Évaluation de l’efficacité du traitement proprioceptif de la dyslexie – 2016

La « dyslexie » est un trouble caractérisé par des difficultés importantes en lecture, orthographe, grammaire ou compréhension des textes. Le recours à l’écrit étant aujourd’hui incontournable, la dyslexie a un impact important sur les personnes qui en sont atteintes. De ce fait, des prises en charges spécifiques ont été mises en place. En France, elles relèvent essentiellement des orthophonistes et sont remboursées partiellement par la sécurité sociale.

Évaluation de l’efficacité du traitement proprioceptif de la dyslexie. Expertise scientifique réalisée par l’unité Inserm 1178 à la demande du Ministère de la Santé (Direction Générale de la Santé). Juillet 2016

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En 1979, un médecin portugais, Martins Da Cunhà, suggère que la dyslexie s’inscrirait en fait dans un cadre plus général, celui d’un « syndrome de déficience posturale », caractérisé par une altération de l’équilibre tonique, oculaire et postural. Le traitement de la dyslexie ne devrait donc pas se focaliser sur la rééducation du langage mais sur une prise en charge globale de la proprioception du sujet avec, notamment, le port de lunettes prismatiques, d’orthèses plantaires ou de petites surépaisseurs collées sur la face coronale des dents (alphs). Depuis, les hypothèses théoriques à l’origine du traitement proprioceptif ont évolué, les représentants de la profession évoquant désormais une dysperception proprioceptive. Des recherches se poursuivent sur le sujet, mais les mécanismes d’action évoqués restent à ce jour insuffisamment étayés par les études de recherche fondamentale.

Les rares études (n=4) ayant eu pour but d’évaluer l’efficacité du traitement proprioceptif de la dyslexie sont d’une qualité méthodologique insuffisante pour pouvoir conclure. Des difficultés d’observance ont été soulignées (dans 10 à 75% des cas selon les composantes du traitement). Sur le plan de la sécurité, les données disponibles semblent rassurantes. Il faut toutefois noter que le traitement a été associé à un accroissement du retard de lecture dans environ 10% des cas. Cette augmentation du retard est difficile à interpréter, mais elle doit inciter à la prudence, d’autant plus que les patients sont le plus souvent mineurs et que leur consentement au soin est délicat à récolter.

Sur le plan des perspectives d’évaluation, tout reste à faire ou presque : clarifier la définition des concepts utilisés, valider les outils de mesure, construire des schémas d’étude permettant de distinguer les effets spécifiques (ces effets spécifiques étant revendiqués) des effets non spécifiques de la prise en charge (l’implication familiale, facteur clé exigé par la méthode, le temps de prise en charge, la prise en charge pluriprofessionnelle, les conseils prodigués etc). La tâche est ardue. Mais elle n’est pas impossible.

Ces challenges concernent également la rééducation orthophonique, puisque le concept même de dyslexie est actuellement discuté dans la littérature internationale et les méthodes traditionnelles de rééducation encore insuffisamment évaluées.