Mise au point scientifique de l’Inserm sur l’épidémiologie des maladies infectieuses émergentes – Août 2020

Lorsqu’un foyer de maladie infectieuse émerge quelque part dans le monde, il faut identifier l’agent pathogène en cause (par exemple le VIH, le virus grippal A/H1N1, le virus du chikungunya, le SARS-CoV‑2), puis donner un nom à la maladie observée (respectivement sida, grippe, chikungunya, ou Covid-19) et tenter d’identifier les facteurs ayant contribué à son émergence. C’est alors souvent dans un contexte d’urgence, voire d’urgence de santé publique de portée internationale, promulguée par le directeur général de l’OMS dans le cadre du Règlement sanitaire international – seul instrument international juridiquement contraignant en matière de sécurité sanitaire –, que tout est mis en œuvre pour détecter, réduire ou éliminer les sources de propagation de l’infection et l’impact que peut avoir une telle émergence sur le plan sanitaire, mais aussi social et économique.

Que dit la science à propos de l’épidémiologie des maladies infectieuses émergentes ? Inserm, Août 2020

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L’impact d’une épidémie de maladie infectieuse émergente dépend de la transmissibilité du virus, du nombre de personnes infectées et de la sévérité de l’infection. Ces trois déterminants majeurs constituent en grande partie les bases des politiques publiques destinées à prévenir et à tenter de contrôler le développement de ces épidémies.

  • Identifier le nombre de cas

Les cas de maladie peuvent être identifiés par la pratique de tests dépistant la présence de l’agent infectieux, la description clinique présentant une symptomatologie spécifique, et la mise en évidence a posteriori d’anticorps sériques spécifiques. Les notifications de cas sont cependantsujettes à des biais.

  • Estimer la transmissibilité du virus

Le taux de reproduction de base (R0) permet d’estimer combien de personnes en moyenne seront infectées par une personne contaminée par le virus. Il ne se mesure pas à partir des courbes épidémiques mais nécessite un rétro-calcul fondé sur la théorie des épidémies et l’observation de la vitesse de propagation, en particulier le temps de doublement du nombrede cas.

Afin de lutter contre l’épidémie, il convient d’agir sur trois facteurs. La mise en place de mesures de protection (équipements, lavage, mesures barrières) et l’utilisation, si disponibles, d’antiviraux et de vaccins limitent la probabilité de transmission. L’instauration d’un confinement strict ou d’une distanciation sociale personnalisée diminue le nombre de contacts efficaces. Enfin, le recours à certains médicaments pourrait réduire l’intervalle de génération.

  • Mesurer la sévérité de la maladie

La sévérité d’une maladie infectieuse émergente se mesure par la proportion des cas hospitalisés, la proportion des cas en soins intensifs, et les décès. Les données sur les hospitalisations et les soins intensifs ne sont pas toujours disponibles en temps réel. Le calcul du taux de mortalité est quant à lui sujet à des biais de notification tant pour le nombre de décès que pour celui de cas, confirmés ou non. L’étude de la mortalité en excès permet de pallier ces biais potentiels.

  • Classer la dangerosité de l’épidémie

En combinant le nombre de cas, la transmissibilité du virus et la sévérité d’une maladie infectieuse émergente, on peut alors classer les épidémies ou les pandémies par niveau de dangerosité.