Robert Debré

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Avant de devenir le pédiatre exceptionnel qu’il fut et le fondateur de l’École de pédiatrie française, Robert Debré avait d’abord été formé à la bactériologie et à l’immunologie. Au début de sa carrière, il consacre de nombreux travaux importants aux maladies infectieuses. Il est ainsi l’instigateur de la prévention de la rougeole par le sérum de malade convalescent. Il démontre, avec Gaston Ramon, la valeur de la vaccination par l’anatoxine antidiphtérique et est à l’origine de la pratique des vaccins de rappel. 

Il s’intéresse de très près à la tuberculose de l’enfant et démontre, avec Marcel Lelong, que cette maladie n’est pas héréditaire mais se transmet par contagion. 

Il participe, avec Albert Calmette, aux premiers essais cliniques du vaccin par le BCG et établit les principes de la prophylaxie de la tuberculose du petit enfant dont la mère est tuberculeuse. 

Ardent partisan de la vaccination par le BCG, il poursuit des recherches fondamentales sur la réaction immunitaire au cours de la tuberculose. De ses observations découlera la pratique de répétition de l’épreuve tuberculinique ou cuti-réaction, découverte par le pédiatre autrichien Clemens on Pirquet. 

La découverte de molécules actives contre la tuberculose, notamment la streptomycine par Waksman aux États-Unis en 1943, va constituer un progrès considérable. Robert Debré, avec une aide de la Fondation Rockefeller, lance en 1948 un protocole expérimental utilisant la streptomycine, molécule qui avait fait précédemment l’objet d’essais cliniques concluants aux États-Unis. Sa plus grande réussite est la guérison, en 1951, avec Jean Bernard, d’un cas de méningite tuberculeuse par cet antibiotique. Robert Debré propose avec HE Brissaud, sous le nom de chimioprophylaxie, le traitement systématique de toute tuberculose primaire, même si celle-ci ne se traduit pas par des signes évidents. 

Afin de parer aux risques de la contagion mère enfant, il crée, avec son confrère Léon Bernard, une œuvre permettant d’élever les nourrissons à la campagne, à l’abri des risques de contagion liés à leur origine familiale. Cette action de santé publique le conduit alors à participer aux travaux du service d’hygiène de la Société des Nations fondée par Ludwig Rajchman, dont sera issu, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (1946), le Fond des Nations Unies de secours à l’enfance, l’Unicef. Il en est le représentant français et en devient un des membres les plus actifs. Il est le fondateur du Centre international de l’enfance (CIE), créé en 1949 au château de Longchamp à Boulogne. 

Enfin, il travaille également sur les maladies virales comme la poliomyélite et décrit, notamment, en 1950, la maladie des griffes du chat. En outre, il contribue, avec son élève Pierre Royer, au développement de la néphrologie pédiatrique. 

Ses activités scientifiques prendront une remarquable extension au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, il envoie l’un de ses internes, Alexandre Minkowski, s’initier aux techniques modernes de la périnatalité pratiquées aux Etats-Unis. Il installe à l’hôpital des Enfants malades les laboratoires de deux de ses élèves, Georges Schapira et Jean Frézal, qui vont faire de la clinique pédiatrique le berceau de la biochimie, puis de la génétique médicale en France. 

Robert Debré, acteur majeur de l’organisation de la recherche médicale en France

Il est l’homme qui pressent le grand virage de la médecine vers la biologie, en introduisant la recherche à l’hôpital. Au milieu des années 1930, grâce à l’aide du gouvernement français et au soutien des fondations nord-américaines (Josiah Macy, Rockefeller), il entreprend d’installer des laboratoires dans le projet de la nouvelle clinique pédiatrique de l’hôpital des Enfants malades. 

Pendant l’Occupation, il participe à la Résistance, notamment au sein du comité médical de la résistance. En 1943, contraint à la clandestinité, il rédige un projet résultant de la réflexion commune des membres du comité dont les idées recevront leurs applications après la Libération : création du ministère de la Population, de l’Institut national d’études démographiques (INED), de la lutte contre les fléaux sociaux et de la réforme hospitalière et universitaire. 

