Olivier Delattre

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Les recherches d’Olivier Delattre concernent l’identification et la caractérisation d’altérations génétiques dans des tumeurs de l’enfant, dont le sarcome d’Ewing, le neuroblastome et la tumeur rhabdoïde. 

Olivier Delattre débute en 1981 son internat en pédiatrie et se forme spécifiquement en hémato-cancérologie. Prenant connaissance des travaux scientifiques de l’époque sur les oncogènes, travaux qui aboutissent à la caractérisation des translocations de la leucémie myéloïde chronique et du lymphome de Burkitt, il souhaite mieux comprendre la base de ces découvertes scientifiques fondamentales et leurs possibles implications en clinique. Il se met alors en disponibilité d’internat pour se consacrer à un travail de laboratoire. Il passe une année dans le laboratoire de Gilles Thomas à l’Institut Curie à Paris, puis une année dans l’équipe de Richard Breathnach dans le laboratoire de Pierre Chambon à Strasbourg et enfin quelques mois avec Guy Rouleau au Massachusetts General Hospital, à Boston aux Etats-Unis. 

A son retour et parallèlement à la fin de son internat, il réintègre le laboratoire de Gilles Thomas, avec le projet de s’intéresser à la translocation chromosomique t(11;22) dessarcomes d’Ewing. Il s’agit d’une des altérations chromosomiques les plus récurrentes identifiée au sein des tumeurs solides. L’objectif est de comprendre ce qui se passe au niveau du point de cassure de la translocation. Au terme de plusieurs années de cartographie génétique effectuées avec Jessica Zucman-Rossi ainsi que d’autres collègues talentueux, cette translocation des sarcomes d’Ewing est finalement déchiffrée en 1992 et constitue le premier réarrangement chromosomique caractérisé sur le plan moléculaire dans une tumeur solide. 

La carrière d’Olivier Delattre est alors à la croisée des chemins. Il aime la clinique et la recherche mais sent qu’il sera extrêmement difficile de poursuivre efficacement sur ces deux champs d’activité. Le travail clinique en oncologie pédiatrie nécessite une très grande disponibilité aux enfants et à leurs entourages, et le travail de recherche demande également beaucoup de temps pour suivre et diriger les projets. Il opte finalement pour la recherche et intègre l’Inserm en 1992. Il décide de focaliser ses travaux sur les tumeurs de l’enfant, d’une part parce qu’il les connaît bien de par sa formation d’onco-pédiatre et, d’autre part, parce qu’il considère que ce sont des pathologies potentiellement très instructives pour aborder l’étude des mécanismes de l’oncogenèse humaine, probablement moins complexes que les tumeurs de l’adulte, et surtout moins liées à l’environnement.

Pour la tumeur d’Ewing, il s’agit désormais de comprendre la fonction de la protéine de fusion EWS-FLI qui résulte de la translocation chromosomique t(11;22). Au-delà de la compréhension des mécanismes d’action de cette protéine, en particulier sur la transcription de gènes, il s’agit également d’apprécier dans quelle mesure cette protéine elle-même ou l’une de ses conséquences d’aval peuvent constituer de nouvelles cibles thérapeutiques. 

D’autres tumeurs retiennent également son attention : la tumeur rhabdoïde, tumeur d’évolution très rapide et habituellement résistante aux thérapeutiques du très jeune enfant. L’équipe découvre en 1998 que ces tumeurs sont caractérisées de façon quasi-constante par l’inactivation de SMARCB1, un membre des complexes de remodelage de la chromatine SWI/SNF. Il s’agit de la première mise en évidence directe de l’implication de ce type de protéine en oncogenèse humaine. Les travaux de nombreux autres groupes démontreront par la suite que les altérations de membres des complexes SWI/SNF comptent parmi les lésions génétiques les plus fréquentes en oncogenèse humaine. Elles sont observées en particulier dans les cancers du rein, de l’ovaire et dans de très nombreux autres cancers. A l’heure actuelle, il est estimé que la fréquence des altérations de ce complexe en pathologie cancéreuse humaine est de l’ordre de 20%, un chiffre proche de celui du taux de mutation de p53, un gène bien connu pour son implication dans le cancer. 

Une autre tumeur sur laquelle se focalise la recherche de son groupe est le neuroblastome, tumeur de l’enfant qui présente d’un cas à l’autre des modalités et des risques évolutifs très différents. Le groupe met en évidence en 2008 la présence de mutations activatrices, constitutionnelles ou somatiques, du récepteur membranaire ALK dans ces tumeurs. 

