Rapport sur les pistes de recherche concernant les effets à court et long termes de l’exposition intra-utérine à la dépakine et autres antiépileptiques – Septembre 2021

Le valproate de sodium (ou Dépakine) est un médicament anti-épileptique. Son usage pendant la grossesse a des effets délétères sur la santé de l’enfant à naître, augmentant le risque de troubles du neurodéveloppement dont l’autisme et de malformations congénitales. Les conséquences sur les générations ultérieures, et les effets d’autres antiépileptiques prescrits durant la grossesse (éventuellement en alternative au valproate) sont, eux, mal connus. 

Un rapport de l’ANSM (Agence nationale du médicament et des produits de santé) estime qu’en 2017, environ 100 000 patientes atteintes d’épilepsie étaient en âge de procréer, la très grande majorité d’entre elles étant traitées. Certains antiépileptiques sont également prescrits dans d’autres indications telles que les maladies psychiatriques (troubles bipolaires) ou neurologiques (douleur...).
Ainsi, au total, en 2017, 147 875 femmes en âge de procréer avaient eu une prescription de prégabaline, 64 553 de lamotrigine et 59 615 de valproate de sodium, pour ne prendre que les plus fréquentes (rapport ANSM, 2019). Le nombre de femmes enceintes traitées par un antiépileptique a diminué au cours des 10 dernières années, passant de 7 803 en 2010 à près de 6 000 en 2019, l’utilisation de valproate ayant très fortement chuté, pendant que celle d’autres antiépileptiques
augmentait.

A la demande du Directeur général de la santé, un comité de pilotage scientifique a été mis en place par l’Inserm afin de proposer de grandes pistes de recherche sur l’exposition in utero au valproate de sodium (Dépakine) et aux autres antiépileptiques et leurs conséquences à court et long termes pour la descendance. Cette expertise est complémentaire de mesures de gestion du risque lié à l’usage de
Dépakine pendant la grossesse prises par les autorités sanitaires.

Le comité a défini comme périmètre celui des antiépileptiques pris pendant la grossesse, quelles que soient l’indication et la durée du traitement. Le comité a rappelé les effets démontrés de l’exposition intra-utérine à la Dépakine et à d’autres anti-épileptiques sur la santé de l’enfant à naître. Il a procédé à une analyse de la littérature et des données disponibles, ainsi qu’à des auditions de spécialistes du domaine. Ce travail a permis aux experts de proposer de structurer de futures recherches suivant 4 axes :

  1. La tératogénicité (aptitude à induire des malformations congénitales) et effets des antiépileptiques sur le développement de l’enfant exposé in utero
  2. L’étude des effets transgénérationnels du valproate de sodium et des autres antiépileptiques
  3. Les mécanismes de la toxicité des antiépileptiques
  4. L’étude des filières de soin et d’inégalités d’accès aux soins chez les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes atteintes d’épilepsie et chez les enfants exposés aux antiépileptiques in utero.

Des recherches effectuées selon ces 4 axes permettraient une amélioration globale des connaissances sur le sujet, menant à une identification des anti-épileptiques les plus préoccupants pour la santé de la descendance et une rationalisation de l’utilisation des antiépileptiques chez les femmes enceintes, une meilleure prise en charge de ces dernières et éventuellement à l’identification de molécules moins
délétères via une meilleure compréhension des mécanismes d’action des molécules existantes. Pour chaque axe les types d’étude a priori pertinents, leur dimensionnement et les compétences nécessaires à leur réalisation sont précisés.

Site de l’ANSM concernant l’usage de la Dépakine pendant la grossesse