Michel Jouvet

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Michel Jouvet a consacré ses recherches à l’étude des structures et des mécanismes du cycle éveil – sommeil – rêve (ou sommeil paradoxal). Il est considéré comme l’un des pionniers de l’hypnologie. 

Ce neurobiologiste est à l’origine de la découverte du sommeil paradoxal. Cet état, caractérisé par une atonie musculaire totale et des ondes cérébrales (activité PGO) proches de celles de l’éveil, est, selon lui, le support biologique du rêve. Il s’agirait d’un troisième état du cerveau, aussi différent du sommeil que celui-ci l’est de l’éveil.

En 1959, Michel Jouvet décrit les signes électroencéphalographiques de la mort cérébrale. La même année, il découvre le sommeil paradoxal chez le chat et démontre que cet état dépend du tronc cérébral inférieur. 

En 1961, il établit la classification du sommeil en ses différents stades : télencéphalique (sommeil lent, en raison des ondes lentes qui l’accompagnent sur les tracés d’électroencéphalographie) et rhombencéphalique (sommeil paradoxal, durant lequel sont enregistrés des mouvements oculaires rapides, d’où son nom en anglais de REM-sleep, REM pour rapid eye movements).

Il découvre ensuite l’évolution ontogénétique du sommeil paradoxal, en démontrant l’existence du sommeil paradoxal chez des animaux nouveau-nés et chez des fœtus in utero. Il décrit certaines caractéristiques de l’évolution phylogénétique de ce type de sommeil, en particulier la présence de cet état chez tous les mammifères et les oiseaux et l’absence du sommeil paradoxal chez les reptiles et les poissons. 

Par l’étude pharmacologique de sommeil paradoxal, il démontre la possibilité de supprimer sélectivement celui-ci, sans pour autant supprimer le sommeil. L’électrophysiologie lui permet, en outre, de mettre en évidence l’organisation des différents systèmes entrant en jeu au cours du sommeil paradoxal. 

S’en suivront la découverte des comportements oniriques survenant au cours du sommeil paradoxal chez le chat et la détermination du système ponto-géniculo-occipital (PGO) et de ses voies ascendantes. 

Michel Jouvet établit alors la théorie sérotoninergique du sommeil. Cette théorie a connu une évolution récente, la sérotonine n’étant plus considérée comme le neurotransmetteur hypogène, mais comme une neuro-hormone entraînant la synthèse d’un facteur responsable du sommeil. 

Il est à l’origine de la découverte de la mort cérébrale chez l’homme.

Parallèlement à l’approche expérimentale chez l’animal, Michel Jouvet développe des recherches cliniques. Il découvre, en particulier, les propriétés “éveillantes” d’une molécule (le modafinil), qui reste aujourd’hui la plus efficace pour traiter l’hypersomnie et la narcolepsie, deux pathologies du sommeil très invalidantes. 

Enfin, Michel Jouvet a mené des recherches la mort subite du nourrisson, qui ont permis de déceler un nombre non négligeable de narcolepsies chez des enfants de six à huit ans. 

Biographie

Michel Jouvet est né le 16 novembre 1925 à Lons-le-Saunier (Jura). Il a mené ses études secondaires au lycée Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier (Jura) et supérieures à la faculté de médecine de Lyon. 

  • Interne des hôpitaux de Lyon (1951).
  • Séjour au Veteran’s Hospital de Long Beach, Californie (1954–1955).
  • Docteur en médecine (1956).
  • Chargé de recherche au CNRS dans le laboratoire de physiologie de l’hôpital neurologique de Lyon (1958).
  • Professeur agrégé de médecine expérimentale et biologiste des hôpitaux (1961).
  • Chef du service de neurologie à l’hôpital neurologique de Lyon (1962).
  • Professeur de médecine expérimentale à la faculté de médecine, université Claude-Bernard de Lyon, et chef du département de neurophysiologie fonctionnelle (1968).
  • Directeur de l’unité de recherche Inserm 52 “Neurophysiologie expérimentale et clinique” (1964–1974), intitulée ensuite “Onirologie moléculaire” à l’université Claude-Bernard à Lyon (1975–1998).
  • Directeur de l’unité de recherche associée 1195 du CNRS (1971).
  • Professeur honoraire de médecine expérimentale à l’université de Lyon depuis 1977.
  • Professeur émérite à l’université Claude-Bernard à Lyon. 

Michel Jouvet est décédé à Villeurbane (Rhône) le 3 octobre 2017. 

Instances scientifiques et d’administration de la recherche

  • Membre de la commission scientifique spécialisée CSS de l’Inserm “Neurologie, neurophysiologie, psychologie et psychiatrie” (1968, 1969–1974) et de la CSS “Système musculaire squelettique, système nerveux central et organes des sens, psychiatrie et santé mentale” (1979–1982).
  • Membre de la commission de physiologie et membre du conseil d’administration du CNRS. 

Sociétés savantes – Académies

  • Membre de la Société de neurologie, de la Société d’électroencéphalographie.
  • Membre de la Sleep Research Society. 
  • Membre honoraire de l’American Physiological Society. 
  • Membre de l’Académie des sciences – Institut de France (1977).
  • Membre de l’Académie des arts, des sciences et belles lettres de Lyon. 
  • Membre de l’Academia Europaea, membre étranger de l’Académie royale de médecine de Belgique. 
  • Membre de comités de lecture de nombreuses revues scientifiques de haute tenue (Brain Research, Biochemical Pharmacology, International Journal of Neuroscience, etc.)

Distinctions – Prix

  • Prix Laborde de la Société de biologie (1961), prix Petit d’Ormoy de l’Académie des sciences, Institut de France (1966), prix Bing de l’Académie des sciences médicales de Suisse (1966).
  • Intra Science Award, Los Angeles (1981).
  • Prix de la Fondation pour la recherche médicale (1983), médaille d’or Morgani, université de Padoue (1988).
  • Médaille d’or du CNRS (1989).
  • Distinguished Scientist Award of The Sleep Research Society, Etats-Unis (1989).
  • Prix mondial Simone et Cino del Duca (1991), prix recherche et médecine de l’Institut des sciences de la santé (1991), Prix Blaise-Pascal (1991).
  • Prix Maurice-Pérouse de la Fondation de France (1993).
  • Prix international Fyssen (1997)
  • Prix Farell Sleep medicine, Harvard Medical School, Etats-Unis (2003).
  • Docteur honoris causa des universités de Zurich, Suisse (1986), d’Haifa, lsraël (1991), de Liège, Belgique (1992) et de Montréal, Canada (1993).
  • Officier de la Légion d’honneur, commandeur dans l’Ordre national du mérite, commandeur des Palmes académiques, officier dans l’Ordre du mérite du Niger.
  • Croix du combattant volontaire 1939–1945.