Dermatite atopique (eczéma atopique)

Une maladie chronique inflammatoire de la peau fréquente

La dermatite atopique, aussi appelée eczéma atopique, est une maladie chronique inflammatoire de la peau. Elle se développe préférentiellement chez le nourrisson et l’enfant, mais peut persister voir apparaître parfois chez l’adolescent et l’adulte. Elle est caractérisée par une sècheresse cutanée associée à des lésions de type eczéma (rougeurs et démangeaisons, vésicules, suintement et croûtes) qui évoluent par poussées.

Dossier réalisé en collaboration avec le conseil scientifique de la Société française d’allergologie

Comprendre la dermatite atopique

La peau sèche (xérose), source d’inconfort et de démangeaisons (prurit) ; des plaques rouges qui apparaissent par poussées, démangeant encore davantage et s’aggravant si on ne résiste pas à l’envie de les gratter… C’est la dermatite atopique, une dermatose de plus en plus fréquente chez les enfants, souvent associée à des allergies alimentaires, des rhinites allergiques et des crises d’asthme.

La dermatite atopique se développe à partir de l’âge de trois mois. Chez le bébé, les lésions sont le plus souvent présentes sur les zones rebondies du visage et des membres, sur le cuir chevelu et les fesses. Plus tard, on les retrouve au niveau des plis (cou, derrière les genoux, plis des coudes), des mains et autour de la bouche. La majorité des dermatites atopiques disparaissent au cours de l’enfance (50% avant 5 ans), mais 10 à 15% des cas persistent jusqu’à l’âge adulte

Les complications les plus fréquentes des dermatites atopiques sont les colonisations des lésions cutanées par le staphylocoque doré ou le virus de l’herpès. Certaines dermatites peuvent être associées à des retards de croissance et des complications ophtalmologiques (kératoconjonctivites fréquentes, cataracte, détachement rétinien). 

Comme de nombreuses maladies chroniques, la dermatite atopique peut avoir un retentissement psychologique important, source de troubles du sommeil, d’irritabilité voire de syndrome dépressif. 


Un enfant sur dix concerné, mais des données très variables selon les pays

Il est difficile de connaître la prévalence exacte de la dermatite atopique. L’étude de référence (ISAAC, International Study of Asthma and Allergies in Childhood) est un programme international de recherche épidémiologique, établi en 1991, impliquant plus de 100 pays (dont la France) et près de deux millions d’enfants. Cette étude et d’autres enquêtes ont estimé à 8–9% la prévalence de la dermatite atopique chez les enfants de 6–7 ans, et à 10% chez les enfants de 13–14 ans. Dans les pays européens, les études par questionnaire aboutissent à des prévalences variant de 7 à 28%, les études par examen médical de 6 à 16%. Tous les travaux convergent pour estimer que la prévalence de la dermatite atopique a augmenté entre les décennies 1960 et 1990 dans les sociétés industrialisées, avec un plateau semblant atteint au cours de la décennie 2000 dans certaines d’entre elles. 


En cause : des facteurs génétiques et environnementaux

Le terme « atopie » désigne une prédisposition héréditaire à développer une allergie, dont la traduction peut être une dermatite, mais aussi un asthme ou des rhinites allergiques. Les études familiales ont montré que la dermatite atopique est effectivement associée à des facteurs de prédisposition génétique : entre 50 et 70% des individus atteints ont un parent au premier degré qui l’est aussi. Si les deux parents sont atteints, le risque pour l’enfant de développer un eczéma allergique atteint 80%. 

Il est probable que plusieurs gènes concourent à l’émergence de la pathologie. Des études récentes ont notamment mis en évidence des anomalies affectant le gène codant pour la filaggrine et d’autres molécules nécessaires à la constitution de la couche cornée et à la résistance de la barrière cutanée. 

La hausse de la prévalence des dermatites atopiques observée au cours des quarante dernières années signale que des modifications de l’environnement jouent un rôle dans le phénomène, les causes génétiques ne pouvant expliquer une évolution aussi rapide. De nombreux facteurs peuvent contribuer à cette hausse soudaine : excès d’hygiène et perte de stimulation du système immunitaire à une phase précoce du développement, lavage excessif de la peau, habitat très isolé et mal ventilé favorable aux acariens, présence accrue d’animaux domestiques, évolution et diversification précoce des habitudes alimentaires, expositions au tabac et aux pollutions urbaines industrielles, grossesses plus tardives et enfants plus souvent gardés en communauté… Il est cependant difficile d’estimer le poids relatif de ces facteurs, qui sont de nature complexe et agissent souvent en association. 

Quels mécanismes ?

Contrairement à l’eczéma de contact, cette dermatite ne survient pas lorsque l’enfant touche une substance précise. Une prédisposition génétique est vraisemblablement à l’origine d’une altération de la barrière cutanée des patients, causant sécheresse et sensibilité accrue aux agressions. 

Cette altération de la structure de la peau va en outre permettre aux allergènes de l’environnement (pollens, poussières, savons…) de pénétrer dans l’épiderme et de stimuler le système immunitaire. Ce dernier va réagir de façon excessive à ce qu’il considère comme une agression, déclenchant l’eczéma : rougeurs, démangeaisons, inflammations et suintements. 

Pour en savoir plus sur les mécanismes de l’allergie

Ces poussées inflammatoires sont favorisées par des facteurs environnementaux variés : des produits irritants comme le savon, les tissus rêches, certains aliments, un air trop sec, la chaleur, la sueur... Des tests allergologiques sont parfois utiles pour identifier les facteurs favorisant les poussées et les changements dans l’alimentation ou l’environnement qui pourraient contribuer à réduire les crises. 


Gare au stress !

Comme pour d’autres pathologies inflammatoires chroniques, le stress a un effet bien réel chez certains patients. Les conflits psychoaffectifs peuvent ainsi entraîner des recrudescences de la dermatite atopique, par exemple à l’adolescence.


Traiter la dermatite atopique

Traitement de fond et traitement des poussées

Le traitement des dermatites atopiques se fondent avant tout sur des soins locaux. 

Un traitement de fond vise à lutter contre la sécheresse cutanée et à restaurer la fonction de barrière de la peau. Il passe par l’application quotidienne d’émollients (crèmes hydratantes).

Lors d’une poussée, les soins visent à réduire l’inflammation et les démangeaisons, pour soulager le patient et éviter une surinfection. L’application d’un dermocorticoïde, d’un immunomodulateur, d’une solution antiseptique, avec éventuellement des antihistaminiques en comprimé en complément, aident le patient à traverser la crise. 

Pour aller plus loin

Associations de patients