Nicole Baumann

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Nicole Baumann a contribué efficacement au développement de la neurochimie clinique en France, aux interfaces cliniques et biologiques dans le domaine des maladies neuro-métaboliques d’origine génétique de l’adulte et des maladies auto-immunes du nerf périphérique.

Dans les années 1970, Nicole Baumann crée le premier laboratoire de neurochimie, dans le service du professeur Paul Castaigne, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Avec ses collaborateurs, elle a été l’une des premières à explorer des mutants neurologiques de la souris, conservés au laboratoire Jackson dans le Maine (Etats-Unis), en tant que modèles de maladies neurologiques. Elle s’est particulièrement intéressée aux mutants présentant un trouble du développement de la gaine de myéline (leucodystrophie), constituant si important pour la conduction normale de l’influx nerveux, qu’elle a caractérisé. 

Avec sa collaboratrice, Madeleine Gumpel, elles ont développé leurs recherches sur la biologie des cellules gliales, partenaires des neurones, et sur les mécanismes de réparation du système nerveux par les techniques de transplantations cellulaires. Ces travaux ont été à l’origine de techniques expérimentales de thérapie cellulaire dans les maladies dys- et démyélinisantes. 

Nicole Baumann et ses collaborateurs ont également attiré l’attention sur la révélation tardive, chez l’adolescent et l’adulte, de maladies génétiques, habituellement considérées comme des maladies de l’enfant, impliquant la dégradation ou le transport de sphingolipides (neurolipidoses, leucodystrophies). Ils ont mis sur pied un laboratoire d’investigations diagnostiques biochimiques pour ces maladies neuro-métaboliques de l’adulte et, ensuite, contribué à développer en ce champ une consultation pluridisciplinaire avec le service de génétique clinique de la Pitié-Salpêtrière. Ils ont, enfin, mis en place un centre de référence pour les maladies lysosomales à expression neurologique. 

Nicole Baumann a toujours eu pour objectif d’appliquer aux patients les recherches les plus fondamentales. Grâce à ses connaissances en neuropsychiatrie et en biologie, elle a pu établir de nombreux diagnostics de maladies neuro-métaboliques se présentant chez l’adulte sous forme de maladies neuro-dégénératives ou psychiatriques. 

Travaux clés de Nicole Baumann

  • 1966–1998 : introduction de modèles animaux de maladies neurologiques
  • 1983 : mise au point des premières techniques de transplantations cellulaires intracérébrales, avec réparation de la myéline dans des affections génétiques dysmyélinisantes (leucodystrophies) chez l’animal
  • 1970–2008 : développement de méthodologies dédiées à l’analyse biochimique et immunochimique des lipides (glyco-sphingolipides) du système nerveux. Caractérisation d’antigènes impliqués dans les neuropathies périphériques auto-immunes.
  • 1970–2007 : développement de techniques diagnostiques cliniques, biochimiques, immunochimiques et de spectrométrie de masse des neurolipidoses et leucodystrophies ; diagnostic des formes pré-symptomatiques ; mise en évidence de pseudo-déficiences enzymatiques ; caractérisation clinique et biologique des sujets hétérozygotes dans l’adréno-leucodystrophie (liée à l’X) ; identification de maladies neuro-métaboliques d’origine génétique chez l’adulte, se présentant comme des maladies neuro-dégénératives ou psychiatriques – étude physiopathologique – relation génotype phénotype.

Biographie

Nicole Baumann est née le 30 novembre 1932 à Strasbourg. Elle a mené ses études secondaires au lycée Molière à Paris et ses études supérieures aux facultés de médecine et des sciences de Paris. 

