Benjamin Chousterman s’attaque au sepsis

Benjamin Chousterman est anesthésiste-réanimateur, enseignant et chercheur. Le point commun à toutes ses activités : le sepsis, stade ultime de l’infection qui entraîne une défaillance des organes vitaux. Il prend en charge des patients atteints de ce trouble gravissime et, en parallèle, étudie les mécanismes immunitaires qui en sont la cause. Lauréat du programme Atip-Avenir en 2020, il a pu créer sa propre équipe de recherche pour poursuivre ses travaux, avec en ligne de mire l’amélioration de la prise en charge des patients.

Photo de Benjamin Chousterman
Benjamin Chousterman

Médecin anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Lariboisière, enseignant à l’Université de Paris et responsable d’une équipe de recherche : Benjamin Chousterman a plusieurs casquettes qu’il met toutes au profit de la lutte contre la forme la plus sévère de l’infection, le sepsis. « Ce trouble grave survient le plus souvent lors d’une maladie bactérienne comme la pneumonie ou encore la pyélonéphrite. Il se caractérise par une défaillance des organes vitaux, explique le médecin-chercheur. Près de 50 millions de personnes sont concernées chaque année dans le monde. Environ 20 % des patients décèdent en réanimation, lors de la phase aiguë du trouble, et encore autant dans l’année qui suit. Quant aux survivants, ils développent des complications à long terme. Nous avons depuis longtemps compris que l’agent infectieux n’est pas le seul responsable : le système immunitaire du patient joue un rôle important. Mais en élucider les déterminants, les mécanismes et les effets à long terme reste une tâche ardue. » Pour s’y consacrer, Benjamin Chousterman a récemment monté son propre groupe au sein de l’unité de recherche Inserm Marqueurs cardiovasculaires en situation de stress (MASCOT)*.

Du rôle de l’interleukine 3 à celui des macrophages

Son intérêt pour le sepsis ne date pas d’hier : il est apparu lors de sa formation médicale, probablement en raison de son exposition aux cas les plus dramatiques. Cela l’a conduit à terminer son internat en 9 ans au lieu de 5, pour pouvoir s’y consacrer au travers de projets de recherche. À l’issue d’un master 2 effectué dans une équipe CNRS, Benjamin Chousterman décide de préparer un doctorat en science dans l’équipe Inserm de Christophe Combadière. Il étudie alors le rôle des chimiokines, des molécules qui guident les cellules immunitaires vers les sites inflammatoires au cours de la phase aiguë du sepsis. Désireux de poursuivre dans cette voie, il contacte le Massachusetts General Hospital, l’hôpital de la Harvard Medical School à Boston aux États-Unis, pour monter un nouveau projet sur cette thématique. Il y étudie l’immunité innée dans le sepsis et réalise, en 2015, une découverte importante sur le rôle de l’interleukine 3 : « Cette molécule est l’essence du moteur de l’inflammation associée au sepsis. Si les cellules qui la produisent sont absentes ou dysfonctionnelles, le sepsis est moins grave », explique-t-il. De retour en France, Benjamin Chousterman finit son internat et devient rapidement chercheur associé dans l’unité MASCOT, affiliée au service de réanimation dans lequel il exerce à l’hôpital Lariboisière. En 2020, il monte un projet sur le rôle des macrophages dans le sepsis et décroche ainsi un financement Atip-Avenir pour monter sa propre équipe. « Nous avons constaté le recrutement de macrophages dans les organes défaillants, différents de ceux qui y résident habituellement : nos travaux indiquent que la correction de cette anomalie améliore la récupération des patients », dévoile-t-il.

Un financement transformant

« J’ai toujours fait de la recherche en plus de la médecine, pour concilier le meilleur des deux mondes, se réjouit-il. Mais depuis que je bénéficie du financement Atip-Avenir, rarement obtenu par des médecins, mes recherches ont pris une nouvelle dimension. Au-delà de la reconnaissance de mon parcours et de mon projet, j’ai pu monter une équipe composée de doctorants, d’un étudiant en master, d’un technicien, d’un bio-informaticien… avec une vision à plus long terme que celle permise par les appels à projets ponctuels. Ce programme est réellement “transformant” pour un chercheur. »

Note :
*unité 942 Inserm/Université de Paris, Marqueurs cardiovasculaires en situation de stress (MASCOT), Hôpital Lariboisière, Paris

À lire aussi