Miroslav Radman

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Miroslav Radman est un pionnier de la biologie moléculaire, ayant réalisé des découvertes majeures sur les mécanismes de préservation de l’information génétique. Il a notamment découvert le système cellulaire SOS de réponse aux lésions de l’ADN, ainsi que le système de correction des erreurs de réplication génétiques (DNA mismatch repair). 

Au début des années 1970, Miroslav Radman explore une hypothèse originale selon laquelle les mutations de l’ADN sont liées à une réponse globale aux stress provoquant des lésions de l’ADN, et nomme ce phénomène la réponse SOS. Il montre que la genèse des mutations ne procède pas d’un mécanisme aléatoire et inéluctable, conséquence d’accidents chimiques imprévisibles, mais d’un processus cellulaire génétiquement contrôlé, issu de la nécessité de répliquer l’ADN lésé. Il postule l’existence de polymérases SOS inductibles par le stress cellulaire, capables de copier les nucléotides chimiquement altérés, rendant possible la survie cellulaire au prix de mutations susceptibles de permettre une évolution adaptative au sein des populations bactériennes. Cette hypothèse sera vérifiée en 1999, avec l’identification de ces polymérases. Plusieurs classes de ces enzymes sont maintenant connues chez les levures, les bactéries et les mammifères. 

A la suite de son séjour post-doctoral à Harvard, aux Etats-Unis, Miroslav Radman participe à la mise en évidence d’un second système majeur pour la fidélité génétique, le système de réparation des mésappariements de bases, qui corrige la plupart des erreurs de réplication de l’ADN. Cette découverte ouvre la voie à des applications importantes en santé humaine. En effet, de nombreuses équipes montrent que certaines prédispositions héréditaires aux cancers sont liées aux mutations de gènes du système de réparation des mésappariements de bases. 

En 1989, à l’Institut Jacques-Monod de l’université Paris-VII, Miroslav Radman et son équipe mettent en évidence le mécanisme moléculaire de la spéciation, le processus évolutif permettant à de nouvelles espèces d’émerger. Ils montrent que le système de réparation des mésappariements de bases empêche la recombinaison entre chromosomes (ou séquences chromosomiques) similaires et assure à la fois la stabilité des génomes portant les séquences répétées et l’établissement des barrières génétiques entre les espèces proches. Avec ses collaborateurs, Ivan Matic et François Taddei, il entreprend une vaste étude multidisciplinaire sur l’évolution adaptative des bactéries, leur acquisition de la pathogenèse et de la résistance aux antibiotiques. Ils montrent que les populations bactériennes modulent leur taux de mutations, soit en inactivant le système de correction des erreurs, soit en activant les gènes mutateurs via l’induction du système SOS. 

Ensuite, l’équipe de Miroslav Radman découvre comment Deinococcus radiodurans, une bactérie extraordinairement résistante aux agents physiques et chimiques, est capable de ressusciter en quelques heures par la réparation et la reconstitution de son ADN et de survivre ainsi à des conditions extrêmes. Les recherches menées en ce champ ouvrent la voie à l’étude des mécanismes de radiorésistance d’autres cellules, notamment les cellules cancéreuses résistantes à la radiothérapie. 

À partir de 2009, Miroslav Radman sera responsable de l’équipe « Biologie de la robustesse », au sein de l’unité 1001 de l’Inserm « Génétique moléculaire évolutive et médicale » à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris. Il est également le fondateur et le directeur de l’Institut méditerranéen des sciences de la vie à Split, un institut international et interdisciplinaire, en Croatie. 

Biographie

Miroslav Radman est né à Split en Croatie, le 30 avril 1944. Il a mené ses études secondaires au lycée de V Nazor à Split, et ses études supérieures à la faculté des sciences de Zagreb en Yougoslavie et à l’université libre de Bruxelles en Belgique. 

  • Licence de biologie expérimentale et chimie physique, faculté des sciences de l’université de Zagreb (1966).
  • Troisième cycle en biologie expérimentale, Institut Ruder-Boskovic de Zagreb (1965–1967).
  • Chercheur doctorant chez les professeurs Errera et Thomas, département de biologie moléculaire, université libre de Bruxelles (1967–1969).
  • Docteur ès sciences, université libre de Bruxelles (1969).
  • Chercheur post-doctorant chez le professeur R Devoret, CNRS, Gif-sur-Yvette (1969–1970). Chercheur post-doctorant chez le professeur M Meselson, dans le département de biochimie et de biologie moléculaire, université de Harvard à Cambridge, États-Unis (1970–1973).
  • Professeur associé de génétique moléculaire dans le département de biologie moléculaire, université libre de Bruxelles (1972).
  • Directeur du laboratoire d’enzymologie de l’ADN, université libre de Bruxelles (1973–1983).
  • Professeur associé de première classe à l’université Paris XI (1981–1983).
  • Directeur de recherche de deuxième classe (1983), puis de première classe (1990) au CNRS.
  • Visiting Professor au National Institute of Environmental Health, National Institutes of Health, États-Unis (1988–1990).
  • Professeur de biologie cellulaire, faculté de médecine Necker-Enfants malades, université Paris V (1998).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 571 « Génétique moléculaire, évolutive et médicale », hôpital Necker-Enfants malades, Paris (1999–2009).
  • Fondateur et directeur de l’Institut méditerranéen des sciences de la vie, à Split en Croatie (2005).
  • Professeur de biologie cellulaire de classe exceptionnelle, université Paris V (2008).
  • Responsable de l’équipe « Biologie de la robustesse », au sein de l’unité 1001 de l’Inserm « Génétique moléculaire évolutive et médicale », dirigée par Yvan Matic, qui lui a succédé, à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris depuis 2010. 

Instances scientifiques

  • Membre du conseil scientifique de l’Inserm (2003–2006).
  • Special Science Adviser to the Prime Minister of Croatia (2004).

Sociétés savantes – Académies 

  • Membre du Mouvement Pugwash (1966), de l’European Molecular Biology Organization – EMBO (1978), de l’Académie croate des sciences et des arts (1992), de la New-York Academy of Sciences (1993), de l’Académia Europaea (1998), de la World Academy of Arts and Science (2003).
  • Membre de l’Académie des sciences – Institut de France (2002).

Prix – Distinctions

  • Grand Prix Antoine-Lacassagne de la Ligue nationale française contre le cancer, pour la découverte du système mutagène SOS chez les bactéries (1979).
  • Médaille de la faculté de médecine de l’université de Tokyo (1986), Eurêka d’or de l’innovation, FR3 et Anvar (1990), Honorary Lecturer de la fédération européenne des sociétés de biochimie – FEBS (1991).
  • Grand prix Charles-Léopold-Meyer de l’Académie des sciences – Institut de France, pour sa découverte du Mismatch Repair, système de correction des erreurs génétiques (1992).
  • Médaille d’honneur de la Société pour l’encouragement aux progrès (1992).
  • Médaille Spiridion Brusina, à l’occasion du 100e anniversaire de la Société croate des naturalistes (1998).
  • Grand prix Léopold-Griffuel de l’Association pour la recherche contre le cancer (ARC), pour ses contributions à la recherche des mécanismes de réparation de l’ADN (1998).
  • Grand prix Richard Lounsbery de l’Académie des sciences – Institut de France et de la National Academy of Sciences (États-Unis), pour les « contributions conceptuelles et expérimentales dans la compréhension des mécanismes de la réparation de l’ADN, mutagenèse, cancer et évolution moléculaire » (2000).
  • Prix Science Award de la US Environmental Mutagen Society, pour « les contributions fondamentales à la compréhension des conséquences profondes de la mutation et la recombinaison dans les réponses globales génomiques, réparation de l’ADN, cancer et évolution » (2000).
  • Conférencier honorifique Katzir Katchalsky, Institut Weizmann, Israël (2000).
  • Professeur honorifique de la faculté de médecine, université de Zagreb, Yougoslavie (2002).
  • Grand prix Inserm de la recherche biomédicale (2003).
  • Grand prix Leonardo (2004), pour la créativité dans la recherche scientifique.
  • Médaille Linus Pauling de la Ligue internationale des humanistes (2005).
  • Prix national de la recherche du gouvernement de la Croatie (2007).
  • Highest State Level Decoration par le président de la Croatie (2009).
  • Prix André-Lwoff de la Federation of European Microbiological Societies (2011).
  • Chevalier de la Légion d’honneur (2012).