AccueilActualitéPortraitsFrancine Behar-Cohen, Prix Innovation 2021Francine Behar-Cohen, Prix Innovation 2021 Publié le : 02/12/2021 Temps de lecture : 3 min PortraitsFrancine Behar-Cohen est chirurgienne ophtalmologue, chercheuse… et créatrice de start-up. Elle souhaite en effet avant tout que ses découvertes quittent son laboratoire et soulagent au plus vite les malades. Ses travaux et leur valorisation lui valent le Prix Innovation.Francine Behar-Cohen © Inserm / François GuénetDes start-up pour soigner les maladies de l’œil Portrait vidéo de Francine Behar-Cohen, lauréate du Prix Innovation 2021 – 1 min 10 Quand Francine Behar-Cohen assure : « Tout ce qui est innovant m’intéresse », on la croit sur parole ; en témoigne son parcours jalonné de créations de start-up, de traitements innovants et de nouveautés propres à l’Inserm.Son premier fait d’arme : la mise au point, pendant son doctorat en biologie et son clinicat, d’une méthode d’administration des médicaments dans l’œil non invasive1–2. « Le projet n’étant pas assez mûr pour les industriels, j’ai créé en 1999 une start-up, Optis France, pour mener des essais cliniques3 ; soigner les souris n’est pas une finalité ! relate-t-elle. J’ai découvert un autre monde, celui du capital-risque, des investissements, des autorités réglementaires, et j’ai beaucoup appris sur le tas. »Médecine ou recherche, l’impossible choixLorsque Optis France devient Eyegate Pharma aux États-Unis, elle quitte l’aventure, achève son clinicat, réussit le concours de chercheuse Inserm et doit choisir entre médecine ou recherche. Mission impossible ! « J’ai alors bénéficié en 2001 de mesures nouvelles à l’Inserm. Un contrat d’interface m’a permis d’être médecin et chercheuse. Et le programme Avenir m’a donné les moyens de monter mon équipe. Deux coups de pouce majeurs », souligne-t-elle. Trois ans plus tard, elle dirige une unité Inserm qui, en 2008, rejoint les seize autres équipes du Centre de recherche des Cordeliers (unité 1138 Inserm/Sorbonne Université/Université de Paris) à Paris, où elle travaille toujours.L’équipe composée à son image, transdisciplinaire et multinationale, multiplie découvertes et brevets. « En la matière, Inserm Transfert est un soutien précieux, rapide et efficace », assure Francine Behar-Cohen. Cette filiale privée de l’Inserm accompagne ses chercheurs dans les démarches de valorisation de leurs travaux. « Et c’est entre autres grâce à Inserm Transfert Initiative, son fonds d’investissement dédié à l’amorçage des start-up issues de cette valorisation, que j’ai pu fonder Eyevensys en 2008. » Cette société développe une thérapie génique non virale – le gène thérapeutique est apporté aux cellules sans l’aide d’un virus – issue des travaux de l’équipe4–5 ; « deux anciens étudiants l’ont d’ailleurs rejointe », précise-t-elle. Aujourd’hui, Eyevensys mène des essais cliniques chez des malades atteints d’uvéite chronique non infectieuse, une maladie rare de l’œil, et en prépare d’autres dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et des maladies de la rétine qui conduisent à la cécité.L’équipe de Francine Behar-Cohen : Jenny Youale, Emilie Picard, Francine Behar-Cohen et Laura Bénichou. Unité Inserm 1138 » Physiopathologie des maladies occulaires » au Centre de recherche des Cordeliers © Inserm / François GuénetSerial entrepreneureConseillère d’Eyevensys, directrice d’unité, médecin, propriétaire de 26 familles de brevets… on pourrait croire Francine Behar-Cohen rassasiée. Il n’en est rien. Une nouvelle start-up est sur le feu pour repositionner contre des maladies de la rétine des molécules déjà prescrites dans d’autres indications6–7. « Aujourd’hui, j’attends l’application de la loi Pacte votée en 2019, qui permet aux fonctionnaires de créer une entreprise et/ou d’y avoir un statut actif, indique-t-elle. Plus largement, la France est facilitante pour la création de start-up et les chercheurs sont suffisamment habitués aux obstacles et à l’inattendu pour se lancer dans ce genre d’aventures. Néanmoins des formations rapides afin d’avoir les clés du monde de l’entreprise seraient bienvenues. » Un univers que Francine Behar-Cohen commence à bien connaître.🔎 Pour en savoir plus sur la rétine, les pathologies qui peuvent l’affecter et les stratégies thérapeutiques développées pour y remédier, consultez la série « Rétine » coordonnée par Francine Behar-Cohen, publiée dans la revue médecine/sciences.Notes :1 : F. Behar-Cohen et al. Exp Eye Res., octobre 1997 ; doi : 10.1006/exer.1997.03642 : F. Behar-Cohen Med Sci (Paris)., juin-juillet 2004 ; doi : 10.1051/medsci/2004206–77013 : M. Halhal et al. Exp Eye Res., mars 2004 ; doi : 10.1016/j.exer.2003.10.0174 : C. Bloquel et al. FASEB J., 13 décembre 2005 ; doi : 10.1096/fj.05–4737fje5 : É. Touchard et al. Mol Ther., 17 janvier 2012 ; doi : 10.1038/mt.2011.3046 : F. Behar-Cohen, Ophthalmologica, 28 juin 2018 ; doi : 10.1159/0004896737 : M. Zhao et al. Diabetes, 23 août 2021 ; doi : 10.2337/db21-0099