Tout en gardant une forte composante génétique, les projets actuels d’Olivier Delattre concernent les études fonctionnelles sur les mécanismes d’action de ces protéines anormales, l’étude du contexte cellulaire dans lequel elles agissent et leur modélisation chez l’animal. L’ensemble des travaux réalisés dans l’équipe repose sur de nombreux chercheurs, étudiants et post-doctorants talentueux et plus particulièrement Isabelle Janoueix-Lerosey et Franck Tirode, deux chercheurs à l’Inserm, ainsi que Gudrun Schleiermacher et Franck Bourdeaut, pédiatres ayant suivi une formation à la recherche. 

Biographie

Olivier Delattre est né le 29 avril 1957 à Paris. Il a mené ses études secondaires et supérieures à Paris. 

  • Internat des hôpitaux de Paris (1981).
  • Institut Curie, Paris (1985).
  • Stagiaire de recherche dans le laboratoire de génétique moléculaire des eucaryotes dirigé par Pierre Chambon à Strasbourg (équipe de R. Breathnach) (1986).
  • Stagiaire de recherche chez G Gusella, Neurogenetics Laboratory, Boston (1988).
  • Doctorat en médecine, université Paris VI (1990).
  • Doctorat de biologie moléculaire des organismes eucaryotes, université Paris VII (1991).
  • Chercheur dans l’unité de recherche Inserm 434 « Génétique des tumeurs », dirigée par Gilles Thomas, Institut Curie, Paris (1988–1998).
  • Chargé de recherche de première classe (1991), directeur de recherche de deuxième classe (1994), de première classe (2002), de classe exceptionnelle (2010) à l’Inserm.
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 509 « Pathologie moléculaire des cancers » (1999–2006), puis de l’unité 830 « Génétique et biologie des cancers » à l’Institut Curie, Paris, depuis 2007.
  • Directeur délégué à la recherche biomédicale du centre de recherche de l’Institut Curie (2009).
  • Directeur du site de recherche intégrée en cancérologie (SIRIC) de l’Institut Curie.

Instances scientifiques et de gestion de la recherche

  • Membre du conseil scientifique de la section médicale de l’Institut Curie (1997–2005) et de l’Association pour la recherche sur les tumeurs cérébrales, depuis 1998.
  • Membre du comité scientifique « Tumeurs solides » de la Fondation de France (1998–2001).
  • Vice-président de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Génétique, développement et différenciation cellulaire : génétiques médicale, chromosomique et moléculaire – expression des gènes – prolifération cellulaire, cancérologie et onco-hématologie » (1999–2002).
  • Membre de la Ligue nationale contre le cancer (1999–2003).
  • Membre du centre Léon-Bérard (2001–2010), de l’Association for International Cancer Research (2002–2009) et de la Fondation pour la recherche médicale (2003–2004).
  • Membre du comité transfert de l’Institut Curie depuis 2004.
  • Membre du comité consultatif du réseau de médecine génétique appliquée du Fonds de la recherche en santé du Québec – FRSQ (2004–2009).
  • Membre du conseil scientifique de cancérologie pédiatrique de l’Institut national du cancer (Inca) depuis 2005.
  • Membre de la commission de cancérologie du Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) Belgique (2007–2009).
  • Président du conseil scientifique de la Fondation Jean-Dausset depuis 2007.
  • Membre du conseil scientifique du Cancer Genome Project au Welcome Trust Sanger Institute (2008), de l’alliance Servier/Institut Curie (2008).
  • Membre du groupe français Institut national du cancer – Inca/International Cancer Genome Consortium (2008).
  • Président de la commission « Physiologie, physiopathologie, tumorigenèse » Inserm ATIP-Avenir (2009).
  • Membre du conseil scientifique de l’Inca depuis 2010, de l’Institut Paoli-Calmettes depuis 2010.
  • Membre du comité scientifique « génomique humaine » de l’infrastructure France Génomique.
  • Membre du bureau éditorial des journaux Carcinogenesis Journal et British Journal of Cancer.

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de l’European Molecular Biology Organization – EMBO (2011).
  • Membre de l’Academia Europaea (2012).

Prix – Distinctions 

  • Prix Jacques-Sylvain-Bourdin du comité de l’Essonne de la Ligue nationale contre le cancer (1993).
  • Prix Eure de la Ligue nationale contre le cancer (1993).
  • Prix Rose-Lamarca d’investigation clinique de la Fondation pour la recherche médicale (1995).
  • Prix Olga-Sain du comité de Paris de la Ligue nationale contre le cancer (1995).
  • Prix Gaston-Rousseau de l’Académie des sciences – Institut de France (1996).
  • Lauréat de l’Académie nationale de médecine (2000).
  • Lauréat du grand prix scientifique Eurocancer (2007).
  • Lauréat du grand prix Charles-Oberling (2009).