Priscille Rivière, Prix Science et société-Opecst 2022

Des vaccins anti Covid-19 qui inoculent la 5G, la vitamine C efficace contre la maladie, des variants forcément plus dangereux… Lors de la crise sanitaire, Canal Détox s’est attaché à décoder fausses informations et raccourcis scientifiques malheureux. Une initiative précieuse mise en place par Priscille Rivière et les équipes communication de l’Inserm, saluée par le Prix Science et société-Opecst.

Halte aux fake news !

Portrait de Priscille Rivière
Priscille Rivière, Prix Science et société-Opecst 2022 – direction de l’Information scientifique et de la communication, siège de l’Inserm, Paris ©Inserm/François Guénet

Après une maîtrise en biologie, Priscille Rivière, responsable du service de presse et directrice adjointe de la communication à l’Inserm, intègre l’équivalent d’un master 2 en communication scientifique à l’université de Grenoble. « La communication me semblait un moyen intéressant de servir la science », précise-t-elle. Un service qu’elle rend depuis seize ans à l’Inserm et qui s’est traduit notamment par le lancement, en octobre 2018, de la collection Canal Détox pour lutter contre les fausses informations. L’élément déclencheur a été « une conférence, en février 2018, sur comment répondre aux fake news, lors du congrès annuel de l’éditeur scientifique américain AAAS, relate Priscille Rivière. Cela m’a en quelque sorte ouvert l’univers des possibles. » Après réflexion, elle opte pour de courtes vidéos dans lesquelles « les chercheurs de l’Inserm ont la parole car ce sont eux qui font la science ». Côté sujets, Canal Détox décrypte aussi bien des idées farfelues comme la bave d’escargot pour soigner l’arthrose, que des notions scientifiques comme les « ciseaux » Crispr, qui permettent de modifier l’ADN. Pendant un peu plus d’un an, une vidéo est publiée tous les mois et demi environ.

Lutter contre l’infodémie

Puis survient la Covid-19. « Assez vite, le service de presse a vu arriver des interrogations, se souvient sa responsable. Mi-mars, nous avons donc publié une vidéo sur le coronavirus. Mais face au contexte sanitaire et à la déferlante d’informations à déchiffrer, impossible de faire des vidéos de qualité à un rythme soutenu. Nous avons basculé sur un format écrit, factuel, et bien sûr relu par des chercheurs. » Durant quasi dix-huit mois, Canal Détox s’est consacré presque exclusivement à la Covid-19. Mais cette période singulière a aussi conduit l’équipe communication à diversifier ses moyens d’action. « À l’issue de la première vague, pour soulager les experts qui nous aidaient et qui se comptaient sur les doigts de la main, nous avons décidé de créer un vivier plus large de chercheurs motivés pour démonter les fake news sur la Covid-19, mais aussi sur d’autres sujets, que nous avons appelé la cellule Riposte, décrit Priscille Rivière. Et à notre grande surprise, en trois jours, plus d’une centaine de volontaires ont répondu à notre appel ! »

Portraits de collaborateurs de la cellule Riposte
Léa Surugue, Tatiana Marotta, Éric D’Ortenzio, Léa Roy et Carine Delrieu font vivre la cellule Riposte aux côtés de Priscille Rivière ©Inserm/François Guénet

Riposter tous azimuts

Depuis janvier 2021, ces scientifiques épaulent donc Canal Détox. Certains proposent des sujets. D’autres ont participé à la rédaction de Fake news santé, le livre tiré des vidéos et des textes de Canal Détox, co-publié en septembre 2021 avec les éditions du Cherche midi. La cellule fait aussi partie intégrante du partenariat établi, début 2021, avec Les vérificateurs du groupeTF1 et LCI, qui décodent toutes sortes d’informations, y compris en santé. C’est dans ce cadre que les chercheur Inserm sont interviewés, participent à des directs sur les réseaux sociaux. Pour Priscille Rivière, « ces initiatives vont nous permettre d’élargir le public touché par Canal Détox et de valoriser encore plus la parole scientifique ».

À ce jour, les contenus de Canal Détox ont été vus plus de 3 millions de fois, Fake news santé s’est vendu à près de 5 000 exemplaires, une cinquantaine d’articles ont été publiés avec Les vérificateurs. Pas de doute, la dynamique insufflée par la communication de l’Inserm porte déjà ses fruits, ce qui vaut à Priscille Rivière, directrice adjointe du département, ce Prix Science et société-Opecst. « C’est un réel honneur ! Et la reconnaissance d’un travail d’équipe, mais aussi de ma fidélité à l’Inserm, que j’ai intégré à l’issue de mes études, assure-telle. Il faut souligner que cette fidélité tient également à la confiance que l’on m’accorde et à la liberté dont nous jouissons pour développer des projets. » Et des projets, il y en a encore sur le feu, notamment pour produire de nouvelles vidéos, car si la crise sanitaire s’est tassée, les fausses informations n’ont, hélas, pas disparu !

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