Robert Debré est également l’instigateur de la grande réforme des études médicales, réforme qui porte son nom. Il y travaille avec Jean Dausset, auprès des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur et, le 30 décembre 1958, l’ordonnance relative à la création de centres hospitaliers et universitaires (CHU), à la réforme de l’enseignement médical et au développement de la recherche médicale sera signée par le général de Gaulle. 

Biographie

Robert Debré est né à Sedan le 7 décembre 1882. Il a mené ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly à Paris, et ses études supérieures aux facultés des lettres et de médecine de Paris. 

Il entreprend d’abord des études supérieures en sections littéraire et philosophique (1900), puis se tourne vers la médecine et suit les enseignements de la faculté de médecine de Paris. 

  • Interne des hôpitaux de Paris (1906), élève d’Antoine Marfan à l’hôpital des Enfants malades puis d’Arnold Netter, à l’hôpital Trousseau.
  • Docteur en médecine à la faculté de Paris, il mène sa thèse sur le traitement de la méningite cérébrospinale par le sérum anti-méningococcique mis au point par Simon Flexner à la Fondation Rockefeller, à New York (1911).
  • Chef de laboratoire à l’hôpital Trousseau puis chef de clinique à la faculté de médecine de Paris (1912).
  • Suit l’enseignement de bactériologie de l’Institut Pasteur, élève d’Emile Roux, de Maurice et Charles Nicolle et d’Albert Calmette. Mobilisé comme médecin-lieutenant dans un régiment d’artillerie en 1914.
  • Directeur de l’Institut d’hygiène et de bactériologie de la faculté de Strasbourg (1918), refuse la chaire de bactériologie qui lui est proposée et rentre à Paris en 1920, considérant que son métier est de soigner les enfants.
  • Agrégé de la faculté de médecine de Paris, médecin des hôpitaux de Paris (1920).
  • Chef du service de pédiatrie de l’hôpital des Enfants malades, successeur d’Antoine Marfan (1920). Il définit sa méthode de travail et commence de fonder son école
  • Professeur de bactériologie clinique à la faculté de médecine de Paris (1933).
  • Professeur à la chaire de clinique médicale des Enfants malades (1940).

Soumis au statut des juifs élaboré par le gouvernement de Vichy, il est écarté de ses activités hospitalières et universitaires.En juin 1944, il dirige le service de santé des Forces françaises de la région parisienne et participe à la libération de Paris. 

En 1950, crée le Centre international de l’enfance – CIE.Au début des années 1950, Robert Debré, après de longs efforts, voit s’ériger la nouvelle clinique des Enfants malades, service moderne dans lequel fonctionneront un centre de soins dispensés aux enfants, une structure d’enseignement aux étudiants et des laboratoires de recherche. 

Robert Debré est décédé à Paris en 1978. 

Instances scientifiques et de gestion de la recherche 

  • Membre du comité consultatif des universités.
  • Membre de l’Académie nationale de médecine (1933).
  • À la Libération, il est président du comité technique de l’Institut national d’études démographiques (INED) et garde cette fonction jusqu’à sa mort. Il anime également les travaux du Haut comité de la population et de la famille mis en place par le Général de Gaulle.
  • Membre du conseil d’administration, puis du conseil scientifique de l’Institut national d’hygiène – INH (1946).
  • Président du conseil d’administration du Centre international de l’enfance (1950).
  • Président du comité interministériel pour la réforme des études médicales mis en place par le ministre de l’Education nationale, René Billières (1956).
  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Epidémiologie, médecine préventive et action médicosociale » (1964–1967), président du conseil scientifique de l’Inserm (1965–1967).
  • Membre du comité consultatif médical de la direction des relations culturelles.
  • Membre du conseil permanent d’hygiène sociale. 

Sociétés savantes – Académies 

  • Membre de l’Académie nationale de médecine (1933)
  • Président de la Société médicale des hôpitaux de Paris.
  • Membre élu de l’Académie des sciences (1961).
  • Membre de l’Assemblée de l’Institut Pasteur.