le rayonnement synchrotron de l’ESRF (European Synchrotron Radiation Facility) ont permis d’augmenter l’espérance de vie des animaux de 24 à 42 jours. Néanmoins, des tests réalisés sur des rats sains montrent que l’injection intracérébrale des toutes petites nanoparticules utilisées est toxique. « Nous avons donc une preuve de concept mais l’évaluation toxicologique va être longue avant de pouvoir envisager d’appliquer ce traitement à l’homme », reconnaît la chercheuse. 

L’équipe expérimente en parallèle d’autres éléments lourds tels que l’iode. L’idée est exactement la même : renforcer l’effet de la radiothérapie. « L’iode est un élément moins lourd que l’or et donc théoriquement moins efficace dans cette indication. Mais il est déjà utilisé comme agent de contraste en imagerie médicale. Sa toxicité chez l’homme est déjà bien connue et permettra d’envisager rapidement des essais cliniques de phase I‑II », explique Hélène Elleaume. 


Note :
*Unité 836 Inserm/Université Joseph Fourier de Lyon, Grenoble institut des neurosciences (GIN), Grenoble 

Source :
L. Bobyc et coll. Photoactivation of Gold Nanoparticles for Glioma Treatment. Nanomedicine, édition en ligne du 1er mai 2013