Pierre Douzou

Remarque : ces contenus ont été récupérés automatiquement depuis l’ancien site « Histoire de l’Inserm » (http://histoire.inserm.fr) et n’ont pas été modifiés depuis.

Pierre Douzou a consacré ses recherches à l’étude physique des constituants de la matière vivante. En 1958, à l’Institut du radium à Paris où il prépare sa thèse de doctorat sous la direction de Moïse Haïssinsky, il rencontre Raymond Latarjet, qui lui révèle la révolution en cours de la biologie moléculaire. Charles Sadron l’initie aux études physicochimiques des macromolécules que sont les ADN. Une fois sa thèse achevée, Pierre Douzou est nommé maître de conférences, puis sous-directeur du laboratoire de biophysique que Charles Sadron vient de créer au Muséum national d’histoire naturelle. 

Il y impose rapidement son style : chercher des voies nouvelles pour des objectifs biologiques importants. C’est ainsi qu’il introduit, en 1960, les recherches sur les états excités moléculaires et, surtout, analyse ces mécanismes photophysiques et photochimiques, en développant des techniques originales comme les spectroscopies optiques et magnétiques. Il étudie les substances photochromiques dont les applications vont de la protection contre le flash nucléaire aux lunettes de soleil progressives. Les photo-transformations réversibles de molécules telles que les spiropyranes (molécules photochromes dont les applications commerciales sont considérables) fascinent Pierre Douzou, qui introduit les méthodes spectroscopiques cinétiques qui allaient marquer sa carrière scientifique. 

Le départ de Charles Sadron à Orléans – avec une bonne partie des chercheurs, pour y créer le nouveau Centre de biophysique moléculaire du CNRS – conduit Pierre Douzou à rejoindre l’Institut de biologie physicochimique (IBPC) pour y créer, en 1967, le service de bio-spectroscopie. Il en fait une unité de recherche Inserm et s’entoure de chercheurs réputés. Il veut surtout se consacrer à l’étude de “mécanismes”, à la recherche d’intermédiaires dans les cycles des réactions biochimiques permettant d’en comprendre le fonctionnement et la régulation. George Porter, en Angleterre et Manfred Eigen, en Allemagne venaient d’introduire, en biologie, les méthodes de perturbation (photolyse éclair, sauts de température...), suivies d’analyses spectroscopiques cinétiques. Celles-ci ne laissaient guère le temps de caractériser les intermédiaires, trop fugaces. Pierre Douzou a alors une idée très simple : ralentir les réactions, en abaissant la température. La cryo-biochimie est alors abordée systématiquement pour la première fois. En 1970, avec ses collaborateurs, il met au point des solvants hydro-organiques qui rendent possible l’étude des mécanismes enzymatiques à basse température. La maîtrise rapide de ces techniques de cryobiochimie vaudront à Pierre Douzou des collaborations avec le monde entier. 

En 1974, il crée et dirige l’unité de recherche Inserm de cryo-enzymologie, à Montpellier. Dans la continuité de la cryo-enzymologie, d’autres agents perturbant comme la haute pression sont appliqués à l’étude des mécanismes moléculaires de systèmes biologiques, comme l’actomyosine et le cytochrome P450. L’idée consiste à faire varier les paramètres physicochimiques des réactions enzymatiques, afin de mieux les comprendre. De 1987 à 1993, Pierre Douzou continue d’accroître ses acquis dans le domaine de la dynamique structurale des protéines. Il prolonge la cryo-enzymologie en lui ajoutant le paramètre temps au moyen de méthode de relaxation par saut de pression. 

Pierre Douzou réorientera ensuite l’activité du laboratoire de l’Institut de biologie physicochimique vers des applications plus biologiques du froid comme la cryoconservation cellulaire et s’associera pour cela à l’Inra, avec Jean-Pierre Renard. 

Biographie

Pierre Douzou est né le 25 août 1926 à Millau (Aveyron). Il a mené ses études secondaires au lycée de Rodez. Il rejoint l’École de santé des armées à Toulon, puis à Lyon, en 1946. Il a mené ses études supérieures aux facultés de pharmacie et des sciences de Lyon, puis à la faculté des sciences de Paris. Il en sortira pharmacien, six années plus tard, et sera affecté à Paris dans les laboratoires de biologie du Val-de-Grâce et des Invalides. 

  • Docteur ès sciences physiques (1958).
  • Biologiste du service de santé des armées (1959).
  • Maître de conférences puis sous-directeur du laboratoire de biophysique du Muséum national d’histoire naturelle à Paris, dirigé par Charles Sadron (1962–1965).
  • Maître de recherche du service de santé des armées (1965).
  • Professeur de biochimie au Val-de-Grâce et chef de service à l’Institut de biologie physicochimique (1966). Il y crée, en 1967, le service de biospectroscopie qu’il ne quittera plus.
  • Directeur de laboratoire à l’École pratique des hautes études (1971).
  • Créateur et directeur de l’unité de recherche Inserm 128 “Cryobiologie appliquée à l’étude de métabolismes” au Centre Inserm de Mende à Montpellier (1974–1980). Claude Balny lui succède de 1981 à 2003.
  • Professeur au Muséum national d’histoire naturelle (1977).
  • Coordonnateur du programme national des biotechnologies au ministère de la Recherche et de la Technologie (1981–1985).
  • Créateur et directeur de l’unité mixte de recherche Inserm 310/Inra “Biologie moléculaire et cellulaire aux basses températures” à l’Institut Curie à Paris (1987–1994). Pascale Debey lui succède de 1995 à 1998 à la direction de l’unité, dont l’intitulé devient “Dynamique et fonctions des assemblages macromoléculaires“. 
  • Président directeur général (1989–1990), président du conseil d’administration (1990–1991), puis président honoraire de l’Inra.
  • Pierre Douzou est décédé à Millau, le 9 juin 2000. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée “Biochimie générale, biophysique générale et radiobiologie, pharmacologie générale, génie biologique et médical, toxicologie générale” de 1974 à 1978. Président du conseil scientifique (1980–1981).
  • Membre du collège de direction scientifique (CODIS) auprès du directeur général de l’Inserm (1984–1996).
  • Coordinateur et pionnier, avec Gilbert Durand et Philippe Kourilsky, du programme national des biotechnologies du ministère de la Recherche et de la Technologie (1981–1985).
  • Conseiller auprès du Haut-commissariat à l’énergie atomique. 

Prix – Distinctions

  • Membre de l’Académie des sciences – Institut de France, section biologie cellulaire et moléculaire (1979).
  • Membre de l’Académie nationale de pharmacie.
  • Prix Pelman de biologie (1962).
  • Lauréat de l’Académie des sciences – Institut de France (1973).
  • Chevalier de la Légion d’honneur.
  • Officier dans l’Ordre national du mérite.