Pierre Corvol

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Mis à jour le 7, janvier 2019 

Pierre Corvol est internationalement reconnu pour avoir, avec ses collaborateurs, élucidé la structure et la fonction du système rénine-angiotensine-aldostérone, système hormonal qui régule le métabolisme de l’eau et du sel et contrôle la pression artérielle.Les travaux de cette équipe ont permis des avancées décisives dans la compréhension et le traitement de l’hypertension artérielle et des maladies cardiovasculaires. 

C’est durant son internat en médecine que Pierre Corvol s’oriente vers la recherche. Après avoir obtenu un diplôme d’étude approfondie (DEA) de physicochimie et de biologie moléculaire, sous l’impulsion de Paul Milliez, le grand clinicien de l’hypertension artérielle, il part aux États-Unis en 1969 et travaille sur les récepteurs des hormones stéroïdes dans un laboratoire des National Institutes of Health (NIH), à Bethesda. 

Durant ce séjour, naît en lui l’idée de travailler sur le système rénine dont on ignorait tout. À son retour, en 1971, il entre dans l’unité de recherche 36 de l’Inserm “Pathologie vasculaire et endocrinologie rénale”, dirigée alors par Edouard Housset. Avec Joël Ménard, qu’il avait connu durant son internat, il décide de se consacrer à la biochimie des maladies cardiovasculaires et, notamment, à l’hypertension artérielle qui était devenue une question de santé publique. Il travaille d’abord sur la rénine. Il isole la rénine de porc puis, conseillé par Pedro Cuatrecasas, le père de la chromatographie par affinité, et aidé par Joël Ménard, il purifie la rénine humaine en faibles quantités, qui lui permettent néanmoins d’obtenir des anticorps. En 1975, Pierre Corvol rejoint l’équipe du Pr. Umezawa au Japon, dont un procédé spécifique lui permet d’isoler de la rénine de rat, de porc et d’homme en quantités plus importantes. 

En 1979, la première purification et caractérisation complète de la rénine humaine est publiée par l’équipe de Pierre Corvol, suivie trois ans plus tard par le clonage de la rénine de souris, puis par celui de la rénine humaine. Pierre Corvol et son équipe purifieront également l’angiotensinogène (substrat de la rénine) chez le rat, puis l’enzyme de conversion de l’angiotensine chez l’homme. Le clonage du gène de l’enzyme de conversion de l’angiotensine humaine sera réalisé par son équipe, en 1988. 

L’application thérapeutique de ces travaux sera le développement d’anticorps monoclonaux et polyclonaux de la rénine et de l’angiotensinogène, une collaboration avec Sanofi permettant de mettre au point le premier test ELISA de la rénine. 

Également clinicien, Pierre Corvol a soigné, en premier lieu, les hypertendus, mais également les sujets atteints d’affections moins répandues de la glande surrénale comme le syndrome de Conn, les phéochromocytomes ou des tumeurs rénales de l’appareil juxta-glomérulaire, qui se traduisent par une production excessive de rénine. C’est d’ailleurs une dizaine de ces cas rares qui a permis d’en accélérer le séquençage et de mettre au point les anticorps monoclonaux anti-rénine. 

À la fin des années 1980, il décide d’explorer, avec Florent Soubrier et Xavier Jeunemaître, les bases génétiques de l’hypertension artérielle humaine. Les activités cliniques de Pierre Corvol vont permettre de disposer d’un fichier de 30 000 malades présentant ou non des antécédents familiaux. Une première analyse conduit à identifier plusieurs polymorphismes des gènes de la rénine, de l’angiotensinogène, de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et du récepteur de l’angiotensine. Certains sont clairement associés à des phénotypes et sont donc des candidats pour la prédisposition aux maladies cardiovasculaires et aux complications rénales du diabète. Cette voie est aujourd’hui en cours d’exploration.

Pierre Corvol eut l’intuition que l’angiotensine, outre la régulation du flux sanguin, contribuait à la formation de la paroi artérielle. En 1997, il effectue un bref séjour à Boston, alors lieu clé de la recherche sur l’angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux), pour approfondir cette intuition qui se révèle fructueuse et devient une hypothèse de travail. Les peptides vaso-actifs comme l’angiotensine et l’endothéline possèdent bel et bien un effet trophique sur les cellules musculaires vasculaires. Ils peuvent également participer à la création de nouveaux vaisseaux. 

Les maladies cardiovasculaires ne sont pas les seules concernées par ces travaux, puisque les cancers activent fortement l’angiogenèse, à mesure que la tumeur primitive se développe. L’angiogenèse et le remodelage de la paroi artérielle au cours du développement embryonnaire et dans les maladies cardiovasculaires sont ainsi devenus la thématique de l’unité de recherche 833 de l’Inserm “Angiogenèse embryonnaire et pathologique”, qui a succédé à l’unité 36 et dans laquelle Pierre Corvol a dirigé une équipe. 