  • Interne des hôpitaux de Paris (1957–1961).
  • Certificats de chimie biologique (1958), chimie générale (1959), chimie organique (1960).
  • Docteur en médecine (1961).
  • Formation à la recherche dans le laboratoire de Jacques Monod à l’Institut Pasteur.
  • Visiting Fellow à l’université de Columbia à New York, Etats-Unis (1961–1962).
  • Research Fellow en bactériologie et immunologie à l’université de Harvard, Cambridge, États-Unis (1962–1963).
  • Guest worker aux National Institutes of Health, Bethesda, États-Unis (1965–1965).
  • Neuropsychiatre (1966).
  • Chargée de recherche (1966), maître de recherche (1972), directrice de recherche (1979), directrice de recherche émérite à l’Inserm (1998–2008).
  • Praticien attaché à l’Assistance publique, hôpital de la Pitié-salpêtrière (1966–2009).
  • Doctorat d’Etat ès sciences naturelles sur « Analyse et biosynthèse des plasmalogènes chez la Clostridie butyrique » (1969).
  • Directrice de l’unité de recherche Inserm 134 « Neurobiologie expérimentale et clinique » (1974–1985) puis « Neurobiologie cellulaire moléculaire et clinique » (1985–1998) à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. 
  • Responsable du premier diplôme d’université de biochimie normale et pathologique du système nerveux (1980–1985), intitulé ensuite diplôme d’étude et de recherches en biologie humaine « neurochimie expérimentale et clinique » (1986–1999) et co-responsable du groupe de formation doctorale du diplôme d’études approfondies en neurosciences (1986–1999).
  • Directrice de diplômes et de thèses (1986–2008).
  • Directrice de recherche émérite, unité mixte de recherche Inserm 711/UPMC « Interactions neurones/glie », dirigée par Bernard Zalc. 
  • Consultante en neurologie. 

Nicole Baumann est décédée le 13 septembre 2017 à Paris. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Conseiller scientifique en information dans le domaine de la recherche biomédicale à l’Inserm (1972–1973), conseiller scientifique chargée des relations avec la presse (1973–1975), conseiller scientifique en gérontologie (1975–1978).
  • Expert judiciaire auprès de la première chambre de la Cour d’Appel de Paris, pour « Médecine, spécialité biologie, sous-spécialité neurologie » (1977–1995).
  • Membre de la commission scientifique spécialisée de l’Inserm « Système musculaire squelettique, système nerveux central et organes des sens, psychiatrie et santé mentale : physiologie, physiopathologie, pharmacologie, toxicologie, environnement, chirurgie, radiologie, épidémiologie, santé publique, génie biologique et médical » (1979–1982).
  • Membre désignée par l’Inserm du comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé – CCNE (1980–1982 ; 1996–2004).
  • Membre de la commission scientifique du CNRS « Pathologie expérimentale » (1980–1984).
  • Membre du comité national universitaire, section neurologie (1988–1991).
  • Experte auprès de la commission de nomenclature des actes de biologie médicale pour le diagnostic des anomalies biochimiques héréditaires et rapporteur de cette commission auprès de la CNAMTS, pour l’auto-immunité (1988–1993).
  • Membre du comité d’attribution des bourses Lavoisier pour la recherche médicale auprès du ministère des Affaires étrangères (1989–2008).
  • Membre du comité d’interface Inserm/sociétés savantes de neurologie, neurosciences et neuropsychologie (1991–1999).
  • Membre du conseil scientifique de la faculté, UFR de la Pitié-Salpêtrière (1992–1997).
  • Présidente (1992–1993) puis vice présidente (1994–1998) du comité scientifique consultatif régional de l’Inserm Paris-Centre Créteil. 
  • Coordinatrice du programme neurosciences-cognisciences de la région Rhône-Alpes (1992–2000).
  • Membre représentant le CCNE auprès de l’Unesco (1997–1999).
  • Membre du centre de référence labellisé par le ministère de la Santé (maladies rares), pour la prise en charge des maladies lysosomales à expression neurologique (2006 ‑2008).
  • Membre du comité chargé de l’évaluation du protocole thérapeutique dans la maladie de Gaucher (enzymes recombinantes imiglucérase, érédase) (1992–2003).

Prix – Distinctions 

  • Lauréate de la faculté de médecine de Paris (1961).
  • Prix Jean-Dagnan-Bouveret de l’Académie des sciences – Institut de France (1972).
  • Prix BioMérieux de la Société française de biologie clinique. 
  • Carrier Award de l’European School for Immunology (1997).
  • Commandeur dans l’Ordre national du mérite (1997).
  • Chevalier de la Légion d’honneur (2009).

Sociétés savantes

  • Membre de la Société française de neurologie, de la Société française d’immunologie.
  • Membre de l’International Society for Neurochemistry, de l’American Neurological Association. 
  • Rédacteur en chef de Developmental Neuroscience (1983–1993) et membre de plusieurs comités de rédaction de journaux scientifiques internationaux.