Tango thérapie : entrez dans la danse

Et un, deux, trois et quatre… Dans ce reportage, on vous emmène danser le tango. Mais pas n’importe lequel : du tango thérapeutique. Direction le centre hospitalier gériatrique d’Albigny-sur-Saône, au nord de Lyon, où une vingtaine de résidents s’apprêtent à entrer dans la danse, guidés par un accordéoniste et un danseur professionnel.

« Le tango est la danse qui se rapproche le plus de la marche naturelle », nous explique d’emblée ce dernier. C’est pourquoi il est particulièrement adapté à un public âgé. Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, sa pratique régulière permet de réapprendre des gestes simples, mais oubliés : se balancer d’un pied sur l’autre, faire demi-tour, reculer… En plus d’améliorer la motricité, le tango thérapeutique stimule la mémoire, favorise le contact avec l’autre et augmente la qualité de vie globale. Autant d’effets positifs que l’équipe de recherche de France Mourey a pu démontrer, en mesurant les capacités des résidents avant et après trois mois d’ateliers de tango thérapeutique. Allez, faites votre plus beau port de tête, et laissez-vous guider par ce rythme venu d’Argentine !

Une femme âgée, assise sur une chaise, chante avec joie.

En guise d’échauffement, les résidents sont d’abord invités à chanter « Le plus beau tango du monde » de Tino Rossi. « J’adore ! C’est que du bonheur », s’exclame la résidente Mariane Le Cosquino.

Le musicien Patrick Bullier les accompagne à l’accordéon. Dès les premières notes, certains se lèvent pour chanter. « C’est le partage dans la musique, on arrive à créer des émotions comme ça. »

Un homme joue de l’accordéon et une femme âgée lui fait face l’air enjoué. Une jeune femme les regarde en souriant.
La jeune femme de la photo précédente danse avec une femme âgée qui ferme les yeux, comme emportée par la musique ou le moment.

« Le tango thérapeutique aide à se reconnecter aux résidents, on les redécouvre. Pour certains d’entre eux, ça été une révélation », nous confie Jaël Gelay, psychomotricienne (à droite).

Le tango est avant tout une danse qui invite au contact. « On a des résidents qui ne regardaient plus personne, qui finissent par aller chercher l’autre pour danser », se félicite l’équipe de soignants, très investie.

Une femme âgée danse avec une femme plus jeune très souriante, elles se regardent dans les yeux.
Un homme d’une trentaine d’années tient des baguettes en bois dans chacune de ses mains. Il est entouré par deux femmes âgées qui tiennent des baguettes identiques et viennent taper sur les siennes avec les leurs.

Ceux qui le veulent peuvent aussi taper la cadence avec des instruments de percussion. Une manière de se réapproprier le sens du rythme. Au centre, Renaud Jamet, infirmier en pratique avancée, vient donner le tempo.

Un homme âgé en t-shirt et en short se tient dans la position d’un danseur de tango. Il est entouré de nombreuses caméras.

C’est à Dijon que le volet recherche est réalisé. Au cœur du laboratoire CAPS, on demande à des volontaires, comme Pascal Godon, de réaliser une série de mouvements qui sont enregistrés.

L’activité électrique des muscles et les caractéristiques du mouvement sont mesurées à l’aide de capteurs sphériques réfléchissants apposés sur les bras du volontaire, et de caméras infrarouges. Les déplacements du volontaire sont reconstitués sur ordinateur. Le but de ces recherches est de décrypter les mécanismes du mouvement et l’impact du vieillissement sur ce dernier, et, in fine, de comprendre comment la musique tango peut l’influencer.

Près de quarante établissements pour personnes âgées ont adopté la thérapie par le tango : dans le cadre des maladies neurodégénératives, elle constitue une alternative ou un complément aux traitements pharmacologiques.


France Mourey est chercheuse dans l’unité Cognition action et plasticité sensori-motrice (CAPS, unité 1093 Inserm/Université de Bourgogne) à Dijon.


Photos : Inserm/François Guénet
Autrice : L. A.
Un reportage à retrouver dans le magazine de l’Inserm n°59

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