Takis Anagnostopoulos

Remarque : ces contenus ont été récupérés automatiquement depuis l’ancien site « Histoire de l’Inserm » (https://histoire.inserm.fr) et n’ont pas été modifiés depuis.

Takis (Panayotis) Anagnostopoulos, médecin néphrologue, a introduit en France l’électro­physiologie rénalequ’il a appliquée au néphron (l’unité structurale et fonctionnelle du rein) grâce à son inventivité et son habileté pour les microtechniques. Il s’est illustré par ses analyses biophysiques appliquées à la biologie. 

Né en Grèce, il quitte ce pays à l’âge de 17 ans pour mener des études de médecine à Montpellier, puis à Paris. Interne dans les services de Jean Bernard, Fred Siguier, François Lermitte, Pierre Royer, Jean Hamburger, il se spécialise en néphrologie et soutient une thèse dirigée par ce dernier sur la maladie de Cacchi et Ricci (une pathologie congénitale non héréditaire). A l’hôpital Necker-Enfants malades, Pierre Royer le soutient dans son projet novateur d’ap­pliquer les méthodes électrophysiologiques à l’étude de l’épithélium rénal, dans l’objectif d’élucider les mécanismes du transport ionique dans le tubule rénal. Il lui promet de l’aider à créer un laboratoire de recherche à son retour des Etats-Unis. 

Takis Anagnostopoulos part aux Etats-Unis en 1967, pour apprendre la mi­croponction rénale, d’abord dans le laboratoire de David F Watson, puis dans celui d’Eric E Windhager, dans l’Etat de New-York. Il va y côtoyer les grands fondateurs de la physiologie rénale outre-Atlantique (RF Pitts, G Giebisch, B Brenner, G Witthembury, K Spring…) De retour à Paris en 1971, bien décidé à initier l’électrophysiologie rénale en France, il va en approfondir les concepts et les approches dans les laboratoires d’Edouard Coraboeuf (qui dirigera sa thèse de sciences) et de Philippe Ascher. Il veut appliquer à l’épithélium rénal ce qu’il apprend de l’électrophysiologie cardiaque et neuronale. Son propre laboratoire s’aménage progressivement, car la plupart des appareils sont en fait des prototypes conçus (et souvent fabriqués) par Takis Anagnostopoulos lui-même. Un calme absolu y règne pendant les expériences ; en effet, les premières mesures de différences de potentiels transmembranaire et trans-épithélial ne souffrent aucune interférence, aucune vibration ! 

Takis Anagnostopoulos a introduit l’électrophysiologie rénale en France. Il a notamment développé sur le néphron une analyse de double câble électrique (un câble luminal et un câble épithélial interagissants), montré que le chlore n’était pas un anion “qui suit passivement l’eau”, mais qu’il est maintenu au-dessus de son équilibre électrochimique, parce que transporté par des protéines membranaires spécifiques. Cette idée d’avant-garde sera accueillie avec scepticisme, car l’ion chlorure est alors considéré sans intérêt (on ne connaissait pas encore les canalopathies liées aux canaux chlorure !). Les recherches de Takis Anagnostopoulos s’orientent ensuite vers la régu­lation du pH, le transport de bicarbonate par les cellules rénales, les déterminants biophysiques du potentiel de membrane. 

Il a formé des colla­borateurs auxquels il communiquait son enthousiasme. A la fin des années 1980, il créera l’unité de recherche Inserm de physiologie et de biophysique des sys­tèmes de transport à l’hôpital Necker-Enfants-Malades, dans laquelle, l’électrophysiologie moléculaire (patch-clamp) sera pour la première fois en France appliquée au néphron. Il croit en la relève par les plus jeunes et pousse ceux-ci au meilleur d’eux-mêmes, enseigne en sciences et en mé­decine dans plusieurs universités, organise régulièrement des colloques où les seniors de la recherche en néphrologie et les jeunes scientifiques échangent leurs idées. Il n’a pas pu mener à terme ses projets sur les effets des métaux divalents dans le rein et le cerveau. 

Biographie

Takis Anagnostopoulos est né le 24 mai 1936 à Patras (Grèce). Ressortissant grec d’origine, il obtient la double-nationalité franco-grecque en 1971. Il a mené ses études supérieures aux facultés de médecine de Montpellier et de Paris et aux facultés des sciences de Paris et d’Orsay.

  • Certificat d’études physiques, chimiques et biologiques – PCB, major (1954).
  • Etudes de médecine, faculté de médecine de Montpellier, puis de Paris. 
  • Externe des hôpitaux de Paris (1957).
  • Interne des hôpitaux de Paris (1960), notamment dans les services de Jean Bernard, Fred Siguier, Christian Cabrol, François Lhermitte, Paul Milliez, Jean Hamburger, Pierre Royer (1960–1966).
  • Doctorat de médecine, sujet de thèse : “Ectasies calaniculaires précalicielles et monokystose centropapillaire diffuse », sous la direction de Jean Hamburger (1963).
  • Certificat de médecine aéronautique (1965).
  • Post-doctorat aux Etats-Unis dans le laboratoire de David F Watson, University at Buffalo, New York, puis dans celui de Eric E Windhager, Cornell University, New York (1967–1970).
  • Chargé de recherche (1970), directeur de recherche de 2ème classe (1975), directeur de recherche de 1ère classe, directeur de recherche de classe exceptionnelle à l’Inserm. 
  • Diplôme d’études et de recherches en biologie humaine (1971).
  • Diplôme d’étude approfondie (DEA) de neurophysiologie (1974).
  • Doctorat ès sciences naturelles “De quelques propriétés électrophysiologiques du tube contourné proximal du Necturus maculosus”, sous la direction d’Edouard Coraboeuf. 
  • Créateur et directeur de l’unité de recherche Inserm 323 “Physiologie et biophysique des systèmes de transport”, hôpital Necker-Enfants malades, Paris (1988–1997).
  • Poursuit ses recherches au sein de l’unité 467 “Régulation des systèmes de transport dans les épithéliums”, dirigée par Aleksander Edelman (1998–2000)

Takis Anagnostopoulos est décédé à Paris le 6 novembre 2000. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm “Appareils cardiovasculaire, respiratoire et urinaire, rein : physiologie, physiopathologie, pharmacologie, toxicologie, environnement, chirurgie, épidémiologie” (1974–1979).
  • Membre du conseil scientifique de l’Inserm (1987–1990).

Société savantes – Académies

  • Membre de l’American Society of Nephrology, de la Société de néphrologie, de la Société de physiologie.