Le diagnostic préimplantatoire de la mucoviscidose de plus en plus performant

Voilà dix ans que le CHU de Montpellier propose le diagnostic préimplantatoire (DPI) de la mucoviscidose aux couples à haut risque de transmettre la maladie. Pendant ces années, le centre de DPI de Montpellier (affilié à l’unité Inserm U827), chargé de ce diagnostic au sein du CHU, n’a cessé d’améliorer sa technique. Il propose désormais un test très efficace, applicable à 98 % des couples concernés.

© Inserm, B. Lassalle Embryon humain

A ce jour, ils sont vingt-cinq : 25 enfants de parents porteurs sains ou atteints de mucoviscidose, tous nés en bonne santé grâce à un diagnostic préimplantatoire (DPI) conduit au CHU de Montpellier. Et cinq grossesses sont en cours ! Ces naissances heureuses et celles à venir sont le résultat de dix ans de travaux menés par le laboratoire* dédié au DPI au sein du CHU, pour améliorer la technique et analyser de façon toujours plus fiable les embryons. 

Le DPI a connu un essor important au cours des dix dernières années. Réalisé sur des embryons conçus par fécondation in vitro, ce diagnostic a pour objectif d’implanter dans l’utérus de la mère, un ou des embryons indemnes d’une maladie donnée. Il ne se pratique que dans quatre centres en France et n’est autorisé qu’en cas de risque majeur de transmission d’une maladie héréditaire particulièrement grave. Parmi ces maladies, la mucoviscidose représente 15 % des demandes de DPI moléculaire à Montpellier : c’est le motif le plus fréquent de recours à ce type de diagnostic. 

Mais il s’avère qu’un DPI de la mucoviscidose est compliqué à réaliser : le nombre de mutations du gène CFTR associées à la maladie est très important – 1 966 sont connues à ce jour – et les mutations portées par chacun des parents peuvent être différentes. 

Recherche de mutation chez les parents puis l’embryon

Ainsi, il faut commencer par rechercher les mutations présentes chez les deux parents à partir de cellules sanguines. On étudie aussi plusieurs marqueurs dans et à proximité du gène CFTR. Ces caractéristiques génétiques permettront d’étudier avec précision l’ADN de l’embryon, par exemple afin d’écarter les risques d’erreur dus à un défaut d’amplification d’un fragment de gène, ou à l’absence du chromosome à étudier dans le noyau de la cellule embryonnaire. En outre, la technique doit être suffisamment performante pour fournir des résultats fiables en moins de 24 heures, un délai qui permet d’optimiser les chances de grossesse après transfert dans l’utérus maternel. 

« Ces analyses préalables sont effectuées sur l’ADN de chacun des 50 lymphocytes isolés chez chaque parent, ceci afin d’optimiser les analyses sur cellule unique. Le test est ensuite réalisé sur l’ADN d’une seule cellule embryonnaire, prélevée trois jours après la fécondation in vitro », précisent Mireille Claustres, directeur du laboratoire, et Anne Girardet, responsable du DPI moléculaire. Le test permet de déterminer si les embryons ont hérité d’allèles CFTR indemnes ou mutés. Pour mémoire, un enfant hérite de deux copies (ou « allèles ») du gène CFTR, chacune provenant d’un parent. Il ne sera malade que si les deux allèles portent une mutation. 

Résultats fiables dans 94% des cas

« Nous affinons notre technique depuis dix ans et nous disposons aujourd’hui d’un test applicable à 98 % des couples éligibles, avec environ 94 % de résultats à l’issue des analyses génétiques », se réjouissent les deux chercheuses. Sur 142 couples candidats à un DPI de la mucoviscidose au CHU de Montpellier, les cycles de procréation médicalement assistée (PMA) ont permis la conception de 493 embryons. Le DPI a permis d’en identifier 112 qui présentaient des mutations sur les deux allèles et 262 porteurs d’une mutation sur un seul allèle ou dénués de toute mutation. Le diagnostic n’a pu être réalisé sur plus d’une centaine d’embryons, en raison d’un arrêt du développement, de l’absence de matériel génétique ou encore d’aberrations chromosomiques. A ce jour, 25 naissances d’enfants indemnes ont eu lieu, et 5 grossesses sont en cours. 

« Le DPI rend un service immense aux couples qui souhaitent s’engager dans cette démarche. Il faut voir la lueur dans leurs yeux quand l’équipe de procréation médicalement assistée leur annonce qu’un ou deux embryons indemnes peuvent être transférés », confient les deux généticiennes. Et cette joie pourrait être partagée par de plus en plus de parents dans les années à venir : « L’information délivrée à ces couples à haut risque s’améliorent, entraînant une augmentation des demandes », ajoutent-elles.

Note

*unité 827 Inserm/Université Montpellier 1 

Source

A. Girardet et coll. Preimplantation Genetic Diagnosis for Cystic Fibrosis : the Montpellier centre’s 10-year experience. Clin Genet, édition en ligne du 25 avril 2014