Michel Boiron

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Mis à jour le 7, janvier 2019 

Michel Boiron, hospitalo-universitaire et scientifique a vécu la grande aventure des progrès médicaux intervenus dans le champ des leucémies. 

Après son internat et son clinicat, sur les conseils de Jean Bernard, Michel Boiron va, en 1956, s’initier à la recherche à l’Institut Gustave-Roussy, chez Maurice Tubiana, l’un des spécialistes mondiaux en radiobiologie et dont les travaux sont à l’origine de l’utilisation des isotopes radioactifs en médecine. Le laboratoire de Tubiana est surtout centré sur la radio-physique et sur les effets corporels des radiations, et Michel Boiron va s’intéresser au métabolisme du fer radioactif, partageant le laboratoire avec Claude Paoletti, biologiste moléculaire. 

De retour à l’hôpital Saint-Louis, il est nommé directeur du laboratoire d’hématologie expérimentale au sein de l’Institut d’hématologie, dirigé par Jean Bernard. Le local est immense, mais vide. En six mois, Michel Boiron crée une équipe de dix chercheurs, biologistes moléculaires, hématologistes, immunologistes, généticiens et virologues et, parmi ceux-ci, Françis Galibert, Christian Larsen, Georges Périès, Marc Thomas, Jean-Paul Lévy, Pierre Tiollais, Armand Tavitian, Jay Levy. 

L’axe essentiel des recherches du laboratoire sera l’étude moléculaire des virus leucémiques responsables des leucémies murines et des leucémies bovines. Une série de travaux princeps a permis à Michel Boiron et ses collaborateurs la caractérisation de l’ARN viral (ARN lourd), la culture in vitro des virus leucémiques et la première quantification, au microscope électronique, de la production virale. La recherche de l’ARN viral dans les leucémies humaines, menée en collaboration avec le National Cancer Institute (National Institutes of Health, Bethesda) américains, dans le cadre du plan Nixon contre le cancer n’a toutefois pas donné de preuve irréfutable de l’origine virale des leucémies humaines. 

A côté de ces recherches les travaux du laboratoire ont donné lieu à d’autres importantes découvertes : isolement de l’ADN infectieux du virus de la papillomatose bovine, mise en évidence, dans les cellules humaines, de petits ARN intra-nucléaires (5s, 7s, etc…), étude de protéines du trafic intra-cellulaire sur les familles,… 

Les collaborations de Michel Boiron avec les chercheurs américains ont été nombreuses et fructueuses (James Holland, Tom Frei, Charlotte Friend, JB Moloney, Franck Rauscher), ce qui lui a permis d’introduire très tôt en France la chimiothérapie anti-leucémique qui a révolutionné le traitement de ces maladies. 

Après s’être entouré et avoir formé des chercheurs de grand talent, Michel Boiron, succédant à Jean Bernard en 1980 à la tête du service d’hématologie, va se consacrer plus largement à la pratique hospitalière. 

La période de 1980 à 1993 est marquée par une série d’initiatives qu’il va entreprendre : 

  • création des premiers lits mères-enfants ;
  • création de l’hôtel maternel d’hématologie, premier bâtiment maternel intra-hospitalier de l’Assistance publique ;
  • transformation du service d’hématologie, avec la création de cinq pôles d’activités : hématologie pédiatrique (Gérard Schaison), hématologie adulte (Laurent Degos), greffes de moelle osseuse (Eliane Glückman), lymphomes (Christian Gisselbrecht) et un service de cancérologie (Michel Marty) ; 
  • développement de relations de l’Institut d’hématologie avec l’université Aurore de Shangaï (Professeur Jean Whang) et avec l’université de Californie à Los Angeles (Professeur Marcel A Baluda).

Biographie

Michel Boiron est né à Paris en 1925. Il a mené ses études secondaires à Vannes et ses études supérieures à la faculté de médecine de Paris 

  • Externe (1946), interne provisoire 1948), interne titulaire (1949) des hôpitaux de Paris. 
  • Séjour en sanatorium en Haute-Savoie pour tuberculose pulmonaire (1949–1951).
  • 1Interne des hôpitaux de Paris (1951–1954) dans les services hospitaliers de Jean Bernard, Jean Fauvert, André Lambling, Justin Besançon, Jean Bariety… 
  • Chef de clinique (1954–1956).
  • Professeur agrégé de cancérologie (1961).
  • Sous-directeur auprès de Jean Bernard de l’Institut de recherches sur les maladies du sang, centre Hayem, et directeur du laboratoire d’hématologie expérimentale au sein de cet institut, hôpital Saint-Louis, Paris (1961).
  • Médecin des hôpitaux de Paris (1968).
  • Chef de service à la consultation Porte de l’hôpital Saint-Louis (1970).
  • Professeur titulaire d’hématologie à l’université Paris VII (1972).
  • Créateur du premier service d’urgence de l’hôpital Saint-Louis (1972).
  • Créateur, avec David Serfaty, du premier centre d’orthogénie et d’interruption volontaire de grossesse de l’Assistance publique à l’hôpital Saint Louis (1974).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 107 “Virologie des leucémies”, hôpital Saint-Louis, Paris (1974–1987).
  • Créateur, avec André Gorins et Marc Espié, du centre des maladies du sein de l’hôpital Saint-Louis (1978).
  • Chef du service d’hématologie, succédant à Jean Bernard, (1980–1993).

Michel Boiron est décédé à Paris le 3 décembre 2018. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’Inserm “Pathologies cellulaire et tissulaire, cancérologie, hématocytologie et radiopathologie” (1968–1974), président de la CSS “Biologie et pathologie cellulaire, hématologie cellulaire, cancer, dermatologie : biologie moléculaire, virologie, physiopathologie, épidémiologie, pharmacologie, toxicologie, environnement, chirurgie” (1979–1982).
  • Conseiller technique auprès de Simone Veil, ministre de la Santé (1973–1975).
  • Conseiller médical auprès d’Alice Saunier-Séïté, ministre des Universités et de la Recherche (1976–1979).
  • Président de la commission médicale d’établissement (1978–1983).
  • Membre du conseil scientifique de l’Inserm (1983–1986).

Sociétés savantes – Académie

  • Création de l’European School of Hematology (1986).
  • Création d’Eurocancer (1987), réunions annuelles pluridisciplinaires de cancérologie qui va durer jusqu’en 2012. 
  • Création de l’European Hematology Association (1988) avec Michel Symann, John Goldman et Bob Lowenberg, qui signe le renouveau de l’hématologie européenne. 
  • Rédacteur en chef de la revue Pathologie-Biologie (1958–2008).