Ghislaine Filliatreau, Prix Appui à la recherche 2023

Chercheuse un jour, chercheuse toujours… au soutien de ses collègues. Depuis trente ans, Ghislaine Filliatreau, déléguée à l’intégrité scientifique de l’Inserm, met toute son énergie et ses connaissances fines de la recherche au service de cette dernière. Une démarche saluée par le prix Appui à la recherche.

À lire aussi : Prix Inserm 2023 : découvrez les lauréates et les lauréats

Ghislaine Filliatreau, Prix Appui à la recherche 2023 – Délégation à l’intégrité scientifique, siège de l’Inserm, Paris ©Inserm/François Guénet

Le soutien aux chercheurs chevillé au corps

Ghislaine Filliatreau, déléguée à l’intégrité scientifique de l’Inserm, a rejoint l’Institut en 1983, en tant que chercheuse. Un parcours au démarrage « classique » donc. Mais après douze années de recherches en neurobiologie cellulaire, elle intègre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Sa mission : le développement des open archives (ou archives ouvertes), ce qu’on appelle aujourd’hui la « science ouverte ». « Certes, j’ai alors quitté la paillasse, mais pas la recherche !, souligne la scientifique. D’ailleurs, je me suis vite rendu compte que mon passé à la paillasse m’aidait à mieux comprendre la réalité des laboratoires. » Depuis, elle n’a eu de cesse de mettre cette connaissance au service de la recherche au sens large et se dit « ravie que ce prix soit intitulé “Appui à la recherche” » !

Au service de la science

En la matière, Ghislaine Filliatreau fait donc ses premiers pas au bureau de l’édition scientifique du ministère. « Quand on est au ministère, on est proche de la conception des politiques de recherche et j’y ai pris goût, explique-t-elle. J’y ai donc monté une cellule de veille scientifique et je me suis orientée vers la conception d’outils d’appui aux politiques de recherche. » Une activité qu’elle assure jusqu’en 2002, et « qui m’a amenée à l’Observatoire des sciences et des techniques (OST) où je suis restée douze ans, comme adjointe puis en tant que directrice, relate-t-elle. La mission de l’OST était de concevoir des indicateurs quantitatifs pour l’appui à la définition et à l’évaluation des politiques de recherche, poursuit-elle. Or, l’OST était un groupement d’intérêt public qui réunissait des ministères et des institutions de recherche dont l’Inserm. Je ne m’étais donc pas éloignée et j’y voyais une continuité dans mon parcours. »

Une continuité qui se confirme en 2016, lorsqu’elle devient déléguée à l’intégrité scientifique de l’Inserm, sa première « maison » ; « une délégation dont l’Inserm s’est dotée dès 1999 !, précise- t‑elle. Certes, cette fois, je me suis éloignée de l’évaluation des politiques de recherche, mais pas de l’appui. En effet, même si la délégation doit gérer les manquements à l’intégrité et leurs conséquences, notre rôle est aussi de les prévenir, en conseillant, afin de définir les meilleures conditions possibles pour une recherche fiable et robuste, synonyme de crédibilité. Les scientifiques, les citoyens, les pouvoirs publics doivent avoir toute confiance dans la capacité de l’institution à promouvoir une recherche d’excellence intègre, mais aussi à détecter et à traiter les problèmes d’intégrité scientifique quand ils surviennent – comme le lui demande depuis 2020 le Code de la recherche. On le voit, une nouvelle phase s’ouvre pour l’intégrités scientifique. »

Ghislaine Filliatreau entourée des déléguées à l’intégrité scientifique qui l’ont précédée, Martine Bungener (1999–2008) à droite et Michelle Hadchouel (2008–2016) à gauche, ainsi que de Catherine Coirault, au fond, qui l’assiste depuis 2021.

Des lauriers mérités

En matière d’intégrité scientifique aussi, « mieux vaut prévenir que guérir ». C’est donc en toute logique que la délégation est impliquée dans le programme LORIER (L’organisation pour une recherche Inserm éthique et responsable) que Ghislaine Filliatreau codirige avec Philippe Ravaud, directeur d’une unité Inserm de recherche en épidémiologie.

« Lancé en avril 2022, LORIER regroupe des structures comme le Réseau Inserm qualité, le Collège de déontologie, le Comité d’éthique de l’Inserm, le Comité d’évaluation éthique mais aussi des experts en “recherche sur la recherche” et des administrateurs, explique la déléguée. Notre objectif consiste à proposer des outils qui répondent aux besoins des chercheurs et qui soient coconstruits avec eux, afin de les aider à mener une recherche éthique et responsable. Avec LORIER et la mise à l’honneur par l’Inserm de la Délégation à l’intégrité scientifique au travers de ce prix, l’ambition ancienne de l’appui à la recherche prend une dimension nouvelle », conclut la lauréate.

À lire aussi

Photo des lauréats des Prix Inserm 2023 : Nadine Cerf-Bensussan, Thomas Baumert, Alexandre Loupy, Marina Kvaskoff et Ghislaine Filliatreau