Cancer du sein, le risque dépend des traitements hormonaux de la ménopause

Une nouvelle étude de l’Inserm revient sur les risques de cancer du sein chez les femmes utilisant les traitements hormonaux de la ménopause prescrits en France. Les résultats confirment la meilleure sécurité des traitements à base de progestérone naturelle.

Les traitements œstroprogestatifs à base de progestérone naturelle, utilisés contre les symptômes de la ménopause, ne semblent pas augmenter le risque de cancer du sein contrairement à ceux qui contiennent des progestatifs de synthèse. Voilà les principales conclusions d’une nouvelle étude de l’Inserm sur le sujet. 

Depuis la parution de travaux en 2002 montrant un risque accru de cancers du sein chez les femmes prenant des traitements hormonaux de la ménopause, plusieurs études se sont intéressées aux effets des différents types de médicaments disponibles. En France, la prescription de traitements à base de progestérone naturelle est très répandue à l’inverse des autres pays où les progestatifs de synthèse sont presque toujours utilisés. 

Une équipe de l’Inserm a donc étudié les risques de cancer du sein en fonction des traitements utilisés en France. Ils ont pour cela réalisé une étude dite « cas-témoins », en recrutant des femmes ménopausées ayant eu un cancer du sein entre 2005 et 2007 dans les départements d’Ile-et-Vilaine et de Côte d’Or, ainsi qu’un nombre équivalent de témoins de même âge, également ménopausées mais non malades. Au total, 1 555 femmes ont participé. 

Les traitements passés à la loupe

Les chercheurs ont passé en revue tous les traitements hormonaux de la ménopause pris par ces femmes et leur mode d’administration, continu ou séquentiel. Ils ont en outre déterminé le délai entre le début de la ménopause et celui du traitement. 

Les résultats confirment que le risque de cancer dépend du type de médicament utilisé, notamment de la nature des progestatifs inclus dans les traitements. L’utilisation de progestérone naturelle micronisée n’est pas associée à une augmentation significative du risque de cancer du sein par rapport à celui observé chez les femmes ne prenant pas de traitement hormonal de la ménopause. « Cela avait déjà été montré dans l’étude de cohorte E3N en France, mais il était important de le confirmer par une nouvelle étude », indique Pascal Guénel*, co-auteur de ces travaux. 

En revanche, la prise de progestatifs de synthèse augmente nettement ce risque, qui s’accroit encore avec la durée d’utilisation. « L’augmentation du risque de cancer du sein est plus marquée avec les progestatifs de synthèse dérivés de la testostérone qu’avec ceux dérivés de la progestérone. Mais le mode de prise, en continu des premiers et séquentiel pour les second, pourrait être responsable de cette différence », commente le chercheur. Enfin, le tibolone, un médicament plus récent également utilisé contre les symptômes de la ménopause, semble aussi augmenter le risque de cancer du sein. Toutefois, les résultats ne sont pas statistiquement significatifs dans ce dernier cas. 

Un choix de traitement au cas par cas

« Les traitements à base de progestérone naturelle pourraient être recommandés puisqu’ils assurent une meilleure protection contre les cancers du sein que les traitements à base de progestatifs de synthèse. Mais les choses ne sont pas si simples ! Les progestatifs ont été ajoutés aux œstrogènes dans les traitements de la ménopause afin de prévenir les risques de cancer de l’endomètre liés à la prise d’œstrogènes seuls. Or, il semble que la progestérone naturelle soit moins efficace que les progestatifs de synthèse pour prévenir ce risque de cancer de l’endomètre », prévient Pascal Guénel. 

Note
*Unité 1018 Inserm / Université Paris sud, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Villejuif 

Source
E. Cordina-Duverger et coll. Risk of Breast Cancer by Type of Menopausal Hormone Therapy : a Case-Control Study among Post-Menopausal Women in France. PLoS ONE du 1er novembre 2013, 8(11): e78016. doi:10.1371/journal.pone.0078016