Biographie

Pierre Corvol est né le 18 août 1941 à Boulogne (Seine). Il a mené ses études secondaires au lycée Condorcet et supérieures aux facultés de médecine et des sciences de Paris. 

  • Docteur en médecine, diplômé d’études approfondies en biochimie, interne des hôpitaux de Paris (1964).
  • International Post-Doctoral Research Fellow aux NIH, Etats-Unis (1969).
  • Chef de clinique – assistant des hôpitaux de Paris (1971).
  • Professeur agrégé à la faculté de médecine Broussais – Hôtel-Dieu (1976–1989).
  • Chef du service d’hypertension artérielle à l’hôpital Broussais (1976–1989).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 36 “Pathologie vasculaire et endocrinologie rénale”, Institut du Fer-à-Moulin, Paris (1980–1989), puis au Collège de France, Paris (1990–2006).
  • Responsable d’une équipe de recherche de l’unité 833 “Angiogenèse en pathologie cardiovasculaire”, dirigée par Anne-Christine Eichmann (2007–2010).
  • Professeur au Collège de France dans la chaire de médecine expérimentale, depuis 1990, succédant à Jean Dausset. 
  • Chef du service d’hypertension artérielle à l’hôpital européen Georges-Pompidou, Paris (2001–2007). 
  • Directeur de l’institut fédératif de recherche “Transduction de signaux : molécules à actions centrale et périphérique” du Collège de France (2001–2008).
  • Administrateur du Collège de France (2006–2012).
  • Médecin de l’hôpital européen Georges Pompidou (2013). 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée (CSS) de l’Inserm “Reproduction et développement, glandes endocrines, tissus calciques et articulations : physiologie, physiopathologie, pharmacologie, toxicologie, chirurgie, épidémiologie” (1974–1979), de la CSS “Systèmes cardiovasculaire et respiratoire, muscle, hématologie/hémostase/angiogenèse” (2003–2006).
  • Membre du Collège de direction scientifique (CODIS) de l’Inserm (1985–1996).
  • Conseiller auprès du directeur général pour le développement de la recherche clinique et la création des centres d’investigation clinique – CIC (1988–1996).
  • Président du conseil scientifique (1999–2002).
  • Président du conseil d’administration de l’Ecole normale supérieure (2001).
  • Président du conseil scientifique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris –AP-HP (2003–2006).
  • Membre de l’Assemblée de l’Institut Pasteur.
  • Membre du comité Histoire de l’Inserm depuis 2017. 

Sociétés savantes – Académies

  • Président de la Société française d’hypertension (1990–1992).
  • Membre de l’European Society of Hypertension, de l’American Endocrine Society, de l’International Society of Hypertension, du Council for High Blood Pressure Research. 
  • Membre de l’European Academy of Sciences. 
  • Président du conseil scientifique de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (2003–2006).
  • Membre du conseil d’administration de la Fondation pour la recherche médicale (2000–2006).
  • Président du conseil d’administration de l’École normale supérieure (2001).
  • Correspondant puis membre de l’Académie des sciences – Institut de France (1995).
  • Membre étranger de l’American Academy of Art and Sciences (1995).
  • Membre associé de l’Académie royale de médecine de Belgique. 
  • Membre de l’Académie de médecine (2008).
  • Docteur honoris causa de l’université Semmelweis à Budapest (2012).
  • Vice-président (2017–2018) et président de l’Académie des sciences – Institut de France, depuis le 1er janvier 2019.

Distinctions – Prix

  • Prix de la recherche sur l’hypertension artérielle de la Ligue nationale contre l’hypertension artérielle (1973).
  • Grand prix Claude-Bernard de la Ville de Paris (1980).
  • Young Researcher Award de l’International Society of Hypertension (1980).
  • Prix Jeanine Courrier de l’Académie des sciences – Institut de France (1981).
  • AC Corcoran Lecture Award, Council for High Blood Pressure Research, Cleveland (1982).
  • Prix de l’American Heart Association (1982).
  • Recipient of the Laurence B Ellis Lecture – Havard Medical School (1983).
  • Prix de l’European Society of Clinical Investigation (1984).
  • Ciba Award for Hypertension Research – Council for High Blood Pressure Research (1985).
  • Grand prix scientifique de la ville de Paris (1985).
  • European Medal, British Society of Endocrinology (1990).
  • International Foundation SPA Prize (1990).
  • Humboldt Award (1993).
  • Robert Tigerstedt Award de l’American Society of Hypertension (1998).
  • Prix de littérature/MEDEC (2000).
  • International MSD Award – Society of Hypertension (2004).
  • Grand prix Inserm de la recherche (2006).

Le Grand Prix Inserm de la recherche médicale rend hommage à un acteur de la recherche scientifique française dont les travaux ont permis des progrès remarquables dans la connaissance de la physiologie humaine, en thérapeutique et, plus largement, dans le domaine de la santé. 

  • Commandeur de la Légion d’honneur.
  • Commandeur dans l’Ordre national du mérite.