AccueilActualitéPortraitsNabila Bouatia-Naji : La génétique au cœurNabila Bouatia-Naji : La génétique au cœur Publié le : 25/11/2025 Temps de lecture : 3 min PortraitsPrix Science et société-Opecst 2025 – De Tanger à Paris, en passant par Lille, Nabila Bouatia-Naji n’a eu de cesse de relever des défis. Comme l’identification de gènes de prédisposition à des maladies cardiovasculaires qui touchent majoritairement les femmes. Ce Prix salue son engagement à partager les résultats de ses travaux.Nabila Bouatia-Naji, unité 970 Inserm/Université Paris-Cité, Paris centre de recherche cardiovasculaire © Inserm/François GuénetLa recherche en génétique et le lien entre science et société : ce sont les deux axes qui guident le parcours de Nabila Bouatia-Naji, directrice de recherche Inserm au Paris centre de recherche cardiovasculaire (Parcc).Tout commence à Tanger, au Maroc, où elle découvre sa passion pour la génétique et la transmission des caractères héréditaires. Faute de moyens dans les universités marocaines, elle rejoint Lille en 1998. Lille, son manque de lumière, son accent difficile à comprendre pour la jeune Marocaine. Mais « c’est aussi une ville très sympathique, pleine d’étudiants, et de laboratoires prestigieux ». C’est la force de Nabila Bouatia-Naji : trouver le positif dans toutes les situations !Les défis des maladies polygéniquesLicence, maîtrise, DEA – l’équivalent d’un master 2 désormais –, elle enchaîne les années universitaires dans le Nord. En 2001, elle débute sa thèse dans le laboratoire Inserm de Philippe Froguel, spécialiste de la génétique du diabète de type 2. « Cela m’a fascinée de pouvoir faire de la génétique naturelle dans les familles », souligne celle qui jusqu’ici n’avait touché qu’à la génétique végétale. D’autant que le diabète de type 2 est une maladie polygénique, dans laquelle interviennent plusieurs gènes de prédisposition. Et, les maladies monogéniques sont trop simples pour l’étudiante, qui accorde « aimer les défis ! »Après un post-doctorat à Cambridge, elle est recrutée à l’Inserm et rejoint le Parcc en 2011. Dans l’équipe parisienne de Xavier Jeunemaître, elle s’attaque à la dysplasie fibromusculaire, une pathologie artérielle méconnue, qui ne met pas en cause une accumulation de lipides comme c’est souvent le cas, et qui touche majoritairement les femmes. Grâce aux études d’association génétique, Nabila Bouatia-Naji identifie un premier emplacement sur le chromosome 6 lié non seulement à la dysplasie fibromusculaire, mais aussi à la dissection coronarienne spontanée, une forme peu connue de l’infarctus qui partage des liens cliniques avec la dysplasie fibromusculaire. Cette découverte sera d’ailleurs déterminante pour l’obtention en 2017 d’une bourse Starting Grant du Conseil européen de la recherche et la création de son équipe de recherche.Partager avec la sociétéLors de présentations à des congrès aux États-Unis d’Amérique et en Europe, la scientifique impulse des collaborations internationales. Objectif ? Combiner toutes les cohortes existantes avec ADN disponible sur la dysplasie et la dissection coronarienne qu’elle étudie. Une initiative qui lui permet de conduire deux grandes analyses génétiques sur ces maladies artérielles atypiques. À ce jour, 18 gènes de prédisposition ont pu être identifiés !Son enthousiasme et sa détermination, Nabila Bouatia-Naji les met aussi au service du partage des connaissances. En 2019, après un appel sur les réseaux sociaux, elle contribue à la création du site scadinfo.fr dédié à la dissection coronarienne spontanée, afin de mieux informer et soutenir les patientes. Elle rappelle avec force « que les maladies cardiovasculaires féminines restent négligées, alors qu’elles constituent la deuxième cause de mortalité en France ».Très fière d’être lauréate du Prix Science et société-Opecst, elle aimerait que l’Inserm bénéficie d’un soutien accru de ses tutelles, notamment pour la recherche cardiovasculaire. En attendant, faisant sien l’adage de l’un de ses mentors, « ton meilleur papier, c’est le prochain », la chercheuse a déjà plein d’autres projets.Découvrir les autres lauréates et lauréats des Prix Inserm 2025À lire aussi Web-émission – Santé des femmes : encore trop d’inégalitésCulture scientifique Marina Kvaskoff, Prix Science et société-Opecst 2023Portraits