Arrêts cardiaques : des lieux plus à risque que d’autres

Les arrêts cardiaques sont plus fréquents dans les gares parisiennes que dans tout autre lieu de la capitale, y compris les zones très peuplées. C’est ce que montre une équipe Inserm qui a référencé et géolocalisé tous les cas survenus sur la voie publique entre 2000 et 2010.

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© E. Marijon et coll. Circulation, 2015 Géolocalisation des arrêts cardiaques survenus sur la voie publique à Paris entre 2000 et 2010 

Davantage de défibrillateurs dans les gares : Voilà ce que proposent des chercheurs suite à leurs travaux sur les lieux où surviennent des arrêts cardiaques dans les rues de Paris. Depuis 2007, de plus en plus de défibrillateurs sont en effet mis à la disposition de tous un peu partout dans la capitale, mais ils sont placés de façon aléatoire dans des lieux publics. Pour tenter d’améliorer leur distribution, le Centre d’expertise Mort subite (Inserm, AP-HP, Université Paris Descartes), aidé par la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris et de l’Atelier parisien de l’urbanisme, a géolocalisé tous arrêts cardiaques survenus entre 2000 et 2010. Les chercheurs ont ensuite étudié les facteurs influençant la distribution de ces accidents. 

Paris quadrillée

Au total, 1 255 arrêts cardiaques survenus sur la voie publique, c’est-à-dire en dehors de l’hôpital et du domicile, ont été recensés au cours de cette période. Les chercheurs les ont situés individuellement sur une carte de la capitale découpée en 2 020 cases renseignant chacune sur leur densité de population, le flux de population et les équipements urbains présents (gare, école, centre commercial, musée...). 

L’analyse de ces données montre qu’il n’y a pas d’association entre la fréquence d’arrêts cardiaque et la densité d’habitation dans une zone donnée. Par contre, il existe une forte association avec la fréquentation d’un lieu, à savoir le nombre de personnes qui y passent au cours d’une journée. Et cinq lieux ressortent particulièrement : les cinq principales gares parisiennes. C’est ainsi que moins de 1% de la surface de la ville concentre près de 20% du nombre total d’arrêts cardiaques. 

Les gares, zone à risque d’arrêt cardiaque

Curieusement, les sites touristiques et les musées aussi fréquentés que les gares (Notre-Dame, le Louvre ou encore le parc des expositions de la porte de Versailles) ne sont pas associés à une sur-présentation d’arrêts cardiaques. Celle-ci est spécifique des gares où la survenue de ces accidents est globalement cinq fois plus importante que dans ces lieux touristiques. Les auteurs ignorent les raisons de ce phénomène, mais ils suspectent le rôle du stress physique et psychologique généré par les déplacements et les transports. En attendant de clarifier ce point, « les gares parisiennes représentent des zones à risque d’arrêt cardiaque, selon Eloi Marijon*, responsable de ces travaux. Il faudrait donc renforcer la présence des défibrillateurs dans ces lieux plutôt que chercher à l’homogénéiser dans tous les quartiers de la capitale. Et bien sûr, il faut continuer à sensibiliser le grand public à l’utilisation de ces appareils encore trop rarement utilisés en cas de problème », rappelle-t-il.

Note

*unité 970 Inserm/Université Paris-Descartes, Paris-Centre de recherche cardiovasculaire (PARCC), hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), Paris 

Source

E. Marijon et coll. Population Movement and Sudden Cardiac Arrest Location. Circulation, édition en ligne du 11 mars 2015