Un hydrogel améliore la médecine régénérative du cœur

Un hydrogel développé par des chercheurs de l’Inserm semble améliorer l’efficacité de la thérapie cellulaire pour traiter l’infarctus du myocarde. Les premiers résultats concluants, obtenus chez le rat, doivent maintenant être confirmés chez de plus gros animaux, puis chez l’homme.

Un hydrogel développé par une équipe de l’Inserm pourrait bien chaperonner les cellules souches utilisées en médecine régénérative chez les patients ayant fait un infarctus du myocarde. Il permet de protéger ces cellules et d’améliorer la fonction cardiaque altérée après un tel accident. 

La médecine régénérative, une réalité

La médecine régénérative progresse rapidement en cardiologie. Elle consiste à injecter des cellules souches au niveau du cœur, afin qu’elles se comportent en cellules actives de cet organe et restaurent sa fonction. « Cette voie appelée thérapie cellulaire est très avancée. Un essai clinique de phase III permettant d’évaluer son bénéfice chez 3 000 patients ayant fait un infarctus du myocarde va d’ailleurs débuter dans plusieurs centres européens » explique Patricia Lemarchand*, coauteur des travaux sur l’hydrogel. « Actuellement, les traitements limitent la progression vers une insuffisance cardiaque sévère mais ne permettent pas de rétablir une bonne activité contractile du muscle cardiaque. La thérapie cellulaire devrait permettre d’accélérer et d’amplifier le processus de réparation de ce muscle » précise-t-elle. 

Les cellules souches utilisées proviennent de la moelle osseuse et sont injectées directement dans l’artère coronaire, au niveau du site lésé par l’infarctus. Elles améliorent la fonction cardiaque après un infarctus du myocarde mais ne permettent pas à ce jour de la restaurer intégralement. De nombreux chercheurs se consacrent donc à l’amélioration de la technique. Parmi eux, une équipe de l’Inserm mise sur un hydrogel, déjà utilisé pour des expérimentations au niveau du cartilage. 

Un hydrogel prometteur

Sa composition à base de cellulose devrait permettre d’améliorer la cicatrisation des sites lésés par l’infarctus et de stabiliser la taille des lésions. Les chercheurs l’ont donc co-injecté avec des cellules souches chez des rats en phase d’infarctus du myocarde aigu. Ils ont constaté une amélioration significative de l’état de santé des animaux ayant reçu le gel en plus des cellules souches, par rapport à ceux ayant reçu seulement ces dernières. « L’hydrogel a permis d’améliorer la fonction cardiaque, de limiter le remodelage du ventricule gauche et donc le risque d’insuffisance cardiaque. Il semble créer un microenvironnement favorable à l’implantation des cellules souches qui vont agir directement sur la réparation du tissu cardiaque en stimulant la formation de nouveaux vaisseaux sanguins ou en donnant naissance à de nouvelles cellules fonctionnelles » précise la chercheuse. Des résultats prometteurs qui doivent être confirmés chez de plus gros animaux, puis chez l’homme.

Note :
*Unité Inserm 1087, Institut du Thorax, Nantes 

Source :
E. Mathieu et coll. Intramyocardial delivery of mesenchymal stem cell-seeded hydrogel preserves cardiac function and attenuates ventricular remodeling after myocardial infarction. PLoS One. 2012;7(12):e51991