Yazdan Yazdanpanah, Prix OPECST-Inserm 2020

Dès le début de la crise sanitaire, l’équipe du consortium REACTing est montée au front pour coordonner les études sur la Covid. À ce titre, elle est lauréate du Prix Opecst-Inserm, qui récompense l’impact sociétal, à travers son directeur, Yazdan Yazdanpanah, infectiologue et directeur de l’institut thématique Immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’Inserm.

Yazdan Yazdanpanah © Inserm/ François Guénet
Yazdan Yazdanpanah © Inserm/ François Guénet

Ebola, Zika, VIH, hépatite C, grippe H1N1, précédents coronavirus et maintenant Covid-19… : depuis vingt ans, Yazdan Yazdanpanah* traque les virus émergents. Pourtant, rien ne prédestinait cet amateur de foot à devenir l’un des infectiologues français les plus réputés, et un acteur-clé de la lutte anti-Covid. Né en Iran il y 55 ans, et arrivé en France à l’âge de 13 ans, il préférait, lycéen, la littérature française à la biologie. Et après avoir tout de même opté pour la médecine, il visa dans un premier temps la psychiatrie. Puis il y eut son service militaire au Sénégal en 1993. Là, il fut confronté à la bilharziose, une infection parasitaire endémique due à des vers, contre laquelle l’institut Pasteur de Lille cherchait à développer un vaccin. « Les gens se contaminaient en se baignant dans l’eau infestée, se souvient le médecin, habitude difficile à éviter lors des fortes chaleurs... J’ai réalisé alors combien les maladies infectieuses sont une affaire de quotidien, de société ; et combien elles peuvent toucher tout le monde. »

À l’origine, la pandémie de grippe H1N1 en 2009

De retour en France, il intègre le service des maladies infectieuses du CHU de Lille et démarre ainsi sa brillante carrière d’infectiologue et de chercheur. Laquelle l’amena en 2011 à l’Inserm, dont il apprécie « la forte interaction avec les universités et les hôpitaux », en tant que directeur de l’équipe ATIP-Avenir Aide à la décision et coût-efficacité en maladies infectieuses, au sein de l’unité Inserm 995, à l’Université Lille-Nord-de-France. La même année, il devient également chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat à Paris. Enfin en 2017, il est nommé directeur du consortium REACTing, pour REsearch and ACTion targeting emerging infectious diseases.

Créé par l’Inserm sous l’égide de l’Alliance pour les sciences de la vie et de la santé, ce consortium est né après la pandémie de grippe H1N1 de 2009 : « Cette crise a révélé les limites du système de recherche d’alors, trop lent pour réagir en temps d’épidémie et contrôler rapidement la menace », explique l’infectiologue.

REACTing rassemble équipes et laboratoires de différentes disciplines. Avec un but : préparer et coordonner la recherche afin de l’accélérer en cas de crises sanitaires liées à des maladies infectieuses émergentes, et ainsi contribuer à les endiguer rapidement. Le consortium est porté par Yazdan Yazdanpanah, « mais aussi un directeur scientifique, deux conseillères scientifiques, cinq chargés de missions scientifiques et deux agents administratifs », souligne-t-il. Postée au sein du siège même de l’Inserm à Paris, l’équipe nomme et coordonne des groupes d’experts capables d’identifier des axes de recherches prioritaires ; travaille à accélérer l’obtention de financements et d’autorisations pour le lancement de nouvelles études ; et suit l’avancement de ces projets. 

L’équipe REACTing, de gauche à droite et de haut en bas : Évelyne Jouvin-Marche, Éric d’Ortenzio, Claire Madelaine, Fatoumata Coulibaly, Erica Telford, Guia Carrara, Jennifer Soulier, Inmaculada Ortega-Perez et Oriane Puéchal © Inserm/ François Guénet
L’équipe REACTing, de gauche à droite et de haut en bas : Évelyne Jouvin-Marche, Éric d’Ortenzio, Claire Madelaine, Fatoumata Coulibaly, Erica Telford, Guia Carrara, Jennifer Soulier, Inmaculada Ortega-Perez et Oriane Puéchal. Absentes de la photo : Juliette Saillard et Zélie Godin. © Inserm/ François Guénet

Imparfait, mais efficace

« Conscients de l’importance de leurs missions dans la lutte anti-Covid, mes collègues de REACTing, mobilisés pendant de longues journées, week-end compris souvent, ont fait un travail exceptionnel », commente Yazdan Yazdanpanah. Résultat : dès février, suite à un appel à candidatures lancé auprès de l’ensemble des équipes de recherche françaises, le conseil scientifique de REACTing a pu sélectionner pas moins de vingt projets de recherche sur la Covid. 

« Certes, nous n’avons pas toujours été parfaits… », reconnaît-il. Et de citer le démarrage compliqué de l’essai clinique Discovery : destinée à trouver des traitements efficaces contre la Covid-19, cette étude d’envergure européenne n’a intégré d’autres pays que quatre mois après son lancement, faute d’autorisations et de financements. « Il n’empêche, relativise l’infectiologue, dans l’ensemble, nous avons réussi à rendre plus fluide la recherche en contexte de crise. » Éternel optimiste, le médecin reste persuadé d’un point : « À moyen terme, la recherche trouvera sûrement des solutions contre la Covid-19. »

Note :
*Institut thématique I3M ; unité 1137 Inserm/Université de Paris/Université Sorbonne Paris Nord, Infection, antimicrobiens, modélisation, évolution (IAME), Paris