Ebola

Maîtriser ou prévenir la prochaine épidémie

La maladie à virus Ebola (ou fièvre hémorragique à virus Ebola) est une maladie grave, souvent mortelle chez l’homme. Quels en sont les symptômes ? Comment se propage-t-elle ? Quelles sont les recherches en cours ?

Epidémie en cours en République Démocratique du Congo (RDC)

L’Institut national de recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa et l’Inserm ont caractérisé la nature du virus Ebola à l’origine de l’épidémie sévissant actuellement en République Démocratique du Congo (RDC). La souche identifiée est la souche dite Ebola Zaïre. 

Lire le communiqué de presse du 20/05/2018

A lire aussi sur The Conversation : Face à l’épidémie d’Ebola, la question des traitements expérimentaux, par Eric D’Ortenzio et Yazdan Yazdanpanah (8/06/2018)

Comprendre Ebola

Le virus Ebola est un virus mortel très contagieux.

Quels sont les symptômes ?

Après 2 à 21 jours d’incubation, la maladie se manifeste par des symptômes non spécifiques à cette maladie : fièvre, fatigue, douleurs musculaires et articulaires. Elle évolue ensuite vers une phase caractérisée par des signes gastro-intestinaux (diarrhées sanglantes et vomissements), des signes respiratoires et parfois neurologiques. Dans 40 à 80% des cas, l’évolution est fatale. 

Le virus Ebola – animation pédagogique et interview – 14 min – extrait de la série Grandes Tueuses (2016)

Comment se transmet le virus ?

La propagation interhumaine de la maladie est liée à une multitude de paramètres à la fois sanitaires (difficultés de diagnostic biologique, débordement des systèmes de santé dans des pays qui sortent pour certains d’une longue période de guerre civile, organisations humanitaires débordées par l’ampleur de l’épidémie) et socio-culturels (rites funéraires, fossé culturel entre les populations et les équipes soignantes, manque de confiance envers les autorités des pays et agences internationales). De plus, les modes de transport modernes peuvent favoriser et accélérer la propagation du virus hors de la zone initialement contaminée. 


Une épidémie sans précédent 

En mars 2014, démarrait en Afrique de l’Ouest une épidémie de maladie à virus Ebola sans précédent. Un an et demi plus tard, le bilan est lourd : plus de 28 400 cas ont été signalés dans le trois pays les plus touchés (Sierra Leone, Libéria et Guinée) et près de 11 300 décès sont à déplorer. 


Les enjeux de la recherche

Traiter

Les recherches sur le virus Ebola doivent améliorer la prise en charge thérapeutique des malades, qu’il s’agisse de traitements limitant la réplication du virus ou renforçant la protection de l’hôte. C’est un besoin majeur car, en dehors d’un traitement symptomatique (permettant de soulager la douleur mais non de traiter sa cause), il n’y a à ce jour aucun traitement efficace. L’enjeu est donc de développer des antiviraux contre Ebola. 

Essais cliniques JIKI dans le Centre de Traitement Ebola de ALIMA à Nzérékoré – reportage – 4 min 34 – ALIMA (The Alliance for International Medical Action) – 2015 

Résultats de l’essai clinique promu par l’Inserm en Guinée

En l’absence de traitement spécifique contre la maladie à virus Ebola, l’essai clinique JIKI – un essai de phase II, multicentrique et non comparatif – a débuté le 17 décembre 2014 en Guinée pour tester la capacité du favipiravir à réduire la mortalité chez les personnes infectées par le virus Ebola. Les résultats de l’étude indique qu’il est peu probable qu’une monothérapie de favipiravir soit efficace chez les patients présentant une virémie très élevée, mais la molécule mérite de continuer à être évaluée chez les patients présentant une virémie intermédiaire à élevée. Chez ces patients, la mortalité était 33 % inférieure à la valeur d’avant l’essai et la virémie a diminué rapidement sous traitement. Ce résultat ne prouve pas que le favipiravir est efficace chez ces patients, mais il indique que la question reste ouverte et il donne des indications sur la manière de mieux l’aborder.


Pour en savoir plus, consultez la fiche détaillée de l’essai clinique lancé en Guinée et et le communiqué de presse Résultats définitifs de l’essai JIKI (03/03/2016)


Vacciner

Plusieurs candidats vaccins contre Ebola ont donné des résultats prometteurs lors d’études précliniques et font désormais l’objet d’essais cliniques. Les résultats d’une analyse intérimaire d’un essai de phase III conduit en Guinée, concernant l’efficacité du vaccin Ebola VSV-EBOV, sont très encourageants. Par ailleurs, un projet coordonné par l’Inserm, testant une vaccination préventive contre Ebola a été sélectionné par la Commission Européenne. Le protocole prévoit d’inclure des participants en Europe et en Afrique pour évaluer la réponse immunitaire et la bonne tolérance d’une stratégie vaccinale dite « prime boost », fondée sur l’utilisation de deux candidats vaccins. 


Un nouvel essai lancé en Afrique de l’Ouest pour évaluer trois stratégies de vaccination

l’Inserm, les NIH (États-Unis) et la London School of Hygiene & Tropical Medicine, en collaboration avec les autorités sanitaires de Guinée et du Libéria, lancent un nouvel essai clinique de grande taille portant sur des candidats vaccins contre Ebola, sous l’égide du consortium international PREVAC (Partnership for Research on Ebola VACcination). Cet essai vise à identifier les stratégies de vaccination les plus prometteuses pour protéger les personnes de la fièvre Ebola, afin de prévenir ou de maîtriser rapidement une future épidémie. Plus de 5 000 adultes et enfants vivant dans les pays d’Afrique de l’Ouest, proches de l’épicentre de l’épidémie de fièvre Ebola de 2014–2016, seront recrutés. Un centre supplémentaire est également prévu en Sierra Leone. 

Pour en savoir plus, lire le communiqué de presse du 6 avril 2017


Diagnostiquer

L’épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l’Ouest impose de réaliser les diagnostics localement avec des techniques utilisables sur le terrain. Plusieurs systèmes de « tests rapides » ont été développés depuis le début de l’épidémie. L’un d’entre eux a été mis au point par une équipe de la Direction des Sciences du Vivant (DSV) du CEA, avec l’appui du laboratoire de haute sécurité biologique P4 Inserm Jean Mérieux (Lyon). Il permet de diagnostiquer la maladie en 15 minutes maximum à partir de quelques gouttes de sang ou de sérum.

Pour aller plus loin