Raymond Latarjet

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Raymond Latarjet, d’abord physicien, puis médecin, a été pendant vingt ans le chef de file incontesté et prestigieux de la radiobiologie française et lui a donné un grand éclat international. 

Il consacre ses thèses de doctorat ès sciences, et de médecine, aux ultraviolets et à leur atténuation par l’ozone atmosphérique. Par le calcul, il établit les relations entre l’épaisseur de la couche d’ozone et l’activité génotoxique (mutagène et cancérigène) des ultraviolets solaires. Ce travail fut repris dans les années 1970. 

En 1945, Raymond Latarjet est parmi les tous premiers jeunes scientifiques français à obtenir une bourse pour un séjour d’un an aux États-Unis. Séjour fécond puisqu’il y fait deux découvertes de premier plan et noue des liens avec les plus grandes équipes. Il va étudier les mutations virales provoquées par les ultraviolets et, avec Salvador Luria, l’un des fondateurs de la biologie moléculaire, ils démontrent la variabilité du pouvoir infectieux d’un bactériophage au cours de son cycle de multiplication. Ils introduisent une nouvelle méthode dans le cycle des virus, en établissant les courbes dites “Luria-Latarjet”, qui permettent l’étude du cycle intracellulaire d’un virus. 

Avec Milislav Demerec, généticien américain d’ascendance croate, il décrit l’apparition des radiomutations différées chez Escherichia coli,travail pionnier qui, un demi-siècle plus tard, continuera à passionner les radiobiologistes et à leur poser une énigme, celle de l’origine de cette instabilité génétique. 

A partir de 1946 sa carrière va se dérouler auprès d’Antoine Lacassagne, directeur de la section de biologie de l’Institut Curie, dont il a été le bras droit, puis le successeur en 1954. 

Avec la découverte du rôle de l’ADN dans la vie cellulaire, la radiobiologie est alors en train de muter. Certains chercheurs abandonnent cependant cette discipline pour la biologie moléculaire. Raymond Latarjet comprend qu’avec le développement de l’énergie nucléaire et l’essor de la radiothérapie, la radiobiologie devient une discipline-clé. Il l’enseigne avec brio à l’Institut national des sciences et techniques nucléaires à Saclay et à l’Institut Curie. En même temps, il crée une équipe de recherche en biologie cellulaire et devient directeur de l’unité Inserm de physiopathologie et radiobiologie cellulaire en 1962. . 

En 1970, il déterminera le spectre d’action de radiations ultraviolettes pour l’inactivation de l’agent de la tremblante du mouton (du groupe des encéphalopathies spongieuses transmissibles). Ce spectre d’absorption n’était pas celui d’un acide nucléique mais d’une protéine. En fut déduite l’hypothèse qu’une continuité génétique pouvait être assurée par des protéines, dont l’identification en tant qu’agent infectieux, le prion, date des années 1980. 

Raymond Latarjet a été un esprit brillant, rigoureux, indépendant, n’admettant pas les dogmes et les idées reçues. Aventureux également il participera, aux côtés de Paul-Emile Victor, en 1948, à une expédition chargée de la construction au Groenland, de la première station française d’étude glaciologique. 

Biographie

Raymond Latarget est né le 17 octobre 1911 à Lyon (Rhône).

  • Thèse de doctorat ès sciences physique sur le dosage des rayonnements ultraviolets utilisés en thérapeutique (1937).
  • Chef de travaux de physique à la faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon (1937–1941).
  • Thèse de doctorat en médecine sur “Quelques actions des rayons ultraviolets sur les microbes en suspension dans l’eau physiologique” (1940).
  • Chef de laboratoire à l’Institut Pasteur (1941), entre à l’Institut du radium comme radiobiologiste. 
  • Séjour aux États-Unis, dans le laboratoire de génétique de Cold Spring Harbor (1945).
  • Maître de recherche au CNRS (1946).
  • Participe, aux côtés de Paul-Emile Victor, à une expédition chargée de la construction, à Ice Mitte (Groenland), de la première station française d’étude glaciologique (1948).
  • Chef de service à l’Institut Pasteur (1953).
  • Directeur de la section de biologie de la Fondation Curie-Institut du Radium, succédant à Antoine Lacassagne (1954–1977).
  • Professeur à l’Institut des sciences et des techniques nucléaires, commissariat à l’énergie nucléaire – CEN (1957–1975).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 22 “Physiopathologie et radiobiologie cellulaire”, Institut Curie, Paris, Orsay (1962–1964).
  • Hubert Curien, ministre de la Recherche et de l’Espace, baptise la section de biologie de l’Institut Curie “Laboratoire Raymond Latarjet” (1992).

Raymond Lataget est décédé le à Paris le 3 juin 1998. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre du comité consultatif de la recherche scientifique et technique de la DGRST (1958–1962).
  • Membre du comité national de la recherche scientifique du CNRS (1958–1968).
  • Président du comité international de photobiologie (1960–1964). 
  • Membre du comité scientifique de biologie moléculaire de la DGRST (1961).
  • Membre du comité de biologie du commissariat à l’énergie atomique – CEA (1965).
  • Président du groupe biologie du Vème Plan (1965–1969).
  • Vice-président de la Ligue française contre le cancer (1969).
  • Conseiller scientifique du ministre de l’Environnement (1971).
  • Président du conseil scientifique du centre international de recherches sur le cancer – CIRC (1971–1972).
  • Un des membres fondateurs du mouvement universel de la responsabilité scientifique – MURS (1974).
  • Membre du comité de l’énergie solaire (COMES) par le ministre de l’Industrie et de la Recherche (1975).

Sociétés savantes – Académies

  • Président de la Société de chimie physique (1960–1962).
  • Président du congrès européen de radiobiologie (1964).
  • Membre du conseil scientifique de l’Inserm (1964–1968).
  • Président de la Société française de photobiologie (1967–1968).
  • Membre de l’Académie des sciences, Institut de France, dans la section Biologie cellulaire et moléculaire (1972)