Pierre Chambon

Remarque : ces contenus ont été récupérés automatiquement depuis l’ancien site « Histoire de l’Inserm » (http://histoire.inserm.fr) et n’ont pas été modifiés depuis.

Mis à jour le 6 janvier 2020 

L’histoire débute dans les années 1960, quand Pierre Chambon, étudiant l’ARN polymérase (enzyme responsable de la transcription), met notamment en évidence plusieurs formes distinctes de cette enzyme dans les cellules animales. S’appuyant sur des modèles viraux ou eucaryotes, Pierre Chambon et ses collaborateurs mettent en évidence le rôle des séquences promotrices et régu latrices stimulatrices dans les régulations transcriptionnelles. Ils ont été les premiers, en 1977, à montrer la structure discontinue des gènes en exons et introns (qui en sont constitutifs) et à mettre en évidence les signaux responsables de l’épissage (nettoyage) des ARN messagers. Leurs recherches ont également contribué à la mise en évidence de la structure de la chromatine en sous-unités ou nucléosomes. 

En 1985, Pierre Chambon est le premier à cloner le gène du récepteur des œstrogènes, qui constituera un modèle d’étude du contrôle hormonal transcriptionnel. Ses travaux et ceux de son équipe ont également porté sur le rôle physiologique joué par certains récepteurs nucléaires et récepteurs aux œstrogènes au cours du développement embryonnaire de la souris et chez l’animal après la naissance. Autres travaux remarquables de l’équipe de Pierre Chambon : l‘étude des mécanismes moléculaires d’action de la vitamine A et des rétinoïdes (dérivés de la vitamine A), qui ont abouti à l’identification et à la caractérisation des récepteurs de la vitamine A (RAR a, b et g), qui appartiennent à une super-famille de récepteurs nucléaires, dont font également partie les récepteurs aux œstrogènes, à la progestérone (gène cloné par son équipe), aux hormones thyroïdiennes et aux glucocorticoïdes. La découverte ultérieure des récepteurs rétinoïques X a montré toute la complexité de ce système. Ainsi pouvait s’expliquer l’action de la vitamine A et de son dérivé actif, l’acide rétinoïque, non seulement au niveau de la croissance et de multiples fonctions comme la vision ou la maintenance des tissus, mais également au cours de l’embryogenèse et du développement.Pierre Chambon est l’une des personnalités scientifiques les plus marquantes dans les domaines de la structure et de la régulation des gènes et dans celui de la transduction du signal nucléaire (du noyau de la cellule). Il a également découvert, avec Ronald Evans, le récepteur de l’hormone nucléaire pour l’acide rétinoïque, dérivé de la vitamine A, ouvrant ainsi le champ à de nouvelles stratégies thérapeutiques. Il a contribué de manière très importante à la compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans le contrôle de l’expression de l’information génétique chez les eucaryotes (êtres vivants possédant un noyau cellulaire) supérieurs. Ses découvertes dans ce domaine ont non seulement permis d’éclairer le mécanisme initial de déclenchement de la transcription (de l’ADN en ARN), mais d’en apporter une vision conceptuelle entièrement nouvelle, fondée sur l’action coordonnée d’énormes complexes protéiques liés à l’ADN.

Biographie

Pierre Chambon est né le 7 février 1931 à Mulhouse (France). Il a mené ses études secondaires au lycée de Mulhouse et supérieures aux facultés de médecine et des sciences de Strasbourg. 

  • Assistant à l’Institut de chimie biologique de la faculté de médecine de Strasbourg (1956–1961).
  • Docteur en médecine (1958), agrégé de biochimie médicale (1961).
  • Maître de conférences agrégé de chimie biologique à la faculté de médecine de Strasbourg (1962–1966).
  • Année sabbatique au département de biochimie d’Arthur Kornberg (prix Nobel de médecine ou physiologie 1959) à l’école de médecine de l’université de Stanford, Etats-Unis (1966–1967).
  • Professeur sans chaire à l’université Louis-Pasteur, UER de sciences médicales, Strasbourg (1967–1985).
  • Professeur de biochimie à l’Institut de chimie biologique, faculté de médecine, Strasbourg (1968–1991).
  • Directeur du laboratoire de génétique moléculaire des eucaryotes du CNRS (1977–2002).
  • Directeur de l’unité mixte de recherche Inserm 184 “Biologie moléculaire et génie génétique” (1978–2002) et de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) Inserm/CNRS/université Louis-Pasteur/Collège de France (1994–2002). Directeur émérite depuis 2002.
  • Professeur à titre personnel à l’université Louis-Pasteur, UER de sciences médicales, Strasbourg (1985–1991).
  • Professeur à l’Institut universitaire de France, faculté de médecine, université Louis-Pasteur, Strasbourg (1992–1993).
  • Professeur au Collège de France, Paris, chaire de génétique moléculaire (1993–2002) et professeur honoraire depuis 2002.
  • Professeur émérite à la faculté de médecine, université Louis-Pasteur, Strasbourg depuis 2002.
  • Directeur du Génopôle de Strasbourg Alsace-Lorraine (1999).
  • Fondateur et directeur de l’Institut clinique de la souris de Strasbourg (centre de ressources du CNRG-Génopole de Strasbourg) (2002–2010).

Instances scientifiques

  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm “Biologie et pathologie moléculaire générale, coagulation, immunologie, génétique fondamentale, virologie générale, bactériologie, parasitologie” (1974–1979).
  • Membre du collège de direction scientifique (CODIS) de l’Inserm (1982–1988).
  • Président du conseil scientifique du programme national de la génomique (1999–2002).
  • Fondateur et membre du comité d’administration de l’Ecole de biotechnologie de Strasbourg (devenue Ecole européenne du Haut-Rhin).
  • Membre du conseil scientifique de l’International Centre for Genetic Engineering and Biotechnology (ICGEB), Trieste.
  • Membre du réseau Eurolife.
  • Membre du conseil scientifique du Centre de régulation génomique de Barcelone.
  • Membre du Centre national espagnol du cancer.
  • Membre des comités de rédaction de nombreuses revues scientifiques internationales comme Genes and Development, Cell, Current Opinion in Endocrinology, The Breast, International Journal of Cancer, Biochimie, Molecular Medicine, Journal of Clinical Investigation, FASEB Journal, Molecular Cell, Genome Biology, IUBMB Life.

Société savantes – Académies 

  • Membre de l’European Molecular Biology Organization (1975).
  • Membre correspondant de l’Académie royale des sciences de Liège (1979).
  • Membre étranger honoraire de la National Academy of Sciences, Etats-Unis (1985).
  • Membre et de l’Académie des sciences, Institut de France, section biologie moléculaire et cellulaire (1985).
  • Membre étranger honoraire de l’Académie royale de médecine de Belgique (1987).
  • Membre étranger de la Royal Swedish Academy of Sciences (1987).
  • Membre de l’Academia Europæa (1988).
  • Membre honoraire de la Société chinoise de génétique, Taipei (1989).
  • Membre de l’American Association for the Advancement of Science – AAAS (1995).
  • Membre de l’American Academy of Microbioloy (1992).
  • Membre de la New York Academy of Sciences (1996).
  • Membre honoraire de la société allemande de biologie cellulaire (2001).

Prix – Distinctions

  • Prix Rosen pour la recherche sur le cancer de la Fondation pour la recherche médicale (1976).
  • Médaille d’or du CNRS (1979).
  • Prix de la Fondation Bert Freeman pour la recherche en biochimie de la New York Academy of Sciences (1981).
  • Prix Richard Lounsbery de la National Academy of Sciences, Etats-Unis, et de l’Académie des sciences de France – Institut de France (1982).
  • Docteur honoris causa de l’université de Liège (1985).
  • Prix Charles-Oberling de la recherche sur le cancer (1986).
  • Prix Harvey de la science et de la technologie de l’Institut israélien de technologie de Haïfa (1987).
  • Prix Griffuel de l’Association pour la recherche sur le cancer (1987).
  • Prix Henry et Mary-Jane Mitjavile de l’Académie nationale de médecine (1987).
  • Prix international en sciences du roi Fayçal Riyadh (1988).
  • Médaille Hans-Krebs de la Fédération des sociétés européennes (1990).
  • Prix Roussel (1990).
  • Prix Louis-Jeantet de médecine, Genève (1991)

Le Professeur Pierre Chambon reçoit le Prix Louis-Jeantet de médecine 1991 Le professeur Pierre Chambon, directeur du laboratoire de recherches en biologie moléculaire et génie génétique, unité Inserm 184 – CNRS – LGME, Strasbourg, a reçu conjointement avec deux autres chercheurs en génétique, les docteurs Franck Grosveld (Londres) et Hug Pelham (Cambridge), le prix Louis Jeantet de médecine 1991. Pierre Chambon a reçu ce prix pour l’ensemble de ses travaux, mais, tout particulièrement ceux concernant le cancer du sein. Avec son équipe, il a découvert un mécanisme qui explique comment les cellules tumorales sont capables d’envahir le tissu sain. Ce mécanisme implique une enzyme, la stromélysine, capable de digérer la matrice extracellulaire entourant la tumeur et qui permet donc la progression de cette dernière, ainsi que la formation des métastases. Un des aspects les plus surprenants de cette découverte est que cette enzyme n’est pas produite par les cellules cancéreuses elles-mêmes, mais par les cellules normales avoisinantes (cellules stromales). Il semble donc que les cellules tumorales “détournent” l’expression génétique des cellules saines en leur faisant produire la stromélysine. Ce phénomène de communication intercellulaire que Pierre Chambon et son équipe ont découvert ouvre la voie à de nouvelles recherches dans le domaine des thérapeutiques anticancéreuses. 

  • Grand prix de la Fondation pour la recherche médicale (1996).
  • Robert A. Welch Award in Chemistry, Houston, (1998).
  • Honorary Doctor of Philosophy de l’université médicale de Sapporo au Japon (1999).
  • Prix Louisa Gross Horwitz, Columbia University (1999).
  • Prix de l’Association française pour la recherche thérapeutique (2000)
  • Docteur honoris causa ès sciences de l’université de Lausanne (2001) et de l’université autonome de Nuevo Leon à Monterrey, au Mexique (2002).
  • Prix de la Fondation March of dimes en biologie du développement, Seattle (2003).
  • Prix Alfred P Sloan 2003 de la Fondation General Motors de recherche sur le cancer, Washington (2003).
  • Lauréat 2004 du Prix “Endocrine Communication and Regulation” de la Fondation IPSEN. 
  • Prix Albert-Lasker pour la recherche fondamentale (2004).
  • Prix d’honneur Inserm 2004 – Plaquette Prix 2004 (p. 30) – pdf.
  • Lauréat 2010 du prix international de la Fondation Gairdner (Canada).
  • Officier dans l’Ordre national des palmes académiques (1993).
  • Commandeur dans l’Ordre national du mérite (1995).
  • Commandeur de la légion d’honneur (2000).