Un nouveau biomarqueur pour prédire les chances de succès d’une FIV

Un biomarqueur pourrait bientôt permettre de connaître les chances réelles de donner naissance à un enfant au moment d’une fécondation in vitro, à en croire les travaux conduit par une équipe Inserm* au CHU de Montpellier. Les chercheurs ont en effet découvert un marqueur biologique identifiable de manière très peu invasive, permettant de savoir si une FIV a de bonnes chances d’aboutir ou non. Le résultat de ce test semble fiable à 88%. Le Pr Samir Hamamah, responsable de ces travaux, l’utilise depuis 2011 : il a ainsi doublé les taux de naissances issus de procréation médicalement assistée dans son service.

A la recherche d’un marqueur biologique

Tout démarre vers 2009, quand le Pr Samir Hamamah ne peut plus se satisfaire des 20% de chances de conception à l’issue de chaque tentative de conception in vitro. « Ce taux est très insatisfaisant. En outre, des milliers d’embryons sont éliminés chaque année sur des critères morphologiques qui ne permettent pas de connaître leur viabilité réelle. Et impossible de rechercher les anomalies chromosomiques chez les embryons en routine, comme cela se fait dans les pays anglosaxons : cette pratique est interdite par la loi française. Il fallait donc partir sur autre chose et trouver un bon marqueur pour réduire le nombre de tentatives se soldant par des échecs et dont le prix est très élevé pour la collectivité », explique-t-il.

Les chercheurs se tournent alors vers l’ADN libre, de l’ADN issu de cellules dégradées qui se retrouve dans le sang et les liquides biologiques. Plus sa concentration est importante, plus les cellules de l’organisme ont été stressées et détruites pour différentes raisons. 

Un pronostic fiable à 88%

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© Inserm, B. Lassalle Oeuf humain fécondé

Bonne pioche : il apparaît que les femmes qui ont un taux élevé d’ADN libre dans leur liquide folliculaire (liquide contenu dans le follicule ovarien) ont souvent une réserve ovarienne pauvre et des syndromes polykystiques. Elles ont moins de chance de tomber enceinte. En outre, chez une même femme, tous les follicules ne sont pas soumis à la même « dose » de stress au cours de leur maturation qui conduira à la libération d’un ovocyte. Ainsi, en analysant la concentration d’ADN libre dans le liquide folliculaire associé à chaque ovocyte prélevé avant une fécondation in vitro, les chercheurs sont en mesure de sélectionner les ovocytes les plus favorables, et de pronostiquer les chances de succès de la FIV. « Si l’ovocyte a été exposé à un stress excessif, l’embryon court un très grand risque d’évolution pathologique dégénérative, entrainant un échec de grossesse. Nous déconseillons alors de tenter la FIV « , clarifie le Pr Samir Hamamah. 

Les chercheurs ont également travaillé à partir de l’ADN libre circulant dans le sang et sont arrivés aux mêmes conclusions. Plus le taux est élevé, plus les chances de grossesse sont faibles. « Cela ne doit pas décourager les femmes. Ce marqueur varie au cours des cycles et indique qu’il faut décaler la tentative de deux ou trois mois pour tenter d’obtenir des ovocytes de meilleure qualité », clarifie le professeur. 

L’industrie pharmaceutique est déjà séduite par ce concept et s’est rapprochée des chercheurs. L’objectif est de développer un test permettant aux femmes de choisir le bon cycle à partir d’une simple prise de sang et de sélectionner les ovocytes les plus favorables au moment de la fécondation. 

Note

*unité 1203 Inserm/Université de Montpellier, IRB – Hôpital Saint Eloi, Montpellier 

Source

S Traver et coll. Cell-free DNA in Human Follicular Microenvironment : New Prognostic Biomarker to Predict in vitro Fertilization Outcomes. PLoS ONE 10(8): e0136172.