Serge Lissitzky

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Serge Lissitzky, médecin et chercheur, a consacré sa carrière scientifique aux recherches sur la glande thyroïde dont il est l’un des spécialistes reconnu. Il a mis en œuvre des méthodes expérimentales variées pour élucider et comprendre le fonctionnement des cellules thyroïdiennes. 

Sa carrière scientifique commence lorsqu’il rejoint le laboratoire de biochimie générale et comparée que Jean Roche vient de créer au Collège de France à Paris, à la fin des années 1940. Il y étudie le métabolisme de l’iode dans la glande thyroïde par une technique originale, une chromatographie après marquage avec de l’iode radioactif, qui permet d’identifier précisément les dérivés ayant été incorporés. Après trois années d’intense travail, plusieurs découvertes majeures dans le domaine de la physiologie thyroïdienne et donc de l’endocrinologie vont être faites : 

  • la découverte de la triiodothyronine, qui est en fait l’hormone thyroïdienne biologiquement active ;
  • la démonstration que la triiodothyronine, comme la thyroxine (T4), est synthétisée à partir d’un précurseur protéique de grande taille, la thyroglobuline ;
  • la découverte d’une enzyme thyroïdienne de désiodation des résidus non hormono-actifs de la thyroglobuline, qui permet le recyclage de l’iode.

Au début des années 1950, Serge Lissitzky est affecté à l’hôpital Maillot à Alger, où il entreprend de purifier et de caractériser les toxines d’un scorpion, Androctonus australis Hector, qui sévit dans la région. 

Ses grandes orientations sont définitivement fixées lorsque, en 1954, il est nommé professeur à la faculté de médecine et de pharmacie de Marseille, dans le département de biochimie dont il deviendra le titulaire. Il y développe rapidement des recherches sur le métabolisme des hormones thyroïdiennes et de leurs précurseurs, en particulier sur leur désiodation dans le corps thyroïde et les organes périphériques. 

Au début des années 1960, avec l’apparition de techniques nouvelles permettant la purification et la caractérisation de protéines de grande taille, Serge Lissitzky reprend ses travaux sur la thyroglobuline, afin de comprendre les mécanismes de l’hormonogenèse thyroïdienne. Il mène des études biochimique, cellulaire et moléculaire sur le système intégré que constitue la glande thyroïde. Ses travaux se déroulent dans l’unité Inserm 38/CNRS de physiopathologie de la glande thyroïde qu’il dirige à partir de 1964 à Marseille. Plusieurs équipes travaillent sur : 

  • la purification, la caractérisation biochimique et immunologique et le clonage moléculaire de la thyroglobuline ;
  • la mise en place de modèles cellulaires reproduisant in vitro la structure du corps thyroïde, qui permettront l’étude de l’hormonogenèse et de sa régulation ; 
  • le mode d’action des hormones thyroïdiennes.

L’unité de recherche devient le centre d’un réseau d’échanges scientifiques en France comme à l’étranger, avec les Drs Salvatore, Greif, Greer, Becarevic, Gorbman, Burrow et De Groot, qui viendront travailler dans le laboratoire. Des collaborations s’instaurent avec des chercheurs des National Institutes of Health aux Etats-Unis et avec plusieurs équipes européennes, dont celle de Nino Salvatore et de Roberto Di Lauro, à Naples, de Jacques Dumont et Jacques Vassart et celle de Jan de Viljder à Amsterdam. 

Serge Lissitzky, médecin-chercheur, n’eut de cesse que ses recherches trouvent des applications, notamment en pathologie thyroïdienne : goitres congénitaux provenant d’un défaut de synthèse de la thyroglobuline, identification de la nature des antigènes antimicrosomiaux (thyroperoxidase) dans les pathologies auto-immunes, maladie de Graves-Basedow et cancers thyroïdiens. 

Biographie

Serge Lissitzky est né à Bourg-en-Bresse (Ain) en 1919. Il a mené ses études supérieures aux écoles de santé navale de Bordeaux et Montpellier, aux facultés des sciences de Bordeaux, Montpellier et Paris et à la faculté de médecine et de pharmacie de Marseille. 

  • Étudiant à l’Ecole de santé navale et aux facultés des sciences de Bordeaux (1939–1940) et de Montpellier (1940–1943).
  • Certificat d’études supérieures de chimie générale de la faculté des sciences de Montpellier (1941).
  • Doctorat en médecine (1944).
  • Assistant stagiaire de chimie à la faculté des sciences de Montpellier (1947).
  • Certificats d’études supérieures de chimie générale et d’études supérieures de physiologie générale de la faculté des sciences de Paris (1949).
  • Travaille dans le laboratoire de biochimie générale et comparée dirigé Jean Roche au Collège de France à Paris (1949).
  • Doctorat es sciences naturelles de la faculté des sciences de Paris. Intitulé de sa thèse “Biochimie des acides aminés iodés marqués par l’I131 dans le corps thyroïde” (1952).
  • Agrégation de médecine (1952).
  • Professeur agrégé à la faculté de médecine d’Alger (1953).
  • Professeur agrégé en chimie biologique à la faculté de médecine et de pharmacie de Marseille (1954).
  • Directeur du département de biochimie dans la même faculté (1960).
  • Professeur titulaire de biochimie (1961).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 38 “Physiopathologie de la fonction thyroïdienne” à la faculté de médecine et de pharmacie de la Timone à Marseille (1963–1985).

Janine Torresani lui succèdera. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

Membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’Inserm « Physiologie et pathologie endocriniennes »(1964–1967) et de la CSS « Reproduction et développement, glandes endocrines, tissus calciques et articulations : physiologie, physiopathologie, pharmacologie, toxicologie, chirurgie, épidémiologie » (1974–1979).

Sociétés savantes – Académies

  • Fondateur et membre du comité exécutif de l’European Thyroid Association, dont il accueillit la deuxième réunion à Marseille en 1968, puis membre honoraire aux côtés de ceux qui participèrent à la découverte de la triiodothyronine : R Pitt-Rivers, J Roche et J Gross.
  • Président de la Société de chimie biologique et de la Société d’endocrinologie (1969).
  • Membre de la British Biochemical Society, de l’European Molecular Organization (EMBO) et de l’American Thyroid Association (ATA).
  • Correspondant (1984), puis membre de l’Académie nationale de médecine. 

Distinctions – Prix 

  • Prix Henning de l’European Thyroid Association (1983).
  • Prix Jaffé de l’Académie des sciences – Institut de France (1984).
  • Croix de Guerre (1948).
  • Chevallier de la Légion d’honneur (